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Paranormal Activity
Film américain de Oren Peli (2009)
2 décembre 2009

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Genre : Fantastique
Durée : 86 mn

Avec Katie Featherston (Katie), Micah Sloat (Micah), Amber Armstrong (une voisine), Mark Fredrichs (le médium), Ashley Palmer (la fille sur Internet).

Tourné en sept jours dans la propre maison du réalisateur, Oren Peli, « Paranormal Activity » est en route vers la très grande rentabilité, puisqu’il atteint aujourd’hui les 100 millions de dollars de recettes pour un budget de seulement 15 000 dollars.
Surfant sur la vague du petit film home made réalisé avec trois francs six sous et quatre bouts de ficelle, « Paranormal Activity » fait immédiatement penser, bien sûr, au « Projet Blair Witch » (qui lui, parti d’un budget de 35 000 dollars, en a rapporté 600 millions, devenant ainsi un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma), dont il s’inspire ouvertement ; il en reprend également l’aspect de faux documentaire.

Ce qui intrigue, au-delà du budget dérisoire, c’est bien évidemment
l’énorme buzz créé autour du film d’Oren Peli depuis quelques mois : s’appuyant sur les outils du web 2.0 (réseaux sociaux type Facebook ou Twitter, réseaux communautaires comme MySpace, Youtube ou Dailymotion, blogs ciblés, etc.) , le marketing s’est appuyé sur toutes les ficelles de la communication « virale » pour transformer la sortie de « Paranormal Activity » en véritable phénomène. L’objectif est largement atteint, puisqu’aux Etats-Unis, une pétition réclamant une sortie nationale américaine le 16 octobre a été signée par plus d’un million de fans, et que la sortie du film a également été avancée d’un mois en France pour les mêmes raisons.

Mais trêve de buzzerie et venons-en au contenu.

« Paranormal Activity » raconte l’histoire d’un jeune couple, Katie et Micah, suspectant leur maison d’être hantée par un esprit démoniaque. Ils décident alors d’installer une caméra au pied de leur lit pour enregistrer d’éventuels phénomènes paranormaux durant leur sommeil.

Les bases sont donc posées. Malgré un scénario qui tient sur un post-it, on s’attend à quelques bons frissons à la sauce « REC ». Mais s’il en calque la bande-annonce (même alternance d’images choc et de prises de vues d’un public terrorisé), le film d’Oren Peli, à défaut de provoquer l’effroi, nous plonge résolument dans un désarroi total. Et dans un ennui profond.

Certes, le budget est dérisoire, et le parti pris du documentaire amateur peut excuser la répétition des plans. Mais quid de la longueur interminable de la plupart des scènes (la séquence avec le médium notamment), et surtout, surtout, du vide abyssal qui règne sur l’ensemble du film ? La première nuit, on entend un vague coup dans le mur. La deuxième nuit, le plancher grince. Et la troisième nuit, suspense insoutenable, une canalisation couine (couinement lugubre, d’accord, mais enfin ça reste une canalisation qui couine).

Et pendant une heure et demie, on reste effectivement cramponné à son fauteuil et à l’espoir que quelque chose, enfin, va nous foutre la trouille. Peine perdue (à part peut-être un léger mieux dans le dernier quart d’heure) : le personnage de Micah est insupportable de connerie, forçant le trait jusqu’à la parodie du type qui fait absolument tout pour se faire tuer, le couple est totalement cliché et d’un conformisme étouffant, l’intrigue complètement bidon et dénuée de toute tension. On en viendrait presque par moment à espérer que le film bascule dans le second degré (un démon capable d’allumer la lumière ? Soit, faisons-lui par la même occasion passer l’aspiro, qu’il nettoie toutes ces vilaines empreintes) tant on attend, dans « Paranormal Activity », quelque chose qui justifie sa réputation.

Car le problème est peut-être justement là : certes, en créant un tel buzz, on fait du fric. Mais on suscite également une attente que l’on devrait être en mesure d’assumer, tant par respect des spectateurs que du film lui-même.

Si « Paranormal Activity » est l’art de faire un film avec trois portes qui claquent et une tuyauterie fatiguée, alors pourquoi s’emmerder encore à faire du cinéma ?

Amandine Prié



Oren Peli, le scénariste réalisateur, n’a pas de bol même si son film cartonne aux US. Lui s’était fait son petit projet at home, sans prétention particulière, et voilà pas que quelques illuminés du cinéma lui disent qu’il vient de pondre le master of horror, catégorie « Film fait à la Maison ».
Conclusion logique, c’est tout frétillant et s’attendant à une bombe capable de provoquer une déflagration du trouillomètre au moins égale à « REC » que l’on se pointe à la projo...

No fun, no fun, il s’agit juste d’un petit (mais tout petit) projet, sans grands moyens (ok, ça on accepte et on comprend), avec un scénario ultra light (déjà plus surprenant), des dialogues ennuyeux au possible (pas le droit) et très moralement correct (excommunié !), qui nous tombe sur l’orteil (et même pas mal).
L’idée était excellente pourtant : prendre un jeune couple qui flippe -et « psycochocottes » dans son pieu- en imaginant les pires horreurs tapies dans les ténèbres de leur maison.
Le résultat est étrange et semble la recette idéale pour flanquer, sans aucun risque de censure, la trouille à l’Amérique profonde. Effet buzz trépassé, pas certain que ça marche ailleurs ou très longtemps, car l’ensemble ne dépasse pas (au mieux), le projet expérimental sympathique.

Ceci dit, on comprend le problème.
Vu le souk que l’administration Bush a semé derrière elle, le premier citoyen états-uniens qui passe crève de trouille dès que la plus petite principauté éternue sur la planète. Visiblement, le bon peuple intra movie en est au même stade.
Il suffit que trois craquements surgissent pour que le jeune couple (trois ans d’âge, AOC) se monte un plan « la malédiction est sur nous, on va tous mourir, argh ! ». Et tout le monde d’y croire...

Plus intéressant et révélateur d’une humanité en mal de repères, l’intérieur de la maison est un signifiant important. C’est nickel ! On pourrait tous y manger par terre, mais on ne voit personne briquer... Pas une chaussette sous un meuble, pas un tee shirt roulé en boule, welcome au Paradis de la propreté.
Vision aseptisée et déshumanisée d’un intérieur hermétiquement fermé, on comprend que le moindre bruit -on ne peut plus naturel n’importe où ailleurs- terrorise les indigènes des lieux ! Dans le monde entier, une maison vibre, oscille, craque, frémit, vit, mais pas aux USA. Soit.
Et puis quand même, pas un bouquin là-dedans ! On a cherché en vain un truc qui ressemble à ce type d’objet en voie de disparition. On n’en n’a pas trouvé une trace ! Étrange quand même. Une jeune femme (toujours étudiante) et un trader indépendant qui a forcément fait des études, ça ne lit pas... et ça fait drôle.
À penser que ça “compute” sec dans le couple (et rien d’autre) en guise de nourriture sociale et culturelle, il n’y a qu’un pas que nous ferions bien.
D’ailleurs, rapport à la culture, l’écran télé est géant, diffusant en permanence des images d’une rock star quelconque sans le moindre son. On a compris, être jeune, c’est surtout regarder du néant, voire éventuellement un DVD un soir de petite dispute...

Mais le pompon, c’est la piaule conjugale. Enfin, la chambre -parce qu’en plus, chez ces gens-là, on cause bien, Monsieur, même quand on s’engueule d’ailleurs.
Bon, c’est évidemment la pièce témoin... dont on enlève le dessus de lit avec moultes précautions quand on se met sous le torchon.
On prendra évidemment soin de s’y coucher toujours aussi habillés que pour aller faire son footing matinal (histoire de ne pas salir ? De ne pas se toucher ? La nudité est salle ? On n’a pas très bien compris...).

Beurk ! Satan, sort de leurs fringues et fout les à poil ! Ben oui, quoi. Avoir trois ans de vie de couple au compteur, la vie devant soit et partager un lit pour ne même pas se vautrer dans le stupre, inutile de verser dans la lubricité excessive, on se demande juste pourquoi il faudrait en passer par la case jeunesse ?
Et la caméra vidéo, hein, la caméra vidéo ! Elle sert à quoi ? À enregistrer des phénomènes paranormaux et rien d’autre. Faut l’éteindre le jour du feu d’artifice, en plus ! Même pas un petit fantasme à réaliser, un plan vaguement porno sur le Net ?
Ce couple manque décidément par trop d’inventivité...

Au rayon des franches déceptions, on n’oubliera pas non plus les fadaises que Madame et Monsieur absorbent sans moufter lorsqu’un « médium » appelé à la rescousse -aussi convaincant qu’un membre du KGB en mission humanitaire en Tchétchénie- leur explique ce qu’il se passe chez eux -en deux phrases qui ne souffrent aucune contestation. La scène ne tient pas la route, le bis avec les mêmes personnages vers la fin non plus, et mon tout donne l’impression de sortir un bazooka fantastique pour exterminer une mouche...

On l’aura compris, le plus décevant dans « Paranormal Activity » n’est pas son principe cinématographique, ni son bon sujet, ni quelques scènes bien ficelées (surtout vers la fin), ni même un résultat honnête à défaut d’être tonitruant.
Non, l’échec du film tient dans ce vide de profundis effrayant qui règne autour de ce couple (une amie et basta !) et dans leur maison totalement impersonnelle.
S’essayer au film d’horreur en niant tous les codes en vigueur n’est pas contestable en soit (c’est même revigorant), mais en tirer une œuvre au aussi moralement correcte laisse pantois.

Finalement, on en arrive très rapidement à espérer que tout se finisse très mal et très vite. Nous ne dirons donc rien du dernier quart d’heure, de loin le meilleur de tout le film. Dommage que l’heure qui précède ne soit pas au niveau.

Interrogation finale : et si, tout simplement, nous n’avions rien compris. Et si la réussite du film n’était pas dans son postulat fantastico-horrifique ?
C’est alors dans cette conclusion inconsciemment métaphorique sur la société US (et sur les affres de la vie du couple moderne) qu’il faut parier.

Et là, franchement, on a les chocottes !

*w* ( Stéphane Pons )


Nous vous en parlions il y a quelques jours (cf : Preview Paranormal Activity). Wild Bunch, son distributeur pour la France, ayant avancée sa date de sortie sur les écrans, en raison de son carton au box office américain.

Depuis, nous avons assisté à la première projection de presse française de « Paranormal Activity », le premier long-métrage phénomène de Oren Peli précédé de la réputation de film le plus effrayant de tous les temps.
Même que c’est Spielberg qui le dit, ou presque, enfin, il parait qu’il a eu bien peur. Et bien nous on vous dit qu’il n’en faut pas trop à ce bon Steven pour avoir la pétoche. Parce que de notre côté, si dans le dernier quart d’heure une saynète nous a effectivement fait remuer un cil, Amandine et moi-même n’avons pas connu le frisson de la terreur, voire de la peur, ou tout simplement de l’angoisse, et nous nous sommes, au contraire, peu à peu engluer dans la torpeur de l’ennui à force d’écarquiller nos yeux scrutant l’écran dans l’attente d’une manifestation paranormale.

Le film, exception faite de quelques intermèdes (la visite de la maison, les passages d’un médium impuissant), se limitant principalement à un plan fixe de la chambre pendant que ses occupants fricotent avec Morphée, laisse forcément le temps de s’interroger sur les raisons du phénomène « Paranormal Activity » outre atlantique.
Pourquoi tant de bruit et de spectateurs pour un film aussi désespérément creux, pour ne pas dire vide ?
Bon, c’est vrai que nous, français, nous avons une certaine habitude du genre avec la multitude de métrages nombrilistes qui proposent tout au long de l’année des stages d’introspection dans nos salles obscures.
Peut-être est-ce tout simplement là qu’il faut chercher explication. La mise en scène d’Oren Peli impose, en effet, un silence total dans la salle de cinéma, en installant le spectateur dans la position d’un voyeur dont les oreilles et les yeux sont en alerte permanente de l’incident surnaturel à venir. Bruits de fond, grincement de porte, passage d’une ombre, bruits de pas… jusqu’au dénouement que le dossier de presse nous demande de ne surtout pas révéler (c’est pas notre genre).

Bref, un gros buzz pour finalement pas grand-chose mais qui se révèle, au regard du budget dérisoire de « Paranormal Activity » (aux alentours de 20.000$) comme l’un des plus juteux hold-up cinématographiques de ces dernières années.

Bruno Paul


FICHE TECHNIQUE

Réalisation et scénario : Oren Peli

Producteur : Jason Blum
Producteur exécutif : Steven Schneider
Coproducteur : Toni Taylor, Amir Zbeda

Montage : Oren Peli
Montage effets sonores : David Barbee
Mixeur ré-enregistrements : Jim Fitzpatrick
Mixage son : Mark Binder
Effets spéciaux maquillage : Crystal Cartwright

Production : Blumhouse Productions
Distribution : Wild Bunch Distribution

Relation presse : Bossa Nova / Michel Burstein



Bruno Paul
Stéphane Pons
Amandine Prié
26 novembre 2009



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