Adrian Hyland enseigne à l’université de Melbourne. Il a travaillé dix ans avec les Aborigènes d’Australie centrale et connaît donc le sujet au centre de « Le Dernier Rêve de la Colombe Diamant », pour lequel il a remporté le Ned Kelly Award 2007 du meilleur premier roman.
Dès le départ, il nous faut oublier tous nos repères. Si le bush évoque bien quelque chose en notre for intérieur, l’image que l’on s’en fait est sûrement loin de la réalité.
L’Australie est un pays qui fait rêver, mais y vivre peut changer ce sentiment, surtout si l’on habite dans les vastes étendues quasi désertiques du bush, le milieu naturel des aborigènes, obligés de lutter contre les conditions d’existence aussi bien que contre leur exploitation.
À travers le personnage d’Emily, Adrian Hyland nous plonge dans cette vie rude. Il nous emmène en voyage très loin, aussi bien géographiquement que culturellement.
Aux yeux des aborigènes, Emily est une blanche, alors qu’à ceux des blancs, c’est plutôt une noire. De par ses origines, elle navigue entre les deux communautés qui évitent de se mélanger. Tempest, son nom, lui va comme un gant, car elle souffle la tempête. La curiosité l’emporte sur la plus élémentaire des prudences. Dès son retour, les évènements s’enchaînent et elle s’improvise détective pour faire toute la lumière sur cette sombre affaire de meurtre. À qui profite-t-il vraiment ? Le sorcier fou est-il coupable ? Trop évident, mais elle le sait capable des pires horreurs.
Le décès de Lincoln signe la fin de Moonlight Downs et la voilà obligée d’aller dans la proche ville de Bluebush. Tensions raciales, bagarres, vols… tout un programme !
Adrian Hyland a du style, un sens indéniable de la formule et des descriptions particulièrement imagées.
Quelle élégance quand Emily nous décrit Bluebush : “La ville frôlait les cinquante millions d’habitants : un millier de noirs, un millier de blancs, et pour le reste des cafards”.
Chaque portrait constitue une découverte quant aux mots employés. La rudesse du milieu façonne les traits et la comparaison au vieux cuir des bottes, aussi étonnante soit-elle, tombe presque sous le sens dans un tel environnement. À chaque fois, l’auteur fait preuve d’une belle imagination.
Que ce soit à propos des gens ou du paysage, Adrian Hyland ne néglige pas les détails. Notre culture diffère tant que toutes les allusions ne trouveront pas forcément un écho. Pourtant il mène avec brio son récit, la solution au mystère entourant le meurtre de Lincoln ne nous saute pas aux yeux dès le début. Il nous promène avec Emily l’impulsive qui connaît bien des aventures.
Dépaysement garanti avec « Le Dernier Rêve de la Colombe Diamant ». L’ennui, la routine n’appartiennent pas au langage d’Adrian Hyland qui nous séduit par un style enlevé et une très belle histoire dans les vastes étendues du bout du monde.
La découverte d’une vie aux antipodes de la nôtre, de traditions placées au-dessus de l’économie et des rapports hommes blancs / aborigènes emportent l’adhésion.
« Le Dernier Rêve de la Colombe Diamant » s’avère une belle révélation, une littérature venue d’Australie proprement réjouissante. Même si elle est parfois dérangeante, évadez-vous, ouvrez votre horizon.
Adrian Hyland, un auteur à suivre !
En 2010 est annoncée la sortie de « Gunshot Road », une nouvelle aventure d’Emily Tempest.
L’occasion de retourner dans le bush…
Titre : Le Dernier Rêve de la Colombe Diamant (Diamond Dove, 2006)
Auteur : Adrian Hyland
Traduction de l’anglais (Australie) : David Fauquemberg
Couverture : Photo © Penny Tweedie / Corbis
Éditeur : 10/18
Collection : Domaine Policier
Site Internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 416
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-264-04775-5
Prix : 8,60€
