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De Vagues et de Brume
Jean-Pierre Andrevon
Éditions du Rocher, Novella SF, roman (France), anticipation génétique, 151 pages, octobre 2004, 11,90€

Avant toute chose, je vous déconseille de lire le résumé de 4e de couverture, puisque celui-ci vous présentera les 145 premières pages. Sur
151, ça fait beaucoup ! Le mien ci-dessous est un peu plus elliptique, et ne vous gâchera pas la mince intrigue de cette longue nouvelle.

2248. Lucy Liu (ça ne s’invente pas) arrive dans l’île qu’est devenue la Californie pour retrouver un ancien ami de son père, banni vingt ans auparavant des laboratoires de Lhassa pour avoir expérimenté sur le génome humain.
La population locale semble réticente à aider la scientifique franco-chinoise, qui va devoir découvrir la vérité par ses propres moyens, au risque de sa vie…



Un peu antérieure à « Le Monde Enfin » qui lui vaudra le Prix Julia Verlanger en 2006, cette histoire vous laissera goûter en moins de deux heures au talent de Jean-Pierre Andrevon lorsqu’il s’agit d’anticiper ce que deviendra la Terre.
On le sait, Andrevon a toujours eu la fibre écolo, depuis « Les Hommes-Machines contre Gandahar » (dernière réédition chez Folio SF, et le film d’animation de René Laloux est à voir) où il opposait la Nature à l’Industrie, mais aussi dans des recueils de nouvelles tels que les « Retour à la Terre » (Denoël, Présence du Futur, 3 volumes), dans lesquels il multiplie, avec ses compagnons d’écriture, les visions et les projets des hommes après des catastrophes ayant rendu notre planète temporairement inhabitable.

La valeur de De Vagues et de Brume ne vient certes pas de son histoire, assez banale en science-fiction, de manipulations génétiques et d’évolution de l’espèce humaine. Mais Andrevon est un conteur expérimenté, et le classicisme de son scénario s’efface devant la justesse de tout le reste : sa vision du XXIIIe siècle, mi-réaliste mi-utopique.

La capitale mondiale est Lhassa, le monde vit dans une paix relative, et la Nouvelle Fédération mondiale a banni l’emploi d’énergies fossiles ou polluantes, ramenant la planète aux technologies des XIXe et XXe siècles, délaissant le plastique pour le bois, les avions pour les zeppelins, etc. Mais sans pour autant rejeter la technologie, en la rendant simplement plus écologiquement responsable. Ainsi, Lucy arrivera à San Juan, l’île formée par la Californie suite à un dernier séisme de la faille de San Andreas, en ptéranodon moderne, mélange entre un ULM et un planeur, alimenté par un moteur à plasma mais aussi par les cellules photovoltaïques qui couvrent ses ailes.

Un autre aspect important du roman tient dans la psychologie des personnages. Les îliens, pêcheurs autarciques, ont retrouvé le mode de vie de leurs ancêtres bretons ou écossais de trois siècles en arrière. Frustes, renfermés, ils forment une communauté soudée face à l’incursion de la Nouvelle Fédération qu’incarne Lucy. Leurs actes parleront pour eux tout le long des 150 pages, mélange de nécessité et d’esprit de corps.
À l’inverse, Lucy incarne un pur produit de la nouvelle culture mondiale. Native des montagnes tibétaines, élevée dans un ashram, bardée d’appareils et de vêtements haute technologie, faisant appel à des techniques de respiration et de relaxation issues du Bouddhisme, elle dispose également de perceptions extra-sensorielles d’une origine non déterminée, mais certainement le mélange entre science et religion. Une touche impalpable de fantastique qui pimentera le récit en plus de placer l’héroïne à l’exact opposé des autres protagonistes.

Une seule coquille à déplorer (une virgule au lieu d’un point page 98) dans ce petit roman pas déplaisant pour qui passera les premières pages aussi descriptives que rebutantes.
On déplorera le prix plutôt prohibitif de la pourtant très bonne collection “Novella SF”, qui rassemble les courts écrits d’excellents auteurs (notamment Jérôme Leroy ou encore Johan Heliot, dont le « Führer Prime-Time » est un délice). La navigation sur leur site est également des plus malaisées.


Titre : De Vagues et de Brume (France, 2004)
Auteur : Jean-Pierre Andrevon
Couverture : Thierry Dubreil (© Stone / Getty Image. Graphsime)
Éditeur : Éditions du Rocher
Collection : Novella SF
Pages : 151
Format (en cm) : 18 x 11,5 x 1,5
Dépôt légal : octobre 2004
ISBN : 978-2268052113
Prix : 11,90 €



Nicolas Soffray
11 avril 2009


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