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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Guillaume Guéraud : Hasta la Revolucion !
Interview Yozone de l’auteurs de « Déroute Sauvage » et de « La Brigade de l’Œil »
Septembre 2009

Guillaume Guéraud est un auteur qui tranche dans le vif. Les réponses à cette interview en sont la preuve parfaite.
Concision pour impact maximum. Parole au tronçonneur de mots…




Les livres de Guillaume Guéraud sur la YOZONE :
Déroute sauvage.
Le contour de toutes les peurs.
La Brigade de l’Œil (Rouergue)
La Brigade de l’Œil (Folio SF)
Je mourrai pas gibier


Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

J’ai 37 ans, j’ai passé 25 ans dans une cité de la banlieue de Bordeaux, j’ai commencé à écrire des romans en quittant ma cité, mes livres sont catalogués dans une collection pour les ados aux Editions du Rouergue, mais à mon avis même les vieux feraient bien de les lire. Ça fait 7 ans que je vis à Marseille. Je traîne à droite à gauche, rien dans les poches, mais les murs se rapprochent.

DEROUTE SAUVAGE

Une fois encore dans votre bibliographie vous abordez le thème de la peur. Qu’est-ce qui vous attire en elle ?

Avoir peur est certainement un des meilleurs remèdes contre l’ennui.

Ce roman est un hommage vibrant et sanglant au cinéma gore. A-t-il été difficile de rendre à l’écrit la tension que l’on peut ressentir de façon plus directe sur un écran de cinéma ?

La fureur est pour moi une chose facile à écrire. Le plus difficile est de retranscrire les éclairages et le son qui sont deux éléments essentiels dans le cinéma d’horreur.

Quelles sont justement vos références filmiques du genre ?

Essentiellement celles citées dans la page de remerciements au début du livre : « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper, « La Colline a des yeux » de Wes Craven, plus le remake de ce dernier par Alexandre Aja, ainsi que « Détour mortel » de Rob Schmidt et « Wolf Creek » de Greg McLean.

Quelle impression vouliez-vous laisser au lecteur en ponctuant chaque chapitre d’un élément du collège d’un des personnages : bulletin de notes, mot dans le carnet… ?

Sortir de l’horreur pure (en ancrant le récit encore plus fermement dans le banal quotidien) pour mieux y replonger.

N’est-il pas difficile de se plonger dans une écriture aussi noire sur un roman complet, même s’il est court ?

Non. Au début, c’était même amusant. Mais, entre temps, j’ai lu « La Route » de Cormac McCarthy et, du coup, je n’ai plus écrit mon histoire en rigolant.

Vous pensez aussi que l’ours n’est pas coupable de tout ce dont on l’accuse (référence au chapitre 8 et à la page 76 en particulier) ? ;-)

Évidemment !

Vous détestiez vos profs au collège ? ;-)

Non. Mais eux me détestaient.

Les ados semblent réagir plus efficacement que les adultes à cette situation tragique. Le visionnage de ce genre de film ou la lecture de votre roman ne sont-ils pas par hasard comme des guides de survie si jamais on rencontrait ces dangers ? En gros, votre livre ne devrait-il pas être considéré d’utilité publique ? ;-)

Non, c’est juste un roman écrit pour tenter de foutre la trouille.

(Attention spoiler) Pourquoi est-ce le lecteur de livres, anti-consumériste, qui s’en sort ?

C’est un choix politique de ma part. Contre la pensée unique dominante qui, à longueur de temps, à la télé, à la radio, partout, nous serine que seule la consommation apporte le bonheur et la liberté.

LE CONTOUR DE TOUTES LES PEURS

Dans quelle espèce de transe doit-on se plonger pour se mettre à la place d’un gamin de 14 ans pris en otage et violenté ?

C’est pas une transe. Juste un état assez oppressant et tendu.

On déteste d’abord l’agresseur puis on apprend ses circonstances atténuantes. N’est-ce pas un piège pour le lecteur, une façon de le dérouter ?

Si. Et parce que je ne peux curieusement jamais m’empêcher de trouver des circonstances atténuantes aux criminels en tout genre.

Au moment du procès, la mère accable l’agresseur, fait traîner l’enquête et donc le procès lui-même. N’est-ce pas une forme de vengeance acceptable déontologiquement mais qui pose question ?

Je ne sais pas.

Sans parler de l’avocat commis d’office que vous présentez presque comme une manœuvre pour achever l’accusé/agresseur. On se sent du côté de la mère et de son fils, mais cette fin laisse un côté amer. La sentence aussi quelque part. Aussi peu pour autant de mal commis. Avez-vous voulu dénoncer ou exposer les méandres de la justice et peut-être ses imperfections ?

En fait, j’ai interrogé trois avocats sur ce dossier fictif, et tous les trois m’ont annoncé des risques de peine encourue complètement différents. Entre deux semaines de prison avec sursis et trois ans fermes. J’ai coupé la poire en deux.

Au-delà de la peur, qui est votre sujet de prédilection, avez-vous voulu traiter de l’impuissance ?

J’ai juste voulu poser des questions sur la violence et la peur. Comment faire face ? Comment s’en tirer ? Peut-on oublier ? Sans livrer de réponses, parce que je les ignore.

Dans votre roman on a l’impression qu’il n’y a pas de vainqueur de toute façon. Est-ce une parabole sur la vie en général ? Seriez-vous un cynique ?

J’ai toujours été cynique, mais je vieillis et j’ai de moins en moins d’humour, alors je ne suis plus que pessimiste.

Côté écriture, quel est votre secret pour rendre aussi palpables et charnelles toutes ces scènes dramatiques ?

Je fonctionne avec les yeux. J’ai une écriture visuelle. Cinématographique. Je me contente de décrire les faits et gestes de mes personnages. Ça suffit amplement. L’imagination des lecteurs fait le reste.

LA BRIGADE DE L’ŒIL

N’est-ce pas une hérésie que d’écrire un livre qui vante autant le cinéma et les images ?

Pas pour moi. Parce que je ne serais pas grand chose sans tous les films que j’ai pu voir.

Qui vous a inspiré un personnage comme Falk qui va jusqu’au bout de sa folie ?

Essentiellement le personnage du flic interprété par Mickey Rourke dans « L’Année du dragon » de Michael Cimino.

Vous ne dites pas pourquoi l’Impératrice Harmony a fait mettre en place la Loi Bradbury qui a conduit à tant de massacres. Alors, pourquoi ?

C’est le postulat de départ. Mais quelques explications parsèment le livre. Cette loi a avant tout été promulguée pour désintoxiquer les esprits des images. Parce que les images sont en quelque sorte devenues notre nouvelle religion, notre nouvel « opium du peuple ».

Vous utilisez un style encore très particulier sur ce livre, avec ces répétitions par 3 phrases, ces phrases séparées par un tiret faisant presque fi de la ponctuation. Comment vous vient cette envie, et pourquoi ce style dans ce livre ?

J’ai très clairement pompé sur le style haché et percutant utilisé par James Ellroy. Pour secouer davantage les lecteurs.

À un moment, un des personnages sort des statistiques sur les flics qui lisent enfin des livres. Mais on constate qu’ils ne lisent que des magazines et des documentaires et pas de romans. Vous vouliez passer un message sur le fait que la disparition des images ne rend pas automatiquement lecteur ou alors vous en avez contre les forces de l’ordre ? ;-)

Non, dans le roman, c’est faux, les flics lisent en moyenne six romans par mois (p. 235 aux Editions du Rouergue, p. 184 dans la version poche Gallimard SF). (Au temps pour moi, NDA) Après, oui, dans la réalité, je crois que les flics sont avant tout des cons, essentiellement parce qu’ils n’ont aucune culture.

Considérez-vous avoir écrit un livre de science-fiction, tout du moins d’anticipation ? Vous êtes-vous posé la question ou alors le propos ne pouvait-il passer autrement que par ce genre littéraire ?

Je considère que c’est un roman noir ancré dans un futur improbable.

Vous aimez le cinéma, ça se ressent dans tous vos livres. Pourquoi ne pas vous être lancé dans le 7ème Art ?

Parce que le cinéma est un travail d’équipe et que je suis solitaire. Et parce que tourner un film demande beaucoup d’argent et que je n’ai pas un rond.

ET VOUS ?

Où aimez-vous travailler ?

Sur les terrasses des cafés.

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

Pas vraiment.

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

Non.

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

Après avoir terminé un livre, je vais souvent me vider la tête en allant voir un tas de mauvais films au cinéma. Je garde les bons pour quand je cherche des idées.

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

Ne jamais regarder la télévision. Et prendre une hache pour décapiter les patrons, les bourgeois et les propriétaires.

Votre futur éditorial ?

Ecrire un scénario de bande dessinée. Et continuer à écrire des romans aux Editions du Rouergue.

Merci Guillaume.



Michael Espinosa
16 septembre 2009


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