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Dernier Magicien (le)
Megan Lindholm (alias Robin Hobb)
Pocket, Fantasy, n°5871, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy urbaine, 352 pages, septembre 2007, 8,90€

Un homme anonyme traîne sa carcasse dans les rues noires et humides de Seattle, tentant de fuir les démons qu’il a ramenés de la guerre. Pourtant, il sait au fond de lui que, tôt ou tard, il devra les affronter.

C’est le magicien des pigeons, vagabond errant que nul ne remarque ; celui qui a le pouvoir de dire à tous la Vérité.



À Seattle, au début des années 80, un vétéran du Viêt-Nam à moitié clochardisé, amnésique, tente de survivre dans la jungle urbaine. Aidé par Cassie, étrange femme au physique changeant, Raspoutine, géant noir qui danse au rythme de la ville, et d’autres personnages encore, il essaie d’apprivoiser le pouvoir qu’il possède en lui.
Car le Magicien a le Don. Il peut réconforter les gens qu’il croise d’une simple parole. Mais pour cela, il doit respecter quelques règles : ne jamais avoir trop d’argent en poche, rester propre et digne et, surtout, nourrir les pigeons.

Cette vie rude mais simple aurait pu continuer ad vitam, sans l’apparition de deux éléments perturbateurs. Lynda, une serveuse un peu paumée et en mal de reconnaissance qui, pleine de bonne volonté, veut le sortir de sa condition. Et surtout Mir le gris, entité surnaturelle contre qui il doit lutter s’il veut survivre.

Avec ce roman, Megan Lindholm ne fait pas dans l’esbroufe. Loin de l’univers médiéval du gigantesque cycle qui l’a fait connaître, elle prend ici son temps pour camper un personnage central pétri de failles et de doutes. Les personnages secondaires (en premier lieu, la ville de Seattle elle-même) sont tout aussi réussis. L’auteur convoque tous les clichés de la fantasy (quête, héros, magie) pour les tordre et les ressortir à sa sauce. Et la sauce prend. Porté par un style sobre, on se laisse embarquer par cette histoire parfois onirique, à la limite du contemplatif.

N’ayant pas eu entre les mains l’œuvre originale, je ne me permettrais pas de mettre en doute les qualités de la traduction ; pourtant, si on devait pinailler, on pourrait remarquer que le titre en français ne correspond pas aussi bien à l’histoire que le titre américain. Mais bon, il est vrai que « Le Dernier Magicien », c’est certainement plus vendeur que « Le Magicien des Pigeons ».

La couverture, identique à celle de l’édition Mnémos, est signée par un Guillaume Sorel en -très- grande forme. Elle est vraiment très belle, calquant dans ses moindres détails une scène du livre, preuve s’il en est que le dessinateur l’a bien lu.

Alors : est-ce de la fantasy urbaine, du fantastique ou bien une simple chronique de la folie ordinaire ? Megan Lindholm semble avoir elle-même tranché en plaçant cette jolie formule à l’intérieur de son récit : “un conte de fée métropolitain”. Mais en fait, là comme ailleurs, les étiquettes on s’en fiche. Et comme le dit si bien Léa Silhol : “Les étiquettes ça colle et ça donne des allergies”.
C’est juste un excellent livre qui a reçu le prix Imaginales 2003 du meilleur roman de fantasy.

Au final, il s’agit là d’un livre magnifique, dans lequel parfois, il est vrai, on se perd un peu. Cependant, il est empreint d’une telle poésie qu’une fois refermé, il reste en nous pendant longtemps, très longtemps. Il continue à nous travailler ; ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas si courant pour une œuvre de ce genre.


Titre : Le Dernier Magicien (Wizard of the Pigeons, 1986)
Auteur : Megan Lindholm (alias Robin Hobb)
Traduction : Sylvie Denis
Première édition française : Mnémos, 2003
Couverture : Guillaume Sorel
Editeur : Pocket
Site Internet : fiche du roman sur le site de Pocket, sur le site de Mnémos
Collection : Fantasy
Numéro : 5871
Pages : 352
Format (en cm) : 10,8 x 17,7 x 1,3
Dépôt légal : septembre 2007
ISBN : 978-2-266-15179-5
Prix : 8,90€



Antoine Chalet
24 novembre 2009


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L’édition Pocket Fantasy (poche).



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L’édition Mnémos (moyen format).



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