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Îles Glorieuses (Les) – T1 : Clairvoyante
Glenda Larke
Pygmalion, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Australie), fantasy, 348 pages, octobre 2009, 19,90€

Les affaires de Braise Sangmêlé l’amènent à la Pointe-de-Gorth, le repaire des exclus, des marchands d’esclaves, des trafiquants, bref de tous les indésirables sur les autres îles.
Elle suit la trace de la castenelle de Cirkase, qui s’est enfuie pour échapper à un mariage arrangé avec le tyran de Breth.
Pour mener sa mission à bien, Braise dispose de quelques atouts : sa taille bien plus grande que la normale, une très longue épée qu’elle sait parfaitement manier et surtout son don de clairvoyance. Elle est capable de voir la magie à l’œuvre sans que celle-ci ne puisse l’affecter.
Elle se rend vite compte que de la magie carmine flotte dans l’air. Par opposition à la magie sylve, elle est tournée vers le mal. Les sorciers qui la détiennent sont chassés et tués.
Son enquête s’annonce pleine de surprises et bien plus compliquée que prévu.



Glenda Larke est née en Australie. Après avoir vécu un peu partout dans le monde, elle s’est établie en Malaisie.
Pygmalion réédite ici le premier tome de la trilogie Les Îles Glorieuses, initialement publié sans suite chez J’ai Lu Fantasy Grand Format. Le même mois, elle a sorti le second opus inédit, « Guérisseur », et en février 2010 devrait paraître le troisième, « Corrompue ». Une seconde chance est donc donnée à ce cycle, l’occasion pour les lecteurs de la première heure de savoir comment se poursuivent les aventures de Braise et pour les autres de découvrir Les Îles Glorieuses.

Braise est une aventurière qui ne passe pas inaperçue du fait de sa grande taille et de ses talents. Au service des Vigiles, elle essaie de gagner sa citoyenneté en leur rendant service. Née de parents originaires d’îles différentes, ce qui est totalement proscrit, son statut de métis lui refuse une quelconque légitimité. Tous les gens comme elle sont rejetés, exclus de la société et réduits à se cacher.

Cette intransigeance sévissant dans les îles glorieuses constitue un des points forts du récit. Braise travaille pour ceux qui en sont les garants, les Vigiles, dont la plupart dispose de la magie sylve qui n’est pas censée être mauvaise, mais peut modifier les traits, tromper autrui… Au fil des pages, elle en apprendra plus sur leur compte et les verra d’un œil plus critique. Alors qu’on la traite de sang-mêlé et lui refuse pratiquement le droit d’exister, ces moralisateurs encouragent dans l’ombre une union inter-insulaire qui les arrange. Ils acceptent juste Braise car son don de clairvoyance leur est très utile pour identifier leurs ennemis carministes. Leur relation se base sur l’intérêt et c’est avec plaisir que l’on verra Braise se détacher toujours plus de leur influence. Sous des dehors rudes, elle s’avère bien plus tolérante et humaine qu’eux.

La création de Glenda Larke (les îles et leurs échanges) offre de belles possibilités. Elle les exploite à travers une intrigue bien trouvée et des personnages d’origines diverses, mais qui apprennent à se connaître et à se respecter. Flamme est une sylve d’une grande beauté, qui converse avec des oiseaux victimes d’une malédiction. Lors d’une rébellion, Tor Ryder a déjà croisé la route de Braise qui l’a alors pourchassé mais sans succès. Une ghempf, une représentante de la race des tatoueurs de citoyenneté, devient même l’amie de Braise, alors que cette dernière les haïssait pour leur incorruptibilité.

Au début, Glenda Larke agace par un petit côté fleur bleue. Braise ressemble à l’occasion à une collégienne s’amourachant au moindre regard d’un homme un tant soit peu séduisant. Pourtant la Pointe se situe aux antipodes d’une cour de récréation. L’auteure le sait bien, elle nous le prouve par des passages assez durs. Heureusement que ce travers ne dure pas.

L’histoire est riche en rebondissements, elle n’épargne personne. Flamme, Tor et Braise sont soumis à de rudes épreuves. L’ennemi est puissant et mauvais en diable. La fin donne le ton et l’orientation de la suite.

Le roman est construit d’après le point de vue de Braise qui raconte son passé à un chercheur du peuple des explorateurs ayant sorti les îles de leur autarcie. On peut s’interroger sur le bien-fondé de cet artifice, car de fréquentes lettres à son supérieur hiérarchique coupent le récit. Comme les paroles de Braise sont fréquemment mises en doute, cela donne un contrepoint et, en même temps, on en apprend plus sur le futur de la société insulaire. C’est ainsi que le choix de Braise comme narrateur n’est pas gratuit. Si elle a participé aux changements, elle en a aussi connu les principaux vecteurs. Une fois que l’on s’y est adapté, le procédé passe bien et donne parfois même un interlude agréable aux trépidantes aventures de Braise.

Avec « Clairvoyante », Glenda Larke a écrit un roman plutôt dur, entrecoupé de moments de tendresse. Braise s’avère une héroïne soufflant le chaud et le froid, elle ne laisse personne indifférent. Le décor dans lequel elle se débat est fouillé et offre un fort potentiel. Forcément, le lecteur s’attache et désire en savoir plus, d’autant que le duo Braise – Flamme est prometteur.
Comme « Guérisseur » est sorti simultanément, même pas besoin d’attendre…


Titre : Clairvoyante (The Aware, 2003)
Série : Les Îles Gorieuses (The Isles of Glory), tome 1
Auteur : Glenda Larke
Traduction de l’anglais (Autralie) : Mélanie Fazi
Première édition française : J’ai Lu Fantasy Grands Formats en 2008
Couverture : Alain Brion
Éditeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Directeur de collection : Thibaud Eliroff
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 348
Format (en cm) : 24 x 15,2
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-7564-0233-8
Prix : 19,90 €



François Schnebelen
30 décembre 2009


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Illustration d’Alain Brion



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