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Terre-Neuvas
Christophe Chabouté
Vents d’Ouest

Chaque année, des milliers de pêcheurs de morues partaient en direction de Terre-Neuve, vers des mers froides et dangereuses.
Durant ces longues campagnes qui pouvaient durer six à neuf mois, la maladie, les blessures, les noyades, l’hygiène déplorable, la saleté repoussante, la violence et l’alcoolisme étaient le lot quotidien de ces pêcheurs que l’on surnommait aussi les “forçats de la mer”. 3 avril 1913, après avoir navigué pendant trente-sept jours, la goélette “la Marie-Jeanne” et ses 28 hommes d’équipage arrivent enfin au large de Terre-Neuve… mais les poissons ne "donnent” pas. L’absence de bancs de morues présage une mauvaise pêche et un maigre salaire. Les tensions montent. L’ambiance à bord s’échauffe. Quand un matin, on découvre le corps inerte du second dans sa couchette, un couteau planté dans le dos. Autour du manche, un petit ruban de soie…



Cette œuvre, intégralement réalisée par Christophe Chabouté, est clairement découpée en deux parties. La première met en exergue l’excellent travail de recherche effectué par l’auteur pour retranscrire, de la manière la plus réaliste possible, la dure existence des pêcheurs de morues. Le terrible quotidien de ces hommes vient nous tordre les boyaux alors que nous sommes bien gentiment installés dans notre fauteuil. Ces travailleurs de la mer subissaient de plein fouet la cruelle loi de la rentabilité à tout prix. Pas le temps pour les pleurs ou jérémiades. Une seule chose comptait, remplir les cales de ce précieux butin qu’était la morue. Oubliez toute notion d’hygiène ou de confort, le proverbe « marche ou crève » prend tout son sens à la lecture de cette première partie. C. Chabouté met aussi en évidence, pour le bien de son intrigue, la rivalité ancestrale qui régnait entre les marins et les paysans, les uns méprisant les autres et respectivement et pourtant, ils ne pouvaient exister l’un sans l’autre.

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Sur le plan purement technique, l’utilisation d’un vocabulaire renseigné et d’un style mêlant sautes d’humeurs et réflexions personnelles des acteurs nous plongent dans une ambiance lourde et glauque. Un état spatiotemporel idéal pour développer un huis clos, qui deviendra un véritable thriller dans la deuxième partie du one-shot.

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Cette seconde phase prend naissance dans un univers hostile bien amené depuis le début, le thriller peut donc se développer dans un petit nid douillet. Malheureusement, il existe un contraste trop marqué lors de la mise en place de la véritable intrigue. L’ambiance générale retombe un peu et laisse place à une histoire plus classique de meurtre. Seule la question de savoir qui est le coupable permet à Chabouté de maintenir une aura sulfureuse à son histoire. La chute et l’explication du pourquoi et comment reste toutefois très convaincante et nous renvoie sur les monstrueuses réalités de la vie de ces hommes : ce ne sont pas ceux qui triment le plus qui engrangent les bénéfices.

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Le dessin, lui, est exempt de défauts majeurs. Le choix du N&B colle et amplifie implacablement l’histoire. Les passages sans parole, bien que surprenants et inattendus, se suffisent à eux-mêmes et mettent une chape de plomb sur l’aventure. Les décors épurés, les faciès des personnages, la rage du climat et la naïveté de l’absence de couleur magnifie la qualité du dessin.
Une excellente œuvre, hyper réaliste et lourde de sens sur une partie de l’histoire de ces pêcheurs en haute mer...


Terre-Neuvas
- Scénario & Dessin : Christophe Chabouté
- Éditeur : Vents d’Ouest
- Collection : intégra
- Dépôt légal : Septembre 2009
- Format : 32 x 23 cm
- Pagination : 128 pages couleur
- ISBN : 9782749304892
- Prix public : 17,99€


© Illustrations : Christophe Chabouté - Vents d’Ouest.




Bison 13
17 novembre 2009




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