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La fin des illusions
Une charrette pleine d’étoiles de Frédéric H. Fajardie
Délices & Daubes n° 165


Bon, les gens, c’est vacances, là, août et cagnard, orages et barbecues.

Alors je prends des vacances d’imaginaire mais pas de littérature.

J’aurais pu et j’aurais dû vous causer bien avant le présent billet d’un grand écrivain français, mort il y a peu bien trop jeune, Frédéric Fajardie. Alors je me rattrape.

Fajardie, comme d’autres beaucoup plus célèbres ou plus cotés, genre Malraux ou Hemingway, nous parle de la Guerre d’Espagne dans « Une charrette pleine d’étoiles » (Mille.Et.Une.Nuits n°540, 200 pages, 4 €). La mode étant aux romans historiques, faudrait pas oublier Fajardie. D’ailleurs le pote Hervé en a bavassé par là.

C’est surtout un formidable écrivain, de romans noirs surtout, et politiques aussi.

Et ben, s’il y a des jeunes qui me lisent (tout est possible, non ?) et qui n’ont pas la moindre idée de ce drame que fut la guerre civile espagnole qui précéda et annonça la Deuxième Guerre Mondiale, qu’ils lisent ce roman, court et percutant, formidablement vivant et vrai.

Fajardie choisit l’année 1938, la fin, la débâcle des républicains et le triomphe des nationalistes fascistes de Franco.
Trois potes d’usine partent rejoindre les rangs de ceux qui combattent pour la liberté. L’amitié aura raison des divergences idéologiques entre le communiste et le rebelle tendance anarchiste.
Mais que la guerre est vilaine, et que les détenteurs de pouvoir sont immondes. Certes l’organisation stalinienne des communistes et des Brigades Internationales est efficace, mais à quel prix ? Fallait-il vraiment éliminer les trostskistes du POUM et les anars de la CNT ? Et donc faciliter la victoire de Franco, appuyé par ses Maures, les canons des Italiens de Mussolini et les avions des Allemands d’Hitler ? Alors que le Front Populaire choisit la non-intervention et la mort de ses idéaux ?

Si ces sigles et ces mots ne vous disent rien, tapez la Gougle ou lisez Fajardie. Né en 1947, c’est un des rares à être resté fidèle à ses engagements politiques, à la gauche de la gauche, depuis 1968 jusqu’à sa mort. Bien sûr que rien que pour ça il mérite le respect, mais aussi – et ça, c’est encore plus rare – c’est un grand écrivain.
L’histoire de ces trois poteaux d’usine qui deviennent artilleurs, qui s’aiment et qui s’engueulent, se lit en 3-4 heures. Et vous en sortez plus riches. Vous avez appris des trucs, vous avez réfléchi et vous avez pris du recul sur l’Histoire et les idéologies, d’hier et d’aujourd’hui.

Chapeau bas.


Henri Bademoude
20 août 2009


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