Suite directe du premier volume, « Perelandra » (Perelandra - Voyage to Venus) a été publié en 1943, soit cinq ans après « Au-delà de la Planète Silencieuse » (Out of the Silent Planet) très longtemps proposé en France sous le beau titre “Le Silence de la Terre”.
La traduction proposée dans cette édition de poche est d’ailleurs celle de Maurice Le Péchoux (Éditions de L’Âge D’Homme, 1997) qui se substitue depuis à celle de Frank Straschitz (Club du livre d’anticipation, n°8, 1967) reprise ensuite aux éditions du Retz (1976) et par les Nouvelles Éditions Oswald (Neo, 1981).

Changement d’ambiances et de décors, alors qu’« Au-delà de la Planète Silencieuse » nous amenait à découvrir graduellement une planète Mars étrange et merveilleuse, dotée d’une faune et d’une flore plus qu’originales, ce second tome s’avère finalement décevant.
Le discours global qui fonde la totalité du roman est une opposition philosophique et théologique entre le professeur Ransom et le savant Weston. Le bon et le méchant, Dieu et le Diable, un petit air du Jardin d’Éden pour la planète Vénus, mon tout ne justifiant pas un intérêt transcendant pour ce volume -sauf si ces sujets passionnent prioritairement les lecteurs.
Il est à noter qu’une culture biblique sérieuse est requise sous peine de passer à côté de quantité de détails et de références qui ont une grande importance dans le combat moral proposé.

L’influence de Olaf Stapledon (dont l’écrivain argentin Jorge Luis Borges était un admirateur inconditionnel) est flagrante, mais Lewis n’a pas l’ampleur de l’imagination de son prédécesseur. Quant à son traitement SF de l’intrigue, malgré de réels efforts dans les nombreuses descriptions de ce que Ransom découvre et comprend de cette nouvelle planète, on n’est qu’épisodiquement saisis par la beauté du tableau.
Les fans de Tolkien lèveront un sourcil à l’évocation de la mythologie du « Silmarillion », mais tout cela est de bien peu d’importance dans l’ensemble du récit.
Pour le reste, soit les questions théologiques nous barbent un peu (parlons franchement), soit la teneur du débat (et le suspense induit) nous passe au-dessus de la tête, on se fiche finalement de savoir qui du Diable ou de Dieu va triompher.
C’est une évidence, Clive Staples Lewis est beaucoup plus efficace quand il met en veilleuse ses ambitions de prédicateur littéraire et que ses idées (respectables, par ailleurs) ne sont que les fondations et pas le thème central de ses récits fantastiques (cf. Le Monde de Narnia) ou SF (cf. « Au-delà de la Planète Silencieuse »).

Si ce roman pouvait avoir un intérêt durant les années qui suivirent sa publication, le genre étant naissant et les écrivains américains ne se risquant pas dans ces thématiques, il faut bien le reconnaître, aujourd’hui, seule l’évidente sincérité de Lewis à révéler sa foi à travers son récit procure une saveur alléchante à l’ensemble.

L’investissement est donc seulement conseillé à ceux qui veulent lire coûte que coûte la trilogie ou s’intéressent fortement aux questions religieuses et à leurs retombées dans un récit SF de la première moitié du XXe siècle.
Ceci expliquant, même s’il ne s’agit aucunement d’une excuse suffisante, pourquoi votre serviteur a mis aussi longtemps avant de boucler la lecture et la critique de cet opus.

Titre : Perelandra (Perelandra - Voyage to Venus, 1943)
Auteur : Clive Staples Lewis
Série : La Trilogie Cosmique (T2)
Autres volumes (en Folio SF) : Au-delà de la Planète Silencieuse (T1), Cette Hideuse Puissance (T3)
Traduction (depuis l’anglais) : Maurice Le Péchoux (Éditions de L’Âge d’Homme, 1997)
Couverture : Emmanuel Malin
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 309
Directeur de Collection : Pascal Godbillon
Site Internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 353
Format (en cm) : 10,7 x 1,6 x 17,7 (broché, poche)
Dépôt légal : avril 2008
Code Hachette : A34612
EAN : 9 782070 346110
ISBN : 978-2-07-034611-0
Prix : 7,60 €