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Washita (T1)
Gauthier, Lerolle et Labourot
Dargaud

D’emblée, avec une scène de chasse d’une sauvagerie époustouflante, en cinq planches muettes où l’emphase triomphe sous la forme de longs panoramiques et d’images éclatées, le ton est donné. Nous sommes dans un univers habité par le souffle de l’épopée, un monde où se déroule une tragédie...



Une tragédie composite, qui est d’abord celle d’Equani, valeureux guerrier qu’obsède la vision récurrente de la belle et ensorcelante Washita, femme de ses rêves dans tous les sens de l’expression. Une tragédie qui est aussi celle de l’ensemble du clan, confronté à la mystérieuse maladie qui frappe les hardes de daims, les parsemant de tâches noires où se lirait la preuve de quelque malédiction secrète.

Et donc, pour conjurer le sort et la menace que les animaux malades font peser sur les hommes, c’est à Equani, brave d’entre les braves, qu’il appartient d’accomplir le périple qui mène, entre réel et visions chamaniques, jusqu’à la divinité du peuple des daims.

Construit selon une alternance de séquences muettes et de phases de paroles qui explicitent les choses avant de relancer l’action, ce premier album ne manque certainement pas d’allure ni d’ambition. Au point que le dossier de presse se risque à annoncer un drame shakespearien chez les indiens Cherokees ! Ce qui est sans doute un rien intrépide. De sorte que les très mauvaises langues, à propos de cette histoire d’amour et de mort, seraient tentées de parler, autant que de « Roméo et Juliette », de ce qui pourrait bien être une transposition inversée de « Beaucoup de bruit pour rien »...

Soit beaucoup de silence pour pas toujours grand-chose... Car pour être tout à fait sincère, et révérence gardée au métier généralement sûr de Thomas Labourot, , le découpage des séquences sans parole est tellement fragmenté, voire parcellaire, que la reconstitution de l’action dans l’esprit d’un lecteur bien intentionné peut relever du tour de force. Une difficulté de lecture que risquent d’accentuer, hélas, trois fois hélas, les couleurs particulièrement sombres dont Christian Rérolle couvre certaines des planches...

Ce sont là des écueils regrettables et indéniables à la lisibilité d’un album qui n’en comporte pas moins, au-delà de la sincérité de ses intentions, de réelles qualités. Qualités d’inspiration narrative de Séverine Gauthier, d’une part, puisque la personnalité et le parcours d’Equani, partagé entre ses sentiments et son rôle social, passant de plain-pied des dangers du réel à ses démons intimes, sont vraiment attachants. Qualités graphiques également, dont cette volonté de Thomas Labourot d’appliquer aux corps des personnages et à des éléments de décor une stylistation inspirée de l’art amérindien Haïda, et d’harmoniser ainsi argument narratif et rendu visuel.

Au total, on sort donc de Washita avec des impressions et des jugements mêlés, sans pourtant qu’ait disparu l’envie d’en savoir plus et de continuer à suivre la saga, entre ombres et lumières d’un Nord américain à l’état de « terra incognita »...


Washita (T1)
- Scénario : Séverine Gauthier
- Dessin : Christian Lerolle
- Couleurs : Thomas Labourot
- Éditeur : Dargaud
- Publication : 12 juin 2009
- Pagination : 56 pages
- Format : 24 x 32 cm
- Prix public : 13,50 €
- Numéro ISBN : 978-2-5050-0609-1


Illustrations : © Dargaud et les auteurs



Alain Dartevelle
29 juillet 2009




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