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Jusqu’au Dernier
Nicci French
Fleuve Noir, Thriller Policier, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), polar psychologique, 391 pages, 19,90€

Coursière à vélo, Astrid Bell partage une grande maison londonienne avec plusieurs colocs. Une existence insouciante qui se fissure lorsque Miles, le propriétaire, décide de vendre pour s’installer avec son amie… Puis une voisine est assassinée, vite suivie d’une cliente d’Astrid.

Quel rapport entre ces assassinats qui n’ont qu’un seul point commun : la présence d’Astrid ? Bien qu’innocente, celle-ci sent l’étau se refermer…



Nicci French (ou plutôt le duo Nicci Gerrard/Sean French) n’a cessé de perfectionner son art, qui l’a menés au statut de best-seller : si leurs romans ont une identité délicieusement british, là, c’est l’atmosphère londonienne, avec ses pubs et ses loyers hors de prix, qui prend un relief surprenant. Je défie quiconque est allé récemment dans la capitale de Sa Gracieuse Majesté de ne pas se retrouver en terrain connu, tant mille petits détails touchent juste. Un véritable tour de force !

Par contre, le portrait d’un groupe, non pas d’amis, mais plutôt de gens disparates que le destin a réunis et qui finissent par se déchirer dès que leur routine est menacée évoque plutôt des modèles de cynisme british genre « Petits Meurtres Entre Amis ». Le duo French prouve qu’il peut sortir des personnages de bourgeoise quadra en s’attaquant ici à un ensemble disparate, d’origines sociales différentes, mais avec toujours une narration à la première personne. Le milieu des coursiers à vélo, beaucoup plus développé dans d’autres capitales que chez nous (à cause du métro ?), est ici crédible sans gros pavés descriptifs et s’insère fort bien dans la trame policière.

Celle-ci justement réussit bien à rendre l’impression de chaos croissant et de suspicion qui naît lorsque des gens ordinaires se retrouvent mêlés à l’extraordinaire, en l’occurrence une série de meurtres. L’intrigue redevient plus classique dans sa seconde partie après un basculement où le narrateur devient le criminel lui-même. On retombe dans des constructions remontant à Agatha Christie, ce qui n’est pas forcément désagréable, mais donne l’impression de passer abruptement de la pinte de bière à la tasse de thé…
Plus que les mobiles, c’est la logique intrinsèque du tueur qui est là disséquée avec minutie, confirmant l’étiquette « psychologique ». Il est juste dommage que, comme toujours ou presque avec les criminels diaboliques, celui-ci se fasse prendre par un des artifices les plus éculés du dictionnaire.

Un défaut qui rend cette seconde partie étrangement moins intéressante passée la surprise initiale. Reste surtout un bon roman de mœurs et d’atmosphère, crédible au possible et extrêmement bien écrit (et dans une traduction qu’on peut présumer tout aussi réussie). Cela ne révolutionnera pas le genre, mais se lit fort agréablement.
Par contre, on peut s’interroger sur la pertinence du titre français qui n’a pas grand rapport avec le contenu !


Titre : Jusqu’au Dernier (Until it’s over, 2007)
Auteur : Nicci French
Traduction : Marianne Bertrand
Couverture : David Gibson & Paul Knight / Trevillion Images
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : Thriller policier
Site internet : site éditeur, les auteurs sur wikipedia
Pages : 391
Format (en cm) : 14 x 22
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 978-2-265-08730-9
Prix : 19,90€



Thomas Bauduret
16 juin 2009


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