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Days
James Lovegrove
Bragelonne, 338 pages, trad de Nenad Savic, 20 €


Vous connaissiez les marchés, les supermarchés et les hypermarchés, bienvenue au temps des gigastores ! Et le plus ancien des gigastores, Days se trouve en Angleterre. Mais que trouve-t-on dans un gigastore ? Mais absolument tous les fantasmes mercantilistes des heureux possesseurs de la carte Days (carte qui change de couleur et de type selon les garanties financières de chaque personne). Et posséder une carte Days est un signe de réussite sociale évidente que tous aspirent à atteindre.
Bien sur on peut se brûler à ce petit jeu et nombreux sont ceux qui ont épuisé leur crédit financier entraînés par la fièvre dépensière savamment huilée par les promotions et autres ventes flash du magasin. Les exclus campent en bordure de l’entrée et partagent avec le badaud les seuls accès du magasin autorisés par les vigiles musclés : les vitrines.
Mais les vitrines sont faites pour susciter des envies ou provoquer des regrets c’est selon, alors Linda et Gordon Trivett se sont privés pendant des années pour obtenir une carte Days, pas la plus prestigieuse, mais une silver tout de même. Et aujourd’hui ils vont pouvoir pénétrer dans ce magasin extraordinaire...A leurs risques et périls !
Pendant ce temps, Franck employé depuis trente trois ans par le magasin dans le service de surveillance (sécurité tactique) a décidé de démissionner. Son travail consiste à se fondre dans la foule, à y devenir un véritable fantôme pour y déceler les voleurs potentiels. Il y excelle, il est même l’un des meilleurs dans ce genre d’exercices, mais n’est-il pas véritablement devenu si transparent que nul ne le remarque plus ?
Days est dirigé (gouverné) par les sept fils du fondateur. Un pour chaque jour de la semaine. Et toute la symbolique du magasin est orientée par le chiffre sept, chiffre parfait par excellence, qui rythme les traditions instituées par le fondateur décédé mais dont la présence écrase toujours ses héritiers.

Que dire de cet ouvrage d’un auteur anglais : qu’il n’est pas extrait de la veine habituellement creusée par Bragelonne puisqu’il s’agit de SF et qu’il détonne dans le bon sens.
Que l’ouvrage est peut-être parfois un peu stéréotypé. Que le symbolisme récurrent entre le bien et le mal, le blanc et le noir, les symboles chiffrés un peu simplistes finit par agacer. Au lieu de le renforcer, il ne vient qu’affaiblir le coté moraliste de l’ouvrage. On est alors assez éloigné des finesses de Ballard sur ces futurs humains « enchanteurs » qui nous attendent,(bien moins néanmoins qu’un ouvrage récent d’un auteur français, pourtant reconnu par ses pairs et « globalement » moins intéressant).
Mais il reste une idée de base riche et féconde que nous aimerions bien trouver dans les ouvrages d’auteurs français, un découpage rythmé par une journée type du magasin, oscillant entre des moments d’hystérie collectives (ah ! les ventes flash), des moments de nonchalance et un réel talent pour le choix de ses personnages.


24 février 2005


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