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Prosopopus
Nicolas De Crécy
Editions Dupuis

Prosopopus nous offre une histoire à la fois noire et décalée, un conte pour adulte original dans lequel le glauque et l’absurde s’unissent à la perfection. Cette nouvelle édition, en petit format et couverture souple, convient parfaitement à la lecture de l’ouvrage.



Le scenario commence par l’assassinat d’un riche individu portant avec précaution une mallette sanguinolente. Le tueur, personnage principal de la BD, parvient à échapper aux gardes du corps de sa victime et à se réfugier chez une amie. De la scène de crime émanent alors d’étranges effluves jaunâtres qui finissent par se condenser dans l’appartement du tueur.
Le Prosopopus est né de la haine des hommes.
Ce monstre grotesque est en quelque sorte l’union expérimentale des gènes de Popeye le marin, Groquik, Casimir… et Freddy Krueger.
Pour les plus jeunes d’entre nous, qui ne connaîtraient pas ces personnages, le Prosopopus pourrait être le petit frère de Magic Boo dans “DBZ” (ils ont d’ailleurs un certain air de famille).
Mais quel lien unissait le tueur et sa victime ? D’où provenait la haine du tueur ? Et que contenait cette étrange mallette ?
Un jeu de flash-backs va permettre, tout au long du récit, d’éclaircir ces zones d’ombres.

Ne cherchez pas toujours la logique dans l’histoire. Le récit est décalé, voire absurde parfois, et peut en déstabiliser certains. Néanmoins, le récit principal, celui des origines du meurtre, est assez cohérent et mérite que l’on s’y intéresse.

Avant le début de l’histoire, une page est attribuée à la définition du mot « Prosopée ». Deux définitions sont fournies. Et c’est finalement autour de ces 2 définitions que l’ouvrage a été construit.

En effet, la première définition est « Discours pompeux, véhément et emphatique ». C’est donc tout naturellement que les 8 premières pages de l’album, avant même le début de la BD, sont consacrées à une prosopée. Un exemple ? Voici un extrait du dernier paragraphe de ce texte : « Il est blanc jaune. Jaune on vous dit. Ca saute aux yeux : jaune. Jaune comme nénuphar. Jaune comme phare. Jaunes comme pages. Jaune comme péril. Jaune comme fièvre. Jaune comme pisse. Jaune comme bile. Jaune comme soufre »…
Pour ma part, je n’ai pas tenu les 8 pages. Peut-être y arriverez-vous. Mais quoi qu’il en soit, sachez que la lecture de ce texte, sensé nous présenter le monstre Prosopopus, ne gène en rien la lecture de la BD qui suit.
Pour autant, ce texte renforce le côté décalé de l’ouvrage. Et donc, finalement, il se doit d’être là.

La seconde définition donnée au mot « prosopée » est « figure par laquelle l’orateur ou l’écrivain fait parler et agir une personne absente ou morte, un être inanimé, un animal. » Et du coup, plutôt que de faire parler le Prosopopus, Nicolas de Crécy décide de ne faire parler personne. Pas même les hommes. Le récit est donc totalement muet, sans bulle ni narration.
Et le pari est plutôt réussi ! Ce roman graphique se lit vraiment sans problème, le nombre important de planches et la richesse d’expressions des personnages facilitant la narration. Certes, la transition de certains flash-backs est parfois peu évidente, mais cette légère confusion est toujours passagère et n’entrave pas le plaisir général.
Du fait de l’absence de texte, cet album peut se lire à la vitesse que l’on souhaite : 15-20 minutes si vous le dévorez à la manière d’un roman photo, ou 1h si vous préférez décortiquer chaque dessin.
Dans tous les cas, “Prosopopus” est le genre de BD qui se relit plusieurs fois pour pleinement profiter de sa qualité graphique.
Le talent de De Crécy, également dessinateur de l’ouvrage, est évident et son style griffonné se prête parfaitement à ce genre de récit.

A la fin de l’album, 15 pages présentent les premiers essais de l’auteur. Ces esquisses, qui n’étaient pas présentes dans la version originale de 2003, nous permettent de découvrir le travail de recherche nécessaire à la réalisation d’un tel ouvrage.

Bref, vous l’aurez compris, “Prosopopus” est une BD dont le scenario oscille entre le noir et le décalé, le glauque et l’absurde, le brutal et le grotesque.
Totalement muet, la narration graphique vous invite aux multiples relectures pour pleinement profiter de la complexité du récit et de la richesse des dessins.


- Prosopopus
- Scénario : Nicolas De Crécy
- Dessin : Nicolas De Crécy
- Couleurs : Nicolas De Crécy
- Editeur : Dupuis
- Collection : Roman Air Libre
- Dépôt légal : septembre 2009
- Format : 175 x 240 mm
- Pagination : 128 pages
- ISBN : 978-2-8001-4439-9
- Prix Public TTC France : 15.50 €


Illustrations © Nicolas De Crécy et Dupuis (2009)



Allison & Julien
30 octobre 2009




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