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Guerre des âmes (La) T3 : Dragons d’une Lune Disparue
Margaret Weis & Tracy Hickman
Bragelonne – Milady, Lancedragon, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy Wizards of the Coast, 466 pages, mai 2009, 21,50€

Le Qualinesti dévasté par la mort de Béryl, les elfes fuient, en passant par le désert, chez leurs cousins. Mina, toujours investie de la puissance de Takhisis, poursuit ses conquêtes, bien décidée à s’emparer de Sanction, où la déesse maléfique se réincarnera.
Gerard, infortuné ballotté par le destin, joue les espions dans les rangs ennemis, bien décidé à ramener Odila, aveuglée par la foi en l’Unique, sur la voie de la raison.
Tasslehoff poursuit quant à lui ses sauts de puce dans le temps et l’espace.
Simultanément, chez les dieux…



Démêler l’imbroglio


Les 60 premières pages de ce troisième volume de « La Guerre des Âmes » s’attardent longuement à nous expliquer, car c’est loin d’être clair, le pourquoi du comment. Palin et Dalamar, puis les dieux aidés de Raistlin, s’y mettent : en gros, Takhisis a profité de la Guerre du Chaos pour “dérober” le monde, le “déplaçant” dans l’espace, le temps (?) et les plans, et le recouvrant d’un voile, grâce à des dragons d’un autre monde. Très affaiblie, elle s’est fait souffler la domination de Krynn par ces mêmes grands dragons, Azur, Béryl et Malys. Désormais revigorée, elle a donc entrepris, par l’intermédiaire de sa championne Mina, de reprendre son dû.
Pas facile à comprendre, d’autant que chacun y va de son hypothèse, que toutes se recoupent plus ou moins.
Bref… intéressons-nous plutôt à la solution : renvoyer Tass dans le passé, pour qu’il meure écrasé par le Chaos… sauf que le passé était inaccessible dans le tome précédent, et que par je ne sais quel miracle (il faut bien ça) ou fausse manipulation de la part du kender, ce n’est plus le cas.
De plus, l’ultime prière de Lunedor à Paladine a permis aux dieux de localiser le monde. Reste à y revenir, et pour cela à remettre l’histoire en ordre.

Ne vous creusez pas la tête avec des histoires de paradoxes temporels. Les auteurs Margaret Weis et Tracy Hickman les balaient d’une autre pirouette : Tass est plus ou moins déjà mort, et n’est qu’un pâle reflet (si j’ai bien tout saisi, c’est subtil). Donc son retour dans le « vrai passé » ne remet aucunement en question l’avenir qui en a découlé ! C’est-y pas beau ?
Heureusement d’ailleurs, car si un simple paradoxe avait effacé toutes ces aventures…
Bref…

Combattre le mal

Il y a quand même quelques points à sauver.
Les tribulations de Gerard uth Mondar demeurent captivantes, et occupent une grande majorité du récit. Suite aux évènements à Solanthus (voir le tome précédent), il propose au conseil des chevaliers solamniques de retourner auprès de Mina, et de jouer les espions. Ces espoirs de discrétion fondent comme neige au soleil, car Mina lit dans l’âme, et connaît ses intentions. Mais elle ne fait rien pour l’entraver, convaincue que nul ne peut nuire aux plans de l’Unique. Gerard recroisera la route d’Odila, qui s’est laissée séduire par l’Unique, faute d’autre dieu en qui croire, et n’aura de cesse de vouloir l’arracher à l’emprise de Mina et de Takhisis.

Les tracas de Galdar, le fidèle minotaure de Mina, font la force du récit. Témoin au début du tome de la cruauté de la déesse envers Mina, qui a failli en laissant échapper le kender, il doute de plus en plus de la bonté de l’Unique (déjà qu’il n’était guère motivé auparavant), mais voue une fidélité presque aveugle à Mina, au point de tenter de la dessiller lorsque Takhisis montre son vrai visage.

Les deux mages morts-vivants, guère actifs, ne joueront pas vraiment un rôle-clé dans la destruction du Portail qui aurait permis à Takhisis de s’incarner. Tout le mérite en reviendra à Miroir, qui a traversé cette histoire en proie au doute et au remords. Silvanoshei, l’amoureux transi, n’aura finalement pas servi à grand-chose, un peu à l’image des elfes dont la présence dans ce troisième volume relève de l’accessoire. Seul Rasoir, le dragon bleu de Medan, trouvera une fin à sa mesure.

La saga également, puisque Takhisis finira jugée par ses pairs les dieux, revenus sur Krynn. Si le 32e et dernier chapitre sert d’épilogue et refait un panorama du monde en ce début de Cinquième Âge, “l’Âge des Mortels”, en anticipant quelque peu, c’est le flou sur la présence divine sur Krynn.

Un nouvel Âge


« Dragons d’une lune disparue » renferme également beaucoup plus de références aux guerres et personnages antérieurs que les deux précédents volumes, la faute à de plus grands voyages temporels et au retour des dieux. Si une certaine méconnaissance de l’univers ne nuisait pas à la lecture jusque là, force est de constater que qui n’a pas lu (ou alors il y a longtemps, comme moi) les 6-8 volumes précédents sera un peu perdu à certains passages, et sentira des subtilités (légères) lui échapper.

Gnéé ???


Ainsi que le souligne le site Fantastinet, fort bien fait et que je vous conseillais déjà à la lecture du premier volume, il manque entre la trilogie des « Légendes de Lancedragon » et celle de « la Guerre des Âmes » le récit de la Guerre du Chaos. Cette erreur se répare doucement avec la parution cet été des « Nouvelles Chroniques » : « Deuxième génération » et « Dragons d’une flamme d’été ». Si Fleuve Noir publiait les romans un peu en désordre, on peut grommeler devant le piètre travail de Milady : malgré la reprise de la série, les efforts pour remettre de l’ordre dans la chronologie n’auront tenu que 8 tomes…

Un sentiment de bâclé

Cette série, pas si mal commencée, s’est donc enlisée dans une saga guerrière, sans rien apporter de neuf dans aucun de ses messages, que ce soit sur le fanatisme ou l’exil. Les auteurs accumulent les pirouettes pour justifier un principe du scénario plus que bancal, et s’en sortent en le rayant d’un simple trait, hop ! tout rentre dans l’ordre.
Malgré d’agréables morceaux de bravoure et des scènes au fort potentiel dramatique, la dispersion de l’intrigue sur tout le continent empêche un certain équilibre de la présence des héros, privilégiant les uns, rejetant les autres au rang de figurants, principalement dans ce dernier tome.

On a affaire ici au récit de la Grande Histoire, celle qui remodèle ce monde de jeu de rôles, qui redéfinit les alliances et les possessions. Et l’histoire (la « petite », malgré les 1300 pages de cette « Guerre des Âmes ») qu’on nous sert laisse un arrière-goût de bâclé. Rien de bien original, que du basique.

Enfin, on notera encore pas mal de coquilles, qui se raréfient, au profit des contresens et autres problèmes de relecture, sur le fond comme sur la forme. Le détail ci-dessous.

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dragons d’une lune disparue - corrections


Je ne suis pas sûr d’avoir compris quelle lune avait disparu dans ce « Dragons d’une Lune Disparue », étant donné qu’à la fin on en retrouve deux ou trois. Le titre du précédent volume était déjà moyennement évocateur du contenu qu’il renfermait…

Signalons enfin un détail rigolo : le fidèle serviteur de Gilthas s’appelle Planchet, comme le valet de d’Artagnan dans « Les Trois Mousquetaires ». Les auteurs en rajoutent une couche en faisant baptiser, page 385, le cheval de Gerard “Bouton d’Or” par Tass, comme la robe de la monture du célèbre Gascon (détail qui lui cause quelques soucis). Bien entendu, ça ne sert à rien, juste, comme pour moi ici, à écrire un paragraphe de plus...


Titre : Dragons d’une Lune Disparue (Dragons of a vanished moon, 2003)
Série : Lancedragon : La guerre des âmes, tome 3 (sur 3)
Auteurs : Margaret Weis & Tracy Hickman
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Michèle Zachayus
Couverture : Matt Stawicki
Éditeur : Bragelonne – Milady
Collection : Fantasy
Pages : 466
Format (en cm) : 15,4 x 23,8 x 3,6
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-2-8112-0137-1
Prix : 21,50 €


Sur la Yozone, la critique des volumes précédents :
- Tome 1 - Dragons d’un coucher de soleil
- Tome 2 - Dragons d’une étoile perdue


Nicolas Soffray
30 septembre 2009


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