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Le cyberespace de l'imaginaire




Le dernier orc
Silvana De Mari
Albin Michel, collection Wiz, roman, traduit de l’italien, fantasy, 762p, mars 2008, 19€

L’humain Rankstrail, surnommé l’Ours, gagne une compagnie de mercenaires tentant de survivre tant bien que mal. Il ne tarde pas à rejoindre la campagne contre les monstrueux orcs qui ravagent le pays. Sa rencontre avec Yorsh, mi-humain mi-elfe, lui fera comprendre que tout n’est peut-être pas tel qu’il y paraît…



Petit rappel historique : il y eut un temps où il était hors de question qu’un auteur Italien publie dans son pays, les éditeurs ayant opéré une purification ethnique pour expurger tout ce qui n’était pas Anglo-Saxon. Un auteur d’imaginaire pouvait participer à un concours annuel de romans… mais même s’il le remportait, sadisme suprême, il était inimaginable qu’il espère continuer sur sa lancée. Tel était le DOGME gravé dans le marbre. Jusqu’à ce qu’un certain Valerio Evangelisti connaisse un succès incroyable avec son premier roman… Puis Andrea Camilleri, déjà poète, dramaturge et cinéaste réputé, entama sa série à forte identité Sicilienne consacrée au commissaire Montalbano : le public se l’arracha. Il fallait donc croire que ce racisme patriotique n’était pas partagé par ces vilains lecteurs qui font tout de travers rien que pour contredire les éditeurs — et pire encore, ces espèces de ritals s’exportaient !

Donc, ce roman, suite indirecte d’un énorme succès, et qui pose une fois de plus la question des frontières entre littérature jeunesse et adulte (Mais Wiz a réédité Le mystère du lac, de McCammon, considéré comme « adulte » à sa sortie.) Car si la fantasy est aussi appelée merveilleux, le parti-pris de l’auteur est justement de le nier.

Il ne s’agit pas de se livrer à une réflexion sur le genre comme l’ont fait Ange dans leur trilogie d’Ayesha, mais en fait, l’univers où évoluent les protagonistes relève plus du médiéval que de l’imaginaire : leurs préoccupations sont bien terre à terre - survivre, se nourrir — et s’il existe différentes races, elles sont assez peu différenciées : les orcs sont des humains un brin différent, les elfes n’ont que leur immortalité pour eux et si on voit la queue d’un dragon, il pourrait aussi bien être un vulgaire camion. Même la présence d’un phénix est très factuelle (et d’ailleurs inutile !) le tout jusqu’à une métaphore justifiant le titre, mais qui arrive bien tard… et qui semble être la même que dans le premier opus, où Yorsh était le principal protagoniste.

Un choix plus qu’honorable s’il y avait un véritable travail sur les personnages, mais ceux-ci restent unidimensionnels au possible (fléau d’un genre souvent dominé par les rôlistes…) et les enjeux un rien flous. Du coup, si l’on adhère pas à ce parti-pris de réalisme, on a plutôt l’impression que l’auteure, si elle ne manque pas de talent, s’est contentée d’empiler les pages, dont des descriptions de batailles minutieuse et une argutie sympathique sur la toute puissance du langage, jusqu’à obtenir le pavé requis. Syndrome de la suite laborieuse d’un best-seller ou pression d’un éditeur soucieux d’exploiter le filon ? Mystère.

Pour y trouver son compte, il faut savoir qu’on a plus affaire à un médiéval-fantastique réaliste et résolument adulte dans son fonds qu’à un roman d’aventure débridé palpitant de magie. Un choix comme un autre, mais ce monstrueux pavé laisse tout de même une impression d’inachevé…

Titre : Le dernier orc (L’ultimo orco, 2005)
Auteur : Silvana De Mari
Traduction de l’Italien : Jacques Barbéri
Couverture : Gianni de Conno
Editeur : Albin-Michel
Collection : Wiz
Site internet :
- site éditeur : Albin Michel
- avis divergent : Actu SF
Pages : 762
Format (en cm) : 15x22
Dépôt légal : Mars 2008
ISBN : 978-2-226-17787-2
Prix : 19€


Thomas Bauduret
24 novembre 2009


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