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Making of
Film tunisien de Nouri Bouzid (2006)
28 octobre 2009

***



Genre : Drame
Durée : 2h

Avec Lofti Abdeli (Bahta), Lofti Dziri 5Abdallah), Afef Ben Mahmoud (Souad), Fatma Ben aidane (LA mère), Foued Litayem et Helmi Dridi (les 2 intégristes), Dora Zarrouk (La femme d’Abdallah), Dali Boumnijel (le frère de Bahta), Tafouk El Bahri (Le flic), Mahmoud El Bahri (Le père), Sofiane Chaari (Le passeur) , Mostafa Hattab (Le grand-père ), ….

Tunisie, été 2001. Bahta, chômeur de 25 ans, passe son temps avec une bande de potes, tout aussi paumés que lui, à défier les break dancers des bandes rivales dans des sous-sols graffités de sa ville. Harcelé par la police, en but à des déboires familiaux et sentimentaux, le jeune homme ne parvient décidément pas à trouver sa place dans le monde des adultes. Le 11 septembre, galvanisé par la retransmission des images de l’attentat contre les Twin Towers, il embarque ses amis pour leur prouver de quel bois il se chauffe. Oh, rien de très violent ou de définitif. Non, simplement une connerie de plus mais qui lui vaut d’être recherché par la police. Obligé de se barrer de chez lui, Bahta trouve refuge chez, un artisan, apparemment respectable, qui lui propose le gite, le couvert et de le former à son métier. Mais Abdallah n’est pas exactement un bon samaritain. Il est le chef d’un groupuscule islamiste et projette, avec ses amis, de faire de Bahta un martyr.

Comme son nom ne l’indique pas, « Making of » raconte l’hameçonnage, la récupération et le conditionnement à la martyrisassions d’un jeune tunisien passionné de Break Dancing et de Basket Ball par un groupe d’islamistes de son quartier. Un sujet quasiment inédit dans le cinéma maghrébin que Nouri Bouzid aborde sur le ton de la chronique sociale, sa caméra suivant son héros, sans prise de partie ni jugement. Enfin, jusqu’au premier effet « Making of » (il y en aura plusieurs). Soudain, Lofti Abdelli, l’interprète de Bahta, déstabilisé par l’évolution de son personnage, se retourne vers la caméra et demande d’avoir un entretien avec le réalisateur. Sa crainte, bafouer les valeurs traditionnelles et spirituelles de son pays et mettre l’équipe du film en péril en provoquant les religieux. (Ce qui était arrivé au cinéaste dans un de ses précédents films « Sabots en Or »). Nouri Bouzid explique à son acteur que pour illustrer, sans caricaturer, la manipulation d’un jeune rebelle, candidat malgré lui au terrorisme, il devait parler de l’insidieux lavage de cerveau dont il était victime, et qu’il ne pouvait le faire sérieusement sans revenir à la source ; Le Coran.
Il faut dire que la lecture très particulière du Coran par Abdallah véhicule des préceptes éminemment rétrogrades, comme le voile obligatoire pour toutes les femmes, l’interdiction des poupées pour les petites filles, et une multitude d’autres préceptes qui poussent Bahta à la misogynie, à l’intolérance et à la violence.

Comme l’explique Nouri Bouzid, dan le dossier de presse :’ Pour moi, le discours cinématographique est essentiel. C’est une raison essentielle qui doit contribuer à la dramaturgie. Deux raisons dan le scénario m’ont poussé à faire ses coupures documentaires (ce que j’appelle l’effet « Making of ». D’abord, l’idée de que la lutte contre le terrorisme doit aller de paire avec la lutte pour la liberté d’expression. L’acteur Lofti Abdelli, au eu réellement peur, car il ne connaissait pas ses coupures. Le film était tourné dans l’ordre chronologique, il les a donc vécues directement. La deuxième raison, c’est de ne pas limiter la conception de l’Islam à celle de l’intégrisme. Le personnage de Bathta ne fait pas le poids. Il a donc fallu avoir recours au comédien et au réalisateur, qui eux peuvent défendre une vision claire et du fait de la peur réelle de l’acteur, le tournage devenait l’enjeu majeur du film. Il fallait prendre le risque d’en parler en se basant sur le principe de la laïcité. Parler de ça était pour moi une urgence avant d’arrêter de faire des films, car il faut savoir que le titre original de « Maing of « était « Le dernier film ». Pour écrire le scénario, j’ai donc étudié des thèses de doctorat de pays arabes qui développaient la démarche à suivre, les techniques de recrutement et de fidélisation. La prise en charge humaine et sociale, la purification du corps, la pratique de la religion, l’acceptation de tuer en se donnant la mort pour accéder au statut de martyr. Il me fallait dévoiler tout ça en m’opposant à la culture de la mort. »

Un pari réussi, comme en témoignent 25 récompenses récoltés par « Making of »dans différents festival internationaux, comme son Tanit d’Or aux Journées Cinématographiques de Carthage, son prix d’interprétation masculine et du meilleur scénario au Tribeca Film Festival de New York,…. la liste est encore longue.

Un film intelligent dont ma seule remarque concerne sa séquence de conclusion. Bien que je ne puisse vous en parler dans vous dévoiler la fin du film (ce que je ne ferai pas), je dirais que son ton, à la frontière du drame et du burlesque, manque un peu de crédibilité, sans nuire, ou désamorcer, fort heureusement, la démonstration de la 1ère heure 45 de ce métrage de 2 heures.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Le dernier film

Réalisation : Nouri Bouzid
Scénario : Nouri Bouzid
Dialogues : Nouri Bouzid

Producteur : Abdelaziz Ben M’louka

Image : Michel Baudour
Son : HEchmi Joulak – Michel Ben aïd
Montage : Krim Hamouda
Musique : Nejib Charradi
Photographe de plateau : Leyla Bouzid

Production : Nouveau regard films, CTV Production, Centre Cinématographique Marocaon, Albarès Production.
Distribution : Les films de l’Atalante

Relation presse : Garance Cahoreau-Gallier



Bruno Paul
1er novembre 2009



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