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Solomon Kane
film américain de Michael J. Bassett (2008)
23 décembre 2009


genre : fantasy-fantastique
durée : 1h44

Avec James Purefoy (Solomon Kane), Max von Sydow (Josiah Kane), Pete Postlethwaite (William Crowthorn), Rachel Hurd-Wood (Meredith Crowthorn), Alice Krige (Katherine Crowthorn), Mackenzie Crook (Père Michael), Samuel Roukin (Marcus Kane), Ben Steel (Fletcher), Matthew Blood-Smyth (Merton), ...

Surfant sur la vague d’adaptation d’héroïc-fantasy initié par le succès du « Seigneur des anneaux », est apparu sur les écrans « Solomon Kane », d’après Robert E. Howard, l’auteur de « Conan » (entre autres). Bragelonne a réédité l’an dernier les textes d’Howard concernant ce héros. Ne l’ayant pas lu, j’allais voir le film sans a priori. Sans trop d’illusions non plus.

Le scénario est sommaire. Nous sommes à la fin du XVIe siècle. Solomon Kane, banni enfant des terres de son père, meurtrier par accident de sa brute de frère aîné, est devenu un pirate sans pitié. Lors d’un énième pillage d’une ville d’Afrique du Nord (les païens), le capitaine Kane croise la route du
Faucheur, qui lui annonce que le diable réclame son âme. Kane lui échappe et se réfugie dans un monastère où il passe un an à l’abri du démon. Mais le Père supérieur finit par le flanquer dehors, sous prétexte d’un rêve de Dieu : Kane a une tâche à accomplir au-dehors.
Partant sur les routes tel un pèlerin, tendant l’autre joue plutôt que reprendre la voie de la violence, Kane découvre que l’Angleterre est la proie de bandits possédés par un étrange mal.
Recueilli par une famille de puritains, Solomon réalise que le pays est miné par la sorcellerie. Leur petit groupe est attaqué, les hommes tués, la fille aînée, Meredith, enlevée. Pour respecter les dernières paroles du père mourant, Solomon reprend les armes et traque les kidnappeurs. Il découvre que les bandits sont dirigés, voire envoutés, par un sorcier, Malaky, et son âme damnée, un guerrier au masque de cuir pâle. Contre eux, une résistance s’organise, et après un moment de faiblesse, Kane en prend la tête, pour mener l’assaut contre le château de Malaky, qui s’avère être celui de son père.
Il y affrontera le guerrier masqué (ô surprise, un fantôme de son passé) et le sorcier, allié au diable, qui vient récupérer l’âme de Kane. Néanmoins, sa quête pour sauver Meredith a racheté ses fautes, et tout est bien qui finit bien, Kane reprend du service les armes à la main mais cette fois pour servir le Bien et purger la contrée du Mal, tadadam, sur fond de soleil couchant.

Rien de bien transcendant donc, mais « Solomon Kane » n’est pas un mauvais film, et même un divertissement plus que correct.

Les effets spéciaux sont bons (les miroirs de la scène d’introduction, ainsi que le Faucheur, sont très réussis), le déroulement de l’intrigue sans incohérences, les flash-backs rares donc supportables.
Certaines scènes, notamment l’église en ruines et son prêtre fou (incarné par Mackenzie Crook, le pirate à l’œil de verre de « Pirates des Caraïbes »), prennent aux tripes par la noirceur de leur discours.
J’ai craint un moment que la pluie et la gadoue, quasi omniprésentes dès que ça se bat, ne soient de trop, mais on s’y fait.

Cela pêche plus du côté des acteurs. Dans le rôle de Kane, James Purefoy fait tantôt rockeur gothique (au début), tantôt grand échalas un peu niais (surtout avec son chapeau de puritain). Un plan sur deux, la caméra tente de le faire passer pour Viggo Mortensen (look “Aragorn”, cheveux longs mouillés et barbe de trois jours), ou Hugh Jackman (avec le mélange chapeau à larges bords et chevelure qui dépasse, copie conforme de « Van Helsing »). Il peine à incarner un héros digne de ce nom sans emprunter à ses prédécesseurs, et la copie manque de charisme. Même avec une étiquette de “méchant”, le dress-code habituel, grande cape noire et compagnie, nuit à son identification propre. Il n’est qu’un ersatz, et James Purefoy apparaît à la limite de l’erreur de casting, à trop ressembler aux modèles sans en avoir les épaules.

Les seconds rôles s’en sortent mieux, mais leur temps à l’écran est compté. Max von Sydow, par exemple, ne force pas son talent et cela suffit. Pete Postlethwaite, en père de famille puritain, est impeccable, car il n’en fait pas trop et ne pose pas, au contraire du héros. Rachel Hurd-Wood (découverte dans « Peter Pan » et magnifique dans « Le Parfum, histoire d’un meurtrier »), dans le rôle de Meredith, est sous-exploitée, autant du point de vue de son jeu (elle est la jeune fille innocente à sauver, point barre, je crie au secours, je pleure, je dis merci) que physique (ce n’est pas avec sa coiffure et sa tenue dans ce film qu’elle fera de l’ombre à Scarlett Johansson, alors qu’il y a de quoi, voir le film précédemment cité.)

Du côté du fond, on retiendra l’originalité d’une époque charnière en Angleterre, et la pointe de fantasy qui s’y glisse. Les gens fuient le pays pour l’Amérique, et on ressent bien, dans les mots comme dans les paysages, que le Vieux Monde est sur le déclin (le contraste entre les collines vertes de l’enfance de Kane et la lande beige pluvieuse du présent est saisissante).
On ne parle pas de religion anglicane, mais le style vestimentaire, noir et très sobre, est celui des protestants européens (luthériens et calvinistes) et des puritains américains. Cependant, à la foi en le Christ s’oppose la magie, mi-païenne mi-diabolique, avec l’idée d’un au-delà caché derrière le tain des miroirs, instrument d’invocation par excellence. On est loin de la magie à coups de boules de feu, et c’est tant mieux, le côté intangible des actes des sorciers ajoute à la peur qu’ils inspirent.
Des passages comme la crucifixion de Kane, en plus de montrer sans nuance la similitude de sa quête rédemptrice avec le martyre du Christ, achève d’assimiler les hordes maléfiques aux Romains encore polythéistes.
Bref, si on gratte un peu, on trouve des choses intéressantes, qui donneront envie de découvrir l’histoire originale.

En conclusion, on n’oubliera pas que Robert E. Howard est décédé il y a trois quarts de siècle, et qu’il est une source de la fantasy antérieure à Tolkien. Mort jeune, on lui pardonnera le manichéisme de son histoire, son héros étant le champion du Bien contre le Mal. Le film a choisi de présenter la genèse de Kane, chose dont l’auteur s’était abstenu. Aussi, considérons « Solomon Kane » comme une œuvre originale inspirée de l’œuvre de R.E. Howard, personne ne se retournera dans sa tombe, et chaque spectateur amateur de fantasy passera un bon moment, même s’il ne sera pas inoubliable.


FICHE TECHNIQUE

Réalisation et scénario : Michael J. Bassett
D’après l’œuvre de Robert E. Howard

Producteur : Paul Berrow, Samuel Hadida, Kevan Van Thompson

Directeur de la photographie : Dan Laustsen
Montage : Andrew MacRitchie
Décors : Ricky Eyres, Lee Gordon
Costumes : John Bloomfield
Ingénieur du son : Tomas Belohradsky

Production : Davis-Films, International Production Company, Wandering Star Pictures
Distribution : Metropolitan FilmExport


INTERNET

Le site officiel : http://www.solomonkane.fr/

LIEN YOZONE

=> La critique du livre, réédition intégrale, chez Bragelonne



Nicolas Soffray
23 décembre 2009



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