Contrairement à « L’Empire des Nécromanciens » et à « Génération Brutale », le lecteur découvre un Richard Blade en proie au doute. Le voyageur de l’infini a peur d’être mis au rencard et il est suivi par des agents du MI-5. Ce service espère ainsi en savoir plus sur le Projet DX qui engloutit des sommes colossales sans réelles justifications. Le héros a perdu de sa superbe et s’avère finalement assez humain, donc plus sympathique.
Dans « Le Saboteur d’Harmonie », il est projeté sur Harmonie dans une situation très inconfortable : nu, dans la neige, au flanc d’une montagne balayée par les vents. Tout au long du récit, il a du mal à appréhender les autoch tones qui semblent absents. Leur civilisation lui échappe et il se sent perdu.
Ce qui change aussi par rapport aux deux autres titres déjà chroniqués, c’est la présence d’un second personnage auquel l’auteur s’attache à suivre les pas. L’espion envoyé par la Fédération de Rigel pour miner les fondations de l’utopie perd de son assurance au fur et à mesure que les réactions des habitants vont à l’encontre de celles espérées.
Son nom ne nous est pas inconnu : Kar-Eldek. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
L’auteur de cet opus n’est autre que Patrick Eris qui semble bien aimer les clins d’œil à d’autres auteurs : Lovecraft et Clark Ashton Smith dans L’Empire des Nécromanciens, et Génération Brutale m’a fait penser à P.J. Hérault. Ici, juste avant de dévoiler le nom de l’espion, il parle de « la guerre des 7 minutes », un diptyque de Don Hérial au Fleuve Noir Anticipation (numéros 1738 et 1762). Et Kar-Eldek n’est phonétiquement que Karel Dekk, l’auteur de « Espion de l’Étrange » (FNA 1842). Ce dernier roman rassemble dans ses pages une flopée d’auteurs du Fleuve de l’époque : R.C. Wagner, Michel Pagel… et notamment Samuel Dharma, aussi connu sous le nom de Patrick Eris, l’auteur du présent Blade.
Quand on sait que Don Hérial et Karel Dekk sont des pseudonymes de Serge Lehman, on a fait le tour.
Décidément, Patrick Eris aime jouer avec les références !
Dans « Le Saboteur d’Harmonie », il a un peu changé le déroulement de l’intrigue, a humanisé un héros plus aussi sûr de lui, comme pour éviter d’entraîner Richard Blade dans une routine continuelle et dénuée de réelles surprises.
Ce n’est pas de la grande littérature, mais quelques heures passent agréablement sans se casser la tête à chercher d’éventuelles subtilités. Blade figure au rang des littératures de gare qui s’assument et qui cherchent à contenter un lectorat fidèle. Et ma foi, elle semble réussir sa mission, on s’habitue à suivre les frasques du voyageur de l’infini et, pourquoi pas, à en redemander.
Depuis que Nemo Sandman a succédé à Loris Kalafat, les couvertures ont pris un sérieux coup de jeune. Il suffit de regarder celle-ci pour s’en convaincre. Tout en conservant l’esprit des anciennes, le résultat est superbe et ne fait plus désuet.
PS : il est possible de s’abonner pour 6 numéros sur le site de l’éditeur.
Titre : Le Saboteur d’Harmonie
Auteur : Jeffrey Lord (adapté de l’américain par Patrick Eris)
Couverture (souple) : Nemo
Éditeur : éditions Gérard de Villiers
Collection : Blade
Numéro dans la collection : 186
Pages : 242
Site Internet : Roman (site éditeur) et Profil Facebook
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : mars 2009
ISBN : 978-2-7443-1593-0
Prix : 6 €