Genre : Fantastique (fantômes, slasher)
Durée : 1h28
Interdit au moins de 13 ans (en Corée du Sud)
Avec Lee Beom-soo (Hwang Chan-wook), Yoon Jeong-hee (Choi So-yeong), Nam Gyu-ri (Kang Yi-na), Han Na-yeon (Yoon Myong-hyo), Kim Bum (Kang Hyeon), etc.
Fin d’année dans un lycée sud-coréen qui ne va pas tarder à recevoir les élèves d’un prestigieux établissement anglais en séjour linguistique, la direction et les enseignants créent, après les résultats des derniers examens, une classe de supers étudiants chargés d’en découdre avec les petits occidentaux.
Alors que les élèves et quelques profs se retrouvent pour une séance de bachottage intensif, une élève disparaît et le réseau TV de l’établissement est piraté.
Une vidéo apparaît et montre l’otage en facheuse posture. Ses compagnons de classe ont un temps limité pour résoudre une énigme et la sauver. Une condition sine qua non à respecter : interdiction d’appeler à l’aide les autorités et de sortir de l’enceinte du lycée.
La mode des films fantastiques venues d’Asie étant un peu à la baisse dans les milieux cinéphiliques avisés, il n’est pas dit que ce « Death Bell » (La Cloche de la Mort) sortent un jour sur les écrans Français autrepart qu’en festivals spécialisés.
Seul film fantastique produit en Corée du Sud en 2008, « Death Bell » est le résultat des premiers travaux cinématographiques de Yoon Hong-Seung (simplement appelé Chang aussi), réalisateur plutôt spécialisé dans la vidéo jusqu’alors. Sa sortie en salle a été un succès là-bas, rejoignant presque les chiffres de « Deux Sœurs » (A Tale of Two Sisters, 2003) de Kim Jee-Woon qui avait obtenu ensuite le Grand Prix à Gérardmer par chez nous ainsi qu’un accueil fièvreux de la critique en 2004 (nous étions restés un rien hermétiques à tout cela en Zone Yo).
Moins original, plus conventionnel, moins marqué culturellement, ce « Death Bell » propose une heure et trente minutes de cinéma fantastique habilement tourné, mais le cul entre deux chaises.
Expliquons-nous. Le scénario semble mettre en place une histoire de prise d’otages dans un environnement confiné et fermé (le lycée) dont les élèves et les enseignants ne peuvent sortir. Le tout est saupoudré d’éléments fantastiques, très vites horrifiques, pimentés de séquences de tortures à la mode contemporaine (plans recherchés, ambiances sadiques et beauté visuelle de l’ensemble).
Après un premier tiers assez calme et convenu, hésitant entre la représentation sociale et culturelle de l’univers éducatif des jeunes sud-coréens et le lancement de l’action et du sujet, ce « Death Bell » va offrir quarante-cinq minutes assez dures et éprouvantes où vont se succéder des moments de suspenses intenses et pas mal de plans frisant le gore (sans parler de l’évident côté « je te torture atrocement et consciensieusement pour le fun » afin de faire monter la sauce). Nouveau retournement de situation dans le dernier quart d’heure, alors que l’on avait pensé trouver une explication « raisonnable » à l’aventure, surgit un twist final qui pose lourdement une conclusion logique réelle à mon tout... Déroutant !
Néanmoins, l’ensemble s’avère plutôt agréable et intéressant, étonnant non ?
Re-expliquons-nous !
Comment en partant d’un scénario visiblement hésitant, peut-on au final se retrouver avec un film plutôt intrigant à regarder, telle est la question que l’on se pose à l’apparition du générique final.
Tout simplement parce que Yoon Hong-Seung (Chang pour les intimes, répétons-le) s’appuie sur une distribution bien choisie et parfaitement dirigée. Des profs aux élèves, personne ne dévie et le lien narratif se solidifie (alors qu’il ne le devrait pas). Ensuite, la réalisation est cimentée par un art évident de la prise de vue (choc ou classique) et un montage énergique à souhait. Puis, loin, très loin des classiques histoires de fantômes aux chevelures de longueurs et formes variables (très obscures à appréhender pour nous pauvres occidentaux), les codes locaux, incompréhensibles pour le spectateur moyen convenablement mondialisé, sont grandement ignorés ou allégés.
Malgré ses nombreuses influences qui vont du cinéma fantastique local, au slasher occidental en passant par une thématique à la « Battle Royale », « Death Bell » est du coup et tout simplement une petite boutique des horreurs, bien sanglante et parfaitement enrobée.
La somme de ces parties s’améliore donc grâce à une bonne utilisation de la forme (l’emballage et son traitement) et non grâce à son fond (le sujet et ses idées). C’était une option, peut-être pas la plus risquée, mais elle a au moins le mérite de proposer un film visible, compréhensible dans ses qualités comme dans ses défauts, et même intéressant.
Déjà pas mal et donc à voir.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Gosa (Corée du Sud, 2008)
Réalisation : Yoon Honh-seung (Chang)
Scénario : Yoon Hong-Seung (Chang), Kim Eun-Kyeong
Producteurs : Seong Been, Kwang-seop Kim
Musique originale : Jun-seong Kim
Photographie : Seong-ryong Heo
Montage : Yu Yeong-ju
Production : Mirovision (Corée du Sud)
Distribution : Mirovision (Corée du Sud), IFC Films (USA)
PS : désolé, mais le générique en coréen ne m’a pas aidé à proposer une fiche technique complète (votre serviteur n’étant pas pratiquant).
