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Arche de Noa (L’)
Ange
Intervista, collection Cinémascope, fantasy urbaine, 311 pages, octobre 2008, 13,90€

Noa vit une existence active mais rangée avec ses trois frères et sœurs… jusqu’au jour où elle découvre un lutin vivant dans le placard de la cuisine ! Elle a la Vision, qui lui permet de voir le monde existant en parallèle du nôtre. Elle découvre vite qu’elle n’est pas la seule…



Le duo Ange est l’auteur de la trilogie d’Ayesha, certainement une des meilleures sagas de fantasy intelligente sur le marché. Il est donc intéressant de les voir s’attaquer à la littérature jeunesse…

Ce roman touffu et mouvementé ne révolutionnera certainement pas le genre : Mal immémorial à combattre, créatures du « petit peuple », personnage élu par un signe quelconque, talisman au pouvoir magique… C’est du déjà-vu, déjà lu, mais qu’importe : la littérature jeunesse est elle-même basée sur la répétition, stade nécessaire à l’apprentissage du monde. L’efficacité est-elle présente ?

Certainement, même si on peut difficilement préjuger de ce que sera la réponse d’un enfant (encore qu’il n’y ait aucune indication d’âge sur le livre lui-même, on présume que le public est celui des 10-12 ans). D’abord, la charge qui pèse sur Noa n’est que trop crédible, entre les problèmes d’école, les disputes de ses parents aux attentes beaucoup trop grandes… L’ensemble se permet même un clin d’œil aux bons vieux “club” et “clan” de notre enfance (“le club des 5” en tête, encore que le vénérable quintet n’ait eu jamais les problèmes évoqués ici) et la familiarité du décor parisien est un plus.

La carte que les auteurs sortent de leur manche est le choix d’avoir un narrateur qui, parfois, se permet de commenter l’action ou d’éclaircir certains points, notamment en rappelant — sans condescendance aucune — que les réactions d’un enfant et d’un adulte sont bien différentes, et pour clore le récit de certains personnages secondaires. Un pari inattendu qu’on s’attend plutôt à trouver chez un Kundera, mais qui, utilisé avec beaucoup d’astuce, donne à l’histoire les atours d’un conte moderne qu’on imaginerait bien lu à haute voix, renforçant certains retournements de situation bien placés, jusqu’à un joli mot de la fin.

Des défauts ? Il y en a un majeur : le style est très factuel, sans aucune description, ce qui étonne pour un ouvrage centré autour d’un lieu donné : du coup, les personnages évoluent dans un certain flou artistique limité à sa fonction (l’école, l’appartement, le métro), ce qui fait que, à ne voir que des personnages en avant-plan sans décor derrière, on décroche parfois. Mais peut-être est-ce une lecture d’adulte ?

On ne cesse de nous seriner la vieille doxa comme quoi « les enfants ne lisent plus, ma brave dame » (Et, répétons-le, les millions d’exemplaires vendus des Harry Potter, Tara Duncan et autres Pendragon sont une invention du komplot judéo-maçonnique). Peut-être faut-il leur donner des choses qu’ils aient envie de lire. C’est ce que semble faire la collection Cinémascope, et en prime, sous une présentation classieuse !


Interview d’Anne Guéro sur LA YOZONE


Titre : L’arche de Noa
Auteur(s) : Ange
Couverture : Benjamin Carré / Nuit de Chine
Editeur : Intervista
Collection : Cinémascope
Site internet : site éditeur (pas vraiment à jour…), une autre chronique
Pages : 311
Format (en cm) : 14 x 22
ISBN : 978-2-35756-016-1
Dépôt légal : octobre 2008
Prix : 13,90 €


Thomas Bauduret
4 novembre 2009


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