Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Ghost of Mars
Film américain de John Carpenter (2001)
21 novembre 2001

***



Genre :Western Spatial
Durée :1h38

Avec Natasha Henstridge (Melanie Ballard), Ice Cube (James ’Desolation’ Williams), Pam Grier (Helena Bradock), Clea DuVall (Bashira Kincaid), Jason Statham (Jericho Butler), Liam Waite (Michael Descanso), Joanna Cassidy (Dr. Arlene Whitlock), Wanda De Jesus (Akooshay), Duane Davis (Uno), Lobo Sebastian (Dos), Rodney A. Grant (Tres), Peter Jason (le conducteur du train), Richard Cetrone (Big Daddy Mars), Rosemary Forsyth (l’enquêtrice)

2176. Sur Mars, qui achève son processus de terra-formation, une société de type matriarcale, regroupant 640.000 pionniers, a entamé, depuis quelques années, la colonisation de la planète. Alors que les activités d’explorations s’intensifient, d’étranges rumeurs, faisant état de massacre dans des régions éloignées, commencent à circuler parmi la population. Mais, les choses se précipitent lorsque le lieutenant des forces de police martienne, Melanie Ballard (Natasha Henstridge), second officier de la brigade d’escorte chargée de rapatrier le responsable de ces tueries, est retrouvée seule, contusionnée et menottée, à bord d’un train entré en gare sous pilotage automatique.
Une commission d’enquête est immédiatement ouverte et l’agent Ballard est convoquée pour présenter son rapport. Son récit nous ramène deux jours plus tôt, à bord du 74 Yankee, un train blindé qui traverse, sur l’unique voie de chemin de fer, les étendues désertiques de l’enfer martien séparant Chryse, la capitale régionale, aux exploitations minières de la vallée du sud. Son unité, commandée par le capitaine Helena Bradock (Pam Grier) et composée d’elle-même, de l’officier Jericho Butler (Jason Statham) et de deux nouvelles recrues, Bashira Kincaid (Clea DuVall) et Micheal Descanso (Liam Waite), rejoint la cité minière de Shining Canyon pour prendre en charge un détenu et assurer son transfert vers Chryse. Une mission d’escorte assez banale, si l’on met de côté l’inexpérience des deux bleus de l’équipe et la réputation de leur prisonnier, le dangereux criminel James Williams (Ice Cube) au surnom évocateur de « Désolation ». C’est d’ailleurs ce qu’ils découvrent en débarquant à Shining Canyon, transformée en ville fantôme. Exception faite des pensionnaires des geôles de la prison, dont « Désolation » fait parti, toute la population semble avoir disparue. Mais en poursuivant l’inspection de la colonie, les membres des MPF vont aller de stupeur en horreur. Ils découvrent tout d’abord une exposition de cadavres sans tête, pendus par les pieds comme pour mieux exhiber la diversité de leurs mutilations. Puis, après avoir retrouvé les têtes des victimes suspendues sur des piquets à flanc de colline, comme offertes à quelque divinité martienne, l’agent Jericho Butler tombe sur ce qui pourrait être le reste de la population de Shining Canyon : un groupe d’une centaine d’individus qu’un état de démence sanguinaire a transformé en guerriers cannibales. Bloqués dans Shining Canyon jusqu’au prochain passage du train, les policiers se replient dans l’enceinte de la prison et organisent la défense conjointement avec les détenus.

Mal accueilli par le public outre-atlanique, ce « Ghosts of Mars » se révèle pourtant comme un concentré, à haute valeur énergétique, de l’univers cinématographique de John Carpenter. On y retrouve tout d’abord les influences du western, auquel le réalisateur voue une passion inébranlable, et en particulier celle de « Rio Bravo » d’Howard Hawks et de « Zulu » de Cy Enfield, dont il aurait transposé l’action durant la colonisation de la planète rouge. Si les références visuelles au genre sont omniprésentes - chemin de fer, canyon, étendue désertique, ville-fantôme - et qu’il en conserve certains stéréotypes - le vilain bandit, la troupe de Marshall - il en transcende le propos au moyen d’une menace fantastico-extraterrestre, les esprits vengeurs et démoniaques des fantômes du peuple martien. Nanti d’un budget dérisoire et de décors minimalistes, Big John démontre, une fois de plus, son indéniable savoir faire et nous embarque pour 1h30 de cinéma endiablé, sur fond de musique hardcore (qu’il co-signe avec Anthrax), dans un crescendo d’action jubilatoire, uniquement motivée par l’envie de se faire plaisir. Dans un pur style Carpenterien, il enchaîne les tableaux, jouant sur la frontière indicible entre horreur et beauté, humour et cruauté, qu’il illustre de références issues de sa propre filmographie, pour nous asséner un des ces chocs visuels dont il a le secret. On pense, bien entendu, à « Assault on precint 13 », dont il s’approprie la trame dramatique, à « Fog » également, matérialisant ici la résurgence et la progression des fantômes martiens, à « The thing », à « Jack Burton » pour la chorégraphie des combats, ou encore aux « Escape .... » pour la violence et l’humour.

A contre-pied de ses habitudes, Big John offre non seulement la part héroïque à la gente féminine mais, de plus, brouille les cartes du pouvoirs de l’autorité et de la séduction en plaçant son récit dans le contexte d’un société dirigée par les femmes.
C’est Natasha Henstridge (« La mutante »), venue au dernier moment remplacer Courtney Love de façon avantageuse, qui bénéficie du revirement du réalisateur et hérite de ce rôle de femme aux muscles et aux nerfs d’acier. A la fois Autorité face aux avances de son subalterne Jericho Butler, et Loi au yeux de Desolation, elle va parvenir aux cours des affrontements à forcer l’admiration de ces deux mâles à la virilité prononcée. Dans le petit groupe d’assiégés, une autre femme forte, possédant la clé et une part de responsabilité dans ce terrifiant mystère, va peu à peu se dévoiler : le Dr Arlene Whitlock, interprétée par la toujours superbe Joanna Cassidy (la charmeuse de serpent de « Blade Runner »).

On pourra, par contre, ne pas être convaincu par l’intérêt de cette narration en puzzle et flashback ou encore regretter qu’au détriment de certaines répétitions dans les scènes de castagne, Carpenter n’est pas préféré approfondir les personnages interprétés par Pam Grier (l’égérie des années 70 de la Blaxploitation) et la jeune Clea DuVall (« The Faculty », « Intrusion »).
Loin d’être innovant et/ou inoubliable, « Ghosts of Mars », plus à classer au niveau de « Los Angeles 2013 » que de l’excellent « The Thing », s’affirme néanmoins comme un sympathique voyage, sans prétention, au pays des obsessions (déjà explorées) du réalisateur. Une histoire effrayante et bien balancée, dont l’objectif n’a jamais été de nous infliger une luxation du cerveau, mais au contraire de nous offrir, pour le seul plaisir du récit, un moment de cinéma simplement jouissif.

FICHE TECHNIQUE

Titre original :Ghosts of Mars

Réalisation
 : John Carpenter
Scénario :John Carpenter et Larry Sulkis

Producteur : Sandy King

Musique originale :Anthrax, John Carpenter
Image  : Gary B. Kibbe
Montage :Paul C. Warschilka
Distribution des rôles :Reuben Cannon
Création des décors :William A. Elliott
Direction
artistique :William Hiney, Mark W. Mansbridge
Création des costumes :Robin Michel Bush
Décorateur de plateau :Ronald R. Reiss

Production :Screen Gems, Storm King Productions
Distribution :Columbia TriStar Film Distributors International
Effets spéciaux :Amalgamated Pixels, Hunter Gratzner Industries Inc., K.N.B. EFX Group Inc., O’Connor FX, Riot Pictures, ShadowCaster Inc., The Chandler Group

http://www.ghostofmars-lefilm.com/


Bruno Paul
21 novembre 2001



JPEG - 11.3 ko



JPEG - 4.4 ko



JPEG - 7.4 ko



JPEG - 4.2 ko



JPEG - 5 ko



JPEG - 4.8 ko



JPEG - 5.8 ko



Chargement...
WebAnalytics