Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Marteau de Thor (le)
Patrick Weber
Gulf Stream, Courants Noirs, roman, aventure, 303 pages, septembre 2009, 13,50€

Scandinavie, IXe siècle. Le drakkar de Bjorn, le chef du village, rentre au fjord. Mais des trente guerriers partis piller l’Irlande, n’en reste que cinq, morts, et le pilote qui rend l’âme à peine le navire au port. Du chef, nulle trace. Mais Kern, son fils, n’est pas triste en découvrant tout cela, car dans la nuit, quelqu’un a déposé sur son lit le pendentif de son père, un petit marteau du dieu Thor. L’adolescent est donc persuadé que son père est vivant, et qu’il s’agit d’un subterfuge pour démasquer un traître.
Et pour Kern, il n’y a qu’un seul suspect : Egill, qui s’est proclamé régent en attendant sa majorité, et qui n’a pas tardé à l’expulser de chez lui et à faire bannir sa mère. Tandis que son univers s’écroule, le jeune garçon mène son enquête sur les étranges meurtres qui surviennent autour du village.



Le roman de Patrick Weber est ma foi fort sympathique. On y retrouve tous les grands moments d’une histoire sur les Vikings, avec en sus un souci du détail (les navires du Nord sont appelés langskips plutôt que drakkars) appréciable mais pas du tout assommant.

La trame est assez simple : c’est un roman d’apprentissage. Kern, destiné à devenir chef du village, va devoir grandir seul, privé de son père déclaré mort et de sa mère exilée par le méchant régent. Apprentissage d’autant plus dur que le régent est son tuteur, et que celui-ci se garde bien de le traiter comme son propre fils. Il en a déjà deux, l’aîné, une brute, qu’il destine à lui succéder (car le régent, rapidement, se verrait bien roi), et un cadet presque plus fourbe que son père.
Kern est rapidement relégué dans la porcherie, et encore plus vite la porte en est verrouillée. On n’est pas dans « Cendrillon », mais presque. Cerise sur le gâteau, le régent a aussi une fille, Ulla, fort charmante, que Kern ne laisse pas indifférente, et vice-versa.

Ici, vous vous dites que tout cela est finalement cousu de fil blanc. Eh non ! Car Patrick Weber applique une fine connaissance de la psychologie adolescente, et on sort des clichés aussi vite qu’on croyait y être entré.
Si Kern et Ulla mettent quelques temps à se rapprocher, leur rupture a la violence des sentiments adolescents, avec ce refus de dire à l’autre qu’on l’aime et qu’on le déteste à la fois.
Idem pour les archétypes des deux frères, la brute niaise (pour qui hélas il n’y a rien à faire, sauf gratter la surface pour découvrir un fils prêt à tout pour rendre son père fier de lui) et le cadet rusé : ce dernier propose son aide à Kern, tant pour l’avoir à l’œil que pour découvrir lui aussi qui est le coupable des crimes commis autour du village. Au point qu’on sentirait presque chez lui un besoin de nouer une amitié quasi sincère.
Avec des personnages très classiques, Patrick Weber ficèle donc des situations qui sonnent juste. Et rien que cela est agréable dans une publication jeunesse.

L’enquête, qui est la colonne vertébrale du récit, pêche un peu. Si tout au long de l’histoire, on s’implique passionnément dans les aventures de Kern, on hausse de plus en plus le sourcil devant les évènements tragiques qui surviennent. Ils sont de deux natures : les meurtres de certains villageois, qui avaient déclaré savoir ce qu’il était advenu de Bjorn, et des signes néfastes à l’encontre du régent.
Certains chapitres mettant en scène un inconnu évoluant de nuit à la recherche d’indices lèvent rapidement le voile sur ce que Kern suspectait dès le début : son père est en vie et cherche à dénoncer le traître qui a coûté la vie à son équipage.
Néanmoins, entre les incursions nocturnes de celui qu’on soupçonne être Bjorn et l’enquête de Kern (et d’un ancien du village, Erik), le lecteur même féru de polar aura bien du mal à démêler l’écheveau, et finalement se contentera de suivre le fil des pages. Pages qui défilent, car malgré ce petit détail, le récit très bien écrit est captivant et se dévore en quelques heures.
On ne regrettera donc pas les révélations finales qui éclaireront les tenants et aboutissants de cette affaire, même si l’épilogue est un peu rapide (à mon goût d’adulte).

Comme toujours chez Gulf Stream, des annexes permettent d’en apprendre plus sur la vie chez les Vikings, les dieux, l’écriture et autres éléments utilisés dans le récit. Le tout est succinct et fort bien fait.
Fort peu de coquilles à signaler.

Texte - 744 octets
Le Marteau de Thor - corrections


« Le Marteau de Thor » est donc un autre succès jeunesse à mettre au crédit de l’éditeur et de sa collection Courants Noirs.


Titre : Le Marteau de Thor
Auteur : Patrick Weber
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Gulf Stream
Collection : Courants Noirs
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 303
Dépôt légal : septembre 2009
Format : 14,2 x 22 x 2,8
ISBN : 978-2-35488-047-7
Prix : 13,50 €


Les autres titres de la collection Courants Noirs sur la Yozone :
Zoo criminel
Le Shôgun de l’ombre
L’Empire Invisible
Attaques Noctures
Rouges Ténèbres


Nicolas Soffray
13 janvier 2010


JPEG - 14.7 ko



Chargement...
WebAnalytics