Pete Orsini est un excellent légiste et un expert en anatomopathologie. Mais il a aussi deux grands défauts : il est français – toujours ce blocage post guerre en Irak – et surtout d’une grande intégrité. Alors, quand il découvre que le fameux crâne est vieux de près de 10 000 ans et d’origine européenne, il va engendrer des remous qu’il n’imaginait pas une seconde. Entre les services secrets qui manipulent dans l’ombre les extrémistes de tendance néonazie et les Mohégans qui ne veulent pas d’une rumeur faisant d’un blanc le premier propriétaire de leur territoire. Son travail ne sera pas de tout repos.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas tenu entre mes mains une œuvre d’André Chéret. Comme beaucoup de personnes de mon âge, j’ai dévoré les aventures de Rahan dans les pages de Pif Gadget. Mais cette fois, si l’ombre du fils des âges farouches n’est pas loin, nous passons à l’ère contemporaine.

Au scénario, PFM. Diplomate dans une grande ville américaine – d’où l’étrange pseudo ? -, son passé politique explique beaucoup l’omniprésence de la théorie du complot dans son récit. Et ce sont les native americans, que nous appelons indiens à cause d’une légère erreur du sieur Colomb, qui sont au cœur de celui-ci. Si ce n’est pas très original, PFM plante parfaitement son histoire et ses personnages, ou plutôt ses pions, et ne nous dévoile que le strict minimum sur l’étendue de ce complot, se focalisant dans le premier tome sur l’affaire du « crâne ». Toutefois, tous les préjugés bien européens sur nos amis américains (racistes, arriérés du bulbe, alcooliques, adeptes du bling bling...) sont au rendez-vous, Dommage.

De son côté, André Chéret est fidèle à lui-même, avec des dessins très old-school, des mise en scène de vieux films d’espionnage. Mais si je faisais référence à Rahan, c’est aussi parce que les indiens de Chéret en sont les purs enfants graphiques, vue l’incroyable ressemblance entre ce dernier et Memphrenagog ou encore le chef Uncas. Les traits des visages ont tous la même trame commune, pas terrible quand il s’agit de personnages féminins. Mais ce qui est certainement le plus désagréable, c’est le découpage des dialogues dans les bulles. Les phrases sont hachées menues, rendant la lecture parfois pénible.

“Le Dernier des Mohégans” est donc destiné aux amateurs de BD, style “XIII”, et surtout aux inconditionnels de Chéret, qui ne seront pas rebutés par son style graphique très personnel.

Le Dernier des Mohégans, Cycle 1 (T1) : l’Ancêtre
 Scénario  : PFM
 Dessin  : André Héret
 Éditeur : Grand Angle
 Dépôt légal : 3 juin 2009
 Format : 235x310 mm
 Pagination : 48 pages couleurs
 Prix public : 12,90 €
 Numéro ISBN : 2-35078-601-8

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