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Terminator : Le croquemitaine de l’ère cyber-punk
Retour sur la saga de l’homme machine


Le temps passant, on avait fini par ne plus vraiment y croire. Mais à force de ténacité et de persuasion, Arnold Schwarzenegger a finalement eu gain de cause et s’apprête à faire un come-back spectaculaire (on ne peut que lui et nous le souhaiter) avec le rôle qui l’a hissé au rang de star planétaire. Un retour en perfecto et en grande pompe, puisqu’en plus d’un budget colossal (170 M$, un record) et d’une campagne de séduction débutée dès janvier avec le Superbowl, « Terminator 3, Le soulèvement des machines » débarque sur les écrans américains le 2 juillet prochain (2 jours avant la fête de l’indépendance) et le 6 août en France. Seule fausse note au tableau, James Cameron, le concepteur de l’implacable cyborg venu du futur, n’a pas désiré prendre part au projet. Flash back.

C’est en 1971 que James Cameron, jeune canadien natif de Kapuskasing (Ontario), débarque à Brea (Californie) pour suivre des études de physique à l’université de Fullerton. Après avoir obtenu son diplôme, ce fils d’ingénieur décide de tenter sa chance dans le cinéma et, entre ses petits boulots de machiniste et de chauffeur poids-lourd, parvient à convaincre un consortium de dentistes de lui prêter des fonds. En 1978, il réalise un premier court métrage prometteur, « Exogenesis », dans lequel il officie à la fois comme producteur, metteur en scène, co-scénariste, chef opérateur, monteur, maquettiste et superviseur des effets spéciaux. Grâce à cette multicarte de visite en 35 mm, il décroche son premier poste comme directeur artistique en charge du design et de la fabrication des maquettes sur « Battle beyond the stars », l’un des nombreux projets de New World Pictures, la boite de production de Roger Corman spécialisée dans l’horreur à petit budget.
Touche à tout surdoué, Cameron va alors enchaîner les expériences de designer, décorateur, chef opérateur, superviseur des effets spéciaux sur différents films, dont « Escape from New York » de John Carpenter, avant que Roger Corman (encore lui) ne lui offre l’opportunité de passer derrière la caméra pour mettre en boite certaines scènes de dialogue de « Galaxy of Terror ». Quelques mois plus tard à Rome, alors qu’il achève son premier film en tant que réalisateur - « Piranha II - Les tueurs volants », un navet qu’il co-dirige avec Ovidio G. Assonitis - James Cameron, terrassé par la fièvre, a la vision d’un robot émergeant des flammes et, dès lors, ne va avoir de cesse d’imprimer son cauchemar sur pellicule.

En 1982, nanti d’un script, que l’on apprendra plus tard inspiré de deux épisodes de « Au-delà du réel », à savoir « Soldier » et « Demon with a Glass Hand » (ce qui lui vaudra par la suite un procès pour plagiat de la part de Harlan Ellison, l’auteur des dits scénarii, non crédité au générique), il commence à démarcher les studios. Mais, son projet ne reçoit pas l’écho escompté, personne ne voulant se lancer dans la production du phantasme visionnaire d’un réalisateur habité qui n’a qu’un mauvais film à son actif. Après de long mois de galère, James Cameron finit par séduire, au propre comme au figuré, Gale Hann Hurd (qui deviendra sa femme en 1985) à laquelle il revend son scénario un dollar symbolique en échange de la casquette de réalisateur, de l’assurance d’une totale liberté artistique et d’une enveloppe budgétaire de 6 M$. Le Terminator est en marche.
Alors qu’il pense tout d’abord à Lance Henriksen, qu’il a dirigé sur « Piranha II », pour incarner l’androïde exterminateur, il contact Arnold Schwarzenegger pour offrir sa carrure à Reese, le protecteur humain de Sarah Connor qui doit affronter l’implacable machine. Mais, l’acteur autrichien, lui aussi visionnaire, va discuter la proposition et parfaire le concept en préférant se glisser (avec la réussite que l’on sait) dans l’exosquelette du robot tueur de Skynet.

Deux ans plus tard (octobre 84 ou plus exactement avril 85 en ce qui nous concerne), « Terminator » déboule dans les salles obscures en pulvérisant tout sur son passage. En 1h45, James Cameron, illustre inconnu, revisite le mythe de Prométhée et bouscule codes et habitudes en fusionnant action-movie et science fiction en un cocktail explosif mêlant vision apocalyptique, voyage dans le temps, ultra-violence et love story.

A partir d’un « plot » minimaliste, l’arrivée en 1984 de deux guerriers de l’an 2029, un robot et un humain, venus respectivement tuer et protéger la future mère du sauveur de l’humanité, il nous propulse dans une course poursuite haletante dont l’enjeu n’est rien moins que la survie des hommes dans le conflit qui les oppose à leur création. Mais si cette traque infernale est un prétexte à un maelström d’images surpuissantes et de gun-fight dévastateurs, Cameron, rivalisant de virtuosité tant visuelle que narrative, n’en n’oublie ni son sujet ni ses protagonistes, et illustre le concept du paradoxe temporel au moyen d’une histoire d’amour tissée à travers les âges (« j’ai traversé le temps pour toi Sarah ») tout en donnant naissance à deux icônes du cinéma de science fiction. Car, si d’emblée Arnold Schwarzenegger s’impose comme le croquemitaine cyberpunk, le personnage de Sarah, plus en nuance, va évoluer pour prendre consistance et envergure tout au long du métrage, jusqu’au moment où, devant protéger l’homme qu’elle aime, elle se métamorphose en une redoutable combattante.

Toujours est-il qu’en quelques mois, cette série-B aux allures de films d’auteurs va défrayer la chronique, engranger près de 40 M$ et faire de James Cameron l’un des metteurs en scène les plus en vue d’hollywood.
D’ailleurs, il ne tarde pas à placer ses scénarii, tout d’abord « Rambo II » qu’il a co-écrit avec Sylvester Stallone, puis « Aliens », le deuxième volet de la saga qu’il aborde et réalise comme une mission commando de marines de l’espace (le film rafflera 2 oscars). Si le budget de « Abyss », son film suivant, lui vaut le sobriquet de Cecil B DeMille de la science fiction, l’échec financier de sa rencontre du troisième type subaquatique (à peine 28M$ pour un budget approchant les 70) va confronter James Cameron à la nécessité de renouer avec le succès.

I’LL BE BACK

Alors qu’il n’avait pas envisagé de faire de suite, le premier volet se suffisant à lui même, James Cameron va finalement accéder à la requête du public et de ses collaborateurs, à commencer par Arnold Schwarzenegger, et remettre la célèbre réplique de l’androïde à l’ordre du jour. 1991, il est de retour et si « Le jugement dernier » se présente comme la suite de « Terminator », Cameron va néanmoins parvenir à renouveler son sujet, au moyen d’un scénario astucieux, et transcender sa mise en scène grâce au support d’une interprétation solide et d’une batterie d’effets spéciaux révolutionnaires. Venu cette fois protéger John, l’enfant de Sarah, un T-800 de Cyberdyne System (autrement dit le modèle Arnold Schwarzenegger) piraté par les humains du futur, va devoir contrer un T-1000 (incarné par un Robert Patrick alors quasiment inconnu) envoyé par les machines pour éliminer le gamin qui pose décidément problème. Si, bien évidemment, l’attraction première de cette suite est sans conteste les exploits numériques des magiciens d’ILM (la matérialisation des capacités du robot de métal liquide est époustouflante), la réussite de ce second opus, outre les scènes d’anthologie qui ponctuent la bande, repose en grande partie sur l’aspect « buddy-movie », développé entre John et Terminator (l’apprentissage des rudiments du comportement humain par le cyborg apportent une dose d’humour salvatrice au ton résolument sombre de l’histoire), et sur la prestation musclée de Linda Hamilton qui, comme Sygourney Weaver avec Ellen Ripley, donne vie à l’une des plus fantasmatique héroïne de science fiction. Mère prête à tout pour offrir un avenir à son fils, consciente des enjeux planétaires de la lutte, la « belle » va user de la même tactique que la « bête » pour tenter de changer le futur.

No problemo ! « Terminator II : Le jugement dernier », budgétisé à près de 100M$ (dont 50 rien qu’en effets spéciaux), provoque un raz de marée, explose le box-office (52 M$ la semaine de sa sortie) et récolte rien moins que 4 Oscars techniques : effets visuels, maquillages, son et montage des effets sonores.

HASTA LA VISTA BABY

En tout cas, si ce second volet s’affirme comme la suite parfaite, les évènements qu’elle relate coupent néanmoins l’herbe sous le pied à un retour (cohérent) du Terminator. Mais, alors que les fans se mettent à espérer en une préquelle au cœur du conflit apocalyptique de l’an 2029, James Cameron, qui comme on avait pu le constater est un fondu des nouvelles technologies, décide d’offrir une nouvelle dimension à son héros de métal et embarque John Bruno, Stan Wiston, Brad Fiedel et ses principaux protagonistes dans une version courte (12 minutes), mais en 3D, de son opéra cyberpunk : « T2 3D : Battle across Time », l’attraction à 60 M$, va faire le bonheur des visiteurs du parc à thème Universal d’Orlando au cours de l’été 96.

De toute façon, depuis la faillite de Carolco (la compagnie responsable de T2), les droits cinématographiques du guerrier d’acier se sont éparpillés dans la nature. Qu’à cela ne tienne, l’association Andy Vajna / Mario Kassar renaît avec C2-Pictures et les deux producteurs, non sans l’aide de quelques millions de dollars, parviennent à remettre la main sur les deux plus gros cartons (« T2 » et « Basic Instinct ») de leur défunte entreprise. Tandis qu’un imbroglio juridique les empêche de commettre une suite au thriller érotique de Paul Verhoeven, Vajnar et Kassar concentrent leurs efforts sur le retour du Terminator. Bien évidemment, Arnold Schwarzenegger, déjà sur le pont, va se faire l’ambassadeur de la firme auprès de Cameron et tenter de rameuter son pote sur le projet « T3 ». Mais rien n’y fait, et après d’âpres discussions, le réalisateur de « Titanic », va préférer s’immerger dans ses expérimentations tridimensionnelles sous-marines (« Ghosts of the Abyss ») plutôt que de participer à un projet qu’il ne maîtriserait pas de bout en bout. Son refus ne sera d’ailleurs pas sans implication puisque Linda Hamilton, son ex-femme, et Michael Biehn, un de ses acteurs fétiches (« Aliens, le retour », « Abyss », « T1 » et « T2 ») vont du coup décliner eux-aussi l’invitation. Ne baissant pas les bras pour autant, les patrons de C2-Pictures commencent à solliciter des pointures comme Ridley Scott (« Alien », « Blade Runner »), David Fincher (« Alien 3 », « Fight Club »), John McTiernan (« Predator », « Die Hard ») et d’autres comme Roland Emmerich (« Stargate ») ou Christian Duguay (« Planète hurlante »). Mais, à vrai dire, personne ne veut prendre le risque de se mesurer au « Roi du monde ».

HE’S BACK

Finalement, au printemps 2001, Andy Vajna et Mario Kassar engagent Jonathan Mostow. Ce dernier, après une comédie horrifique désastreuse (« Beverlly Hills Bodysnatchers »), s’est illustré avec « Breakdown » (un thriller mettant en scène Kurt Russell à la recherche de sa femme au fin fond du désert ouest-américain) avant de confirmer ses aptitudes avec « U-571 » (un film de guerre principalement sous-marin dans lequel il combinait savamment scènes d’action, effets spéciaux et direction d’acteur). Si on ne l’attendait pas à pareil fête, le réalisateur n’en est pas moins capable de transformer cette opportunité, aussi inespérée que casse gueule, en un métrage de haute volée (voir mieux) si on lui donne les moyens (ça, c’est clair, il les a) et un scénario qui tient la distance (et là, c’est clairement moins évident).

Pour le peu que l’on en sait, les informations nous étant délivrées au compte goutte par bandes annonces interposées, le script de Teddi Sarafian (« Tank Girl ») et de la paire John D. Brancato / Michael Ferris (« Traque sur internet », « The Game » et prochainement « Catwoman ») se présente comme la suite de la saga débutée en 1984. Après coup, les évènements de 1995 n’ont pas changé grand chose, sinon empêcher le jugement dernier et repousser la prise de commande des machines. Sarah Connor est morte et John, son fils, âgé de 18 ans, vit désormais dans l’ombre, sans papier ni domicile, en monnayant ses talents de pirate informatique. Repéré par les ordinateurs de Skynet, le jeune homme devient bientôt la cible d’un nouveau Terminator venu du futur. Alors que le T-X, ou la Terminatrix, puisque cette fois la plus perfectionnée des machines tueuses de Cyberdyne arbore un corps de femme (en l’occurrence celui de Kristanna Loken, accessoirement top model norvègien), s’affirme comme une arme de destruction et de séduction massive, les humains, de leur côté, ont reprogrammé un bon vieux T-800 avant de l’expédier dans le passé pour qu’il protège John et se farcisse l’androïde femelle.

Edward Furlong (en cure de désintoxication) n’étant pas en mesure de reprendre son rôle, c’est Nick Stahl (« Comportements troublants », « In the bed Room », « Bully ») qui se charge d’incarner John Connor, tandis que Claire Danes (« Angela 15 ans », « The Hours »), nouvelle venue dans le monde de la science fiction, se glisse dans la peau de Kate Brewster, une jeune vétérinaire végétarienne embarquée malgré elle dans l’aventure. A noter également, l’absence de Brad Fiedel, puisque cette fois la partition a été confié à Marco Beltrami (« Resident Evil », « Blade II »).

Alors que Mario Kassar, tentant de rameuter les fans de la première heure, multiplie les effets d’annonce et promet, en plus d’un scénario décoiffant, des « cameos » de Linda Hamilton, Michael Biehn (qui de leur côté , affirment que cela ne sera possible que par l’intermédiaire de flash-back) et de Lance Henriksen (l’inspecteur Vukovich laissé pour mort dans le premier opus devant faire une apparition en fauteuil roulant), on peut déjà tabler que, du côté des effets spéciaux, ce 3ème opus tiendra toutes ses promesses. Certes, si Schwzarzenegger n’est plus ce qu’on appelle un jeune premier (à plus de 50 ans il se remet d’une maladie cardiaque congénitale), on peut être persuadé que ILM, au département des mystifications numériques, et Stan Wiston, en charge de l’animatronique et des maquillages spéciaux, auront apporté un soin tout particulier au design de la belle Terminatrix, dont la première apparition, sans fard, devrait, à elle seule, avoir des effets dévastateurs.

SHE’LL BE BACK

C’est du moins ce que prophétise le cyborg dans la bande annonce. Est-ce à dire que la bombe venue du froid est prévue au programme du « T4 » sur lequel planche déjà C2-Pictures ? Mystère. Encore faut-il que ce « soulèvement des machines » ne se transforme pas en simple épaulé et jeté. Mais, ça, seul l’avenir nous le dira. En attendant, rendez-vous le 6 août pour le retour du Titan.

http://www.t3-lefilm.com

Bruno Paul (juillet 2003)
Pour Science Fiction Magazine

La critique du film : Terminator 3, le soulèvement des machines



Bruno Paul
21 juillet 2003



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