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Entre les lignes
La dimension des miracles revisitée de Robert Sheckley
Délices & Daubes n° 161


C’est le dernier roman de Robert Sheckley, un grand bonhomme de la SF, et c’est un éditeur français, oui monsieur, qui l’a publié, traduit par Jean-Marc Lofficier et préfacé par Robert Silverberg. Le manitou de la Yo-litt, l’ami Stéphane Pons, vous en a dit le plus grand bien à sa sortie.
Rivière Blanche et son boss, Philippe Ward, font du bon boulot de passionnés, qui se foutent de la mode comme de leur premier Fleuve Noir.
Alors on leur pardonne les abondantes coquilles qui émaillent leurs ouvrages.
D’ailleurs il n’y en a pas tant que ça dans celui-là.

Sheckley est un drôle d’auteur et un auteur drôle. Plutôt drôlatique d’ailleurs, sarcastique, satirique, lucide mais jamais méchant. Je vous en causâtes par là.
Ce bouquin-là ressemble à un truc écrit au fur et à mesure de l’inspiration. Je n’ai rien contre a priori. La légende veut que Stefan Wul faisait comme ça aussi.

Au Centre Galactique vivent des êtres excessifs : un Roi de l’Espace Infini trop gentil qui s’ennuie, le baron Corvo son chef de la police secrète trop tordu, une princesse Robin trop princesse, un « envoyé royal » Sheesh trop vénal et trop peureux, et Tom Carmody, fameux « héros » du bouquin précédent non revisité, un type ordinaire et peu contrariant qui se laisse porter par les événements.
Les saynètes se succèdent, jamais sérieuses, jamais dramatiques, légères et parfois marrantes.

L’histoire s’interrompt page 168. Robert explique qu’il est en panne d’inspiration. Et ça repart page 169 pour finir page 230. Le ton est légèrement différent d’avant, on voit apparaître des démiurges, le Roi devenu anti-royaliste est remplacé par Sheesh, Corvo préfère aller sur Terre s’occuper de la femme de Tom.

Mais cette suite d’aventures un peu gratuites et sans queue ni tête est l’occasion pour Sheckley de dénoncer, à sa façon, les excès et les défauts de notre monde, du pouvoir, des philosophies, de l’argent, de la publicité, et même de l’amour et du couple.

Ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre mais c’est un bouquin sympathique. Contrairement aux attentes, il n’est pas qu’absurde et comique et, bizarrement, il vous laisse un goût doux-amer dans la bouche.


Henri Bademoude
22 juillet 2009


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