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Sabriël
Garth Nix
Hachette Jeunesse, roman, traduit de l’anglais (Australie), fantasy, 452 pages, février 2009, 13,90 €

Sabriël vit depuis son plus jeune âge dans un pensionnat de jeunes filles en Ancelstierre. Son père, l’Abhorsën, a préféré l’éloigner de l’Ancien Royaume, porte ouverte sur la mort. Puissant nécromancien, il y lutte contre les revenants.
Le jour où Sabriël reçoit les insignes de sa charge - son épée couverte de runes et ses cloches aux pouvoirs magiques -, elle comprend qu’il lui est arrivé quelque chose. Elle craint pour sa vie et décide de franchir la frontière afin de le sauver.
Du haut de ses 18 ans, ses nouvelles obligations vont vite la rattraper. Sera-t-elle de taille à les affronter ?



Avec « Sabriël », Garth Nix a remporté en 1995 l’Aurealis Award récompensant le meilleur roman australien de science-fiction, de fantasy et d’horreur.
Alors que rien ne l’indique clairement dans cette édition, il s’agit du premier tome d’une trilogie, déjà publiée voilà quelques années chez la défunte J’ai Lu Millénaires. Comme souvent, des livres à l’origine édités dans des collections dites adultes ressortent en jeunesse. Les exemples sont nombreux, et que traduisent-ils vraiment ? Le besoin de diversifier le public, des générations plus précoces… Les motifs s’avèrent plutôt mystérieux et me laissent particulièrement songeur.

Dans ce roman, Garth Nix ne se contente pas d’aligner les poncifs de la fantasy, il y ajoute avec bonheur quelques touches personnelles pour se démarquer. Ancelstierre et l’Ancien Royaume sont voisins, mais tout les oppose. Alors que le premier est moderne, cartésien et ne nous dépayse que de quelques décennies en arrière, le second est le territoire où tout est possible. La magie y règne de plein droit et les morts rôdent en marge, toujours prêts à revenir à la surface.
Un mur sépare les deux terres et le poste-frontière en Ancelstierre allie l’ancien au récent. L’équipement de base comprend aussi bien des fusils que des épées, car la magie rend souvent les outils modernes inopérants. Deux mondes cohabitent, sans que cette réalité ne soit forcément acceptée.

Sabriël, fille de l’Abhorsën, devient de plein droit le nouvel Abhorsën à sa supposée disparition. Dès ses 18 ans, cette pesante charge de repousser les revenants envahissant l’Ancien Royaume lui tombe dessus. Elle, si longtemps éloignée de sa patrie, a un long chemin devant elle pour se montrer digne de cette succession. Elle ne manque pas de courage, connaît les rudiments. Mais là où son père a échoué, comment peut-elle réussir ? Voilà une question qu’elle se pose, ainsi que le lecteur qui prend plaisir à la suivre.

Si elle dispose d’une épée magique, l’assortiment de sept cloches aux différentes propriétés fait déjà plus sourire, surtout que l’utilisation de certaines s’avère pour le moins risquée. D’ailleurs la couverture illustre bien la tenue de l’Abhorsën, qui le rend tout de suite identifiable. On apprend que la mort définitive n’est pas immédiate, que différentes étapes sont à franchir, et Sabriël nous convie justement à une visite commentée des premiers plans.

Au-delà du mur, le danger est omniprésent, le défunt sorcier Kerrigor cherche à dominer le monde et pervertit l’Ancien Royaume en étendant ses pouvoirs.
Heureusement, Sabriël trouve l’aide d’un chat, Moggët, puis celle de Gwynplaïn qu’elle ramène à la vie après deux cents ans d’absence. Le chat n’est pas qu’une boule de poils et Gwynplaïn ne dit pas tout sur son passé. Bref, voilà des compagnons pas forcément fiables, mais Sabriël ne se décourage pas.

La création de Garth Nix est d’une grande richesse et l’on pourrait longtemps discourir sur tous les aspects de l’histoire et les détails qui en font sa saveur. L’auteur aime surprendre en dépassant le simple cadre de la fantasy. Son héroïne montre une certaine fraîcheur, ce qui nous la rend sympathique. On peut reprocher au récit d’être parfois convenu, car la mission que s’est fixée Sabriël ne connaît pas l’échec et certains hasards tombent à pic. Pourtant, son issue prend une drôle de tournure, ce qui la grandira d’autant plus dans son parcours initiatique.
Ça bouge, la différence entre la vie et la mort est bien mince, le monde imaginé est fouillé et Garth Nix n’oublie pas de garder à Sabriël et Gwynplaïn leur humanité. Bien des ingrédients qui ne peuvent que gagner notre adhésion, car l’ensemble est réussi. De plus, l’auteur n’a pas étendu outre mesure ce livre, ce que l’on ne peut que saluer.

Les deux derniers tomes (« Liraël » et « Abhorsën »), complétant cette trilogie, se poursuivront sûrement dans l’Ancien Royaume à reconstruire. Et même si « Sabriël » se suffit à lui-même, il donne envie de continuer l’aventure, surtout que la solution finale adoptée n’est pas définitive…

Selon l’éditeur, à partir de 12 ans … selon les lecteurs, deux ou trois années supplémentaires ne seront pas superflues, mais un adulte y trouvera aussi son compte.


Titre : Sabriël (Sabriel, 1995)
Auteur : Garth Nix
Première publication française : J’ai Lu Millénaires (2003)
Traduction de l’anglais (Australie) : Frédérique Le Boucher
Couverture : Julien Delval
Éditeur : Hachette Jeunesse
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 452
Format (en cm) : 13,5 x 21,5
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-201-201-774-0
Prix : 13,90 €



François Schnebelen
12 octobre 2009


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Illustration de Julien Delval



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