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Cicatrice du Diable (La)
Laurent Scalese
Belfond, Roman Policier, roman (France), polar, 309 pages, mars 2009, 19€

Cette cicatrice est celle de Cécilia Rhodes, productrice réputée et sans scrupules. Lorsqu’un de ses scénaristes esclaves se jette par la fenêtre de son bureau, le commissaire Milot fouille le passé trouble de la productrice… qui s’est trouvée un nouveau jouet : Charlie Kessel, un auteur raté.
En pleine crise de confiance, celui-ci voit dans le contrat qu’on lui fait miroiter une véritable bouée de sauvetage.

Jusqu’où ira-t-il pour répondre aux caprices de la production ?



Difficile de parler du milieu de la télévision sans tomber dans les écueils habituels : le glamour (le monde de la « boîte à cons » adorant mettre en scène ses prétendues turpitudes pour mieux réaffirmer sa supériorité auto-proclamée sur le vulgus pecum) ou le moralisme facile.

Des écueils que Laurent Scalese, qui est en train de se faire une niche dans le milieu encombré du polar, évite comme en se jouant. Difficile de croire à l’aspect glamour et bling-bling lorsqu’on met en scène des personnages aux passions bien humaines et somme toute basées sur des émotions basiques : la soif de pouvoir, de renommée ou tout simplement, pour l’auteur Charlie Kessel, plongé dans un milieu cruel et capricieux, la survie la plus élémentaire, quoi qu’il en coûte.

De moralisme facile, point non plus. L’auteur a l’intelligence de faire vivre ses personnages sans jamais les juger, et même ce « diable » qu’est la productrice est avant tout humaine, trop humaine.
Au lecteur de faire son propre jugement, mais l’impression qui domine est celle de la tristesse. Tristesse de cet univers qui glorifie un jour pour rejeter le lendemain, accroché à ses privilèges ou prêt à tout pour y accéder, où le sexe n’est qu’une commodité pour parvenir à ses fins et ou l’absence d’empathie est une qualité majeure. Et c’est ce qui reste de leur humanité qui provoquera la perte de personnages vivant leur descente aux enfers sans même s’en apercevoir.
Une peinture de mœurs sans concessions qui se fait à travers d’une histoire policière certes classique, avec les traditionnels retours en arrière, mais parfaitement maîtrisée.

Le tout divisé en chapitre courts et percutants, sans l’ombre d’un temps mort, mais aussi dépourvu des afféteries de ceux qui se targuent d’une prétendue « écriture cinématographique ». Et au final, cette description d’un milieu si mécanique en prend des accents humanistes, comme si on conjuguait le sens du drame humain d’un Thierry Crifo avec l’écriture précise et implacable d’un Colin Thibert.

Résultat : encore un de ces romans qu’il vaut mieux ne pas attaquer le soir de peur de passer une nuit blanche…


Titre : La Cicatrice du Diable (France, 2009)
Auteur : Laurent Scalese
Couverture : Sargologo
Éditeur : Belfond
Collection : Roman Policier
Site Internet : page roman (site éditeur), auteur
Pages : 309
Format (en cm) : 14 x 22,5
Dépôt légal : mars 2009
ISBN : 978-2-7144-4300-7
Prix : 19 €



Thomas Bauduret
4 juin 2009


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