Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Cycle de Fondation (Le) T1 : Fondation
Isaac Asimov
Gallimard, Folio SF, Roman, traduction de l’anglais (É-U), SF, 402 pages, mars 2009, 5,50€

Un Empire galactique au summum de sa puissance dans un très lointain futur au cœur du 13e millénaire de notre ère.
Hari Seldon est l’inventeur d’une nouvelle science, la psychohistoire, capable de prédire l’avenir. Il annonce au gouvernement impérial que la décadence de la civilisation est proche.
Dans moins de trois siècles, trente mille ans de chaos, de destruction et d’anarchie vont succéder à la plus brillante civilisation jamais créée par l’homme.

Mais Hari Seldon a un plan : établir sur une planète éloignée de tous et de tout, une « Fondation » chargée de rassembler et de conserver tout le savoir de l’homme. Objectif avoué, limiter la période des troubles à un petit millénaire et répandre à nouveau la science dans la galaxie grâce aux outils fournis par la psychohistoire ! Évidemment, ces révélations vont fortement déplaire...

Le premier volet d’un cycle qui obtint le prix Hugo de la meilleure série SF de tous les temps !



Attention ! Chef-d’œuvre absolu de la Science-Fiction !

« Le cycle de Fondation », débuté par ce premier tome en 1951, a acquis depuis longtemps ses lettres de noblesse : reconnaissance des lecteurs, des spécialistes, des fans, de la critique, etc.
Et même si la série de Isaac Asimov n’a jamais donné lieu à aucune adaptation cinématographique ou télévisuelle, sa lumière rayonne encore sur l’imaginaire SF sans une once de débat.
Pour la première fois en édition de poche, la collection Folio SF propose les cinq tomes de la série en version intégrale, dont ce premier tome intitulé « Fondation ».
Une reprise de l’édition de 2006, parue dans la collection Lunes d’Encre de Denoël en deux tomes (première édition définitive sortie par chez nous) et donc un prix plus modique en raison des coûts liés à ce format plus économique (30,50€ en coffret Folio SF en lieu et place des 58€ chez Lunes d’Encre).

Ce qu’il faut savoir

Si « Le cycle de Fondation » comptait trois volumes lors de sa création, de 1951 à 1953 (« Fondation », « Fondation et Empire », « Seconde Fondation ») et connut le succès sous cette forme, il faut aujourd’hui lui ajouter quatre romans complémentaires, écrits sur le tard : « Fondation Foudroyée » en 1982 et « Terre et Fondation » en 1986, tomes 4 et 5 qui concluent la saga, puis deux romans « d’ouverture » (« Prélude à Fondation » en 1989 et « L’Aube de Fondation » en 1992) qui lancent la grande histoire et éclairent le parcours du personnage Deus ex machina du cycle, Hari Seldon.
Une lecture complète de cette œuvre monumentale peut donc très bien débuter par les deux derniers volumes cités, disponibles chez Pocket, et se poursuivre par le présent roman, accompagné de ses suites, soit sept ouvrages au finish. Mais on peut aussi attaquer le monument directement par ce « Fondation » et enchaîner sur les deux volumes Pocket après avoir escaladé sans secousse les cinq tomes Folio SF. C’est selon les goûts et sans contrainte véritable.
En outre, il faut savoir que d’autres écrivains et pas des moindres (Gregory Benford, Greg Bear, David Brin, Donald Kingsbury et même Orson Scott Card via une nouvelle) sont venus apporter leur pierre à l’édifice, sans cependant égaler le génie du maître. Ces tentatives de prolongements restent d’un intérêt pour le moins anecdotique et à réserver aux fans les plus durs (où quand la révérence à un mythe littéraire, attitude certes compréhensible, et l’appât du gain du monde de l’édition se croisent, on oscille parfois entre le convenu et le mineur).

Les trois tomes originels ayant établi la réputation de Isaac Asimov sont donc toujours considérés comme la pièce centrale de la saga et l’apogée d’un style.
Une sorte de fragment d’histoire du futur que « le bon docteur » développa ensuite sur la fin de sa vie, écrivant romans et nouvelles qui liaient plus d’un demi-siècle de sa production SF. Un vaste panorama global où ses différents cycles s’enchaînèrent au final les uns avec les autres.

Mais de quoi ça cause ?

L’idée centrale de « Fondation » est une extrapolation SF du principe de décadence. Soit la chute d’un empire galactique et démocratique, prédit logiquement par le créateur d’une nouvelle discipline scientifique.
Derrière la fameuse « psychohistoire » s’avance l’étude des statistiques, des probabilités, de la psychologie, de la sociologie, du marxisme et de l’Histoire, pour une séance de divination mathématique qui prévoira l’avenir à court, moyen et long terme.
Un petit bémol cependant, pour que la psychohistoire fonctionne, il faut que les populations concernées par l’étude (les sujets de l’expérience) ne soient pas mises au parfum de leur statut de souris de laboratoire, et encore moins des résultats que cela a donné !

Conséquence logique du postulat de départ, « Fondation » va narrer dans les moindres détails l’établissement de la « Fondation » sur la planète Terminus, mais aussi les multiples crises que les membres de cette société de sauvegarde des connaissances et du savoir vont connaître, leurs combats pour la survie de leur société, l’élargissement de leur sphère d’influence ainsi qu’un début d’explication sur tout ce que Hari Seldon a forcément caché à son petit monde (sinon, ne l’oublions-pas, rien ne pourrait fonctionner) !

Adaptation et dépassement des champs de contrainte

On le sait depuis longtemps, car Isaac Asimov ne l’a jamais cachée, l’idée de départ du « Cycle de Fondation » fut au préalable présentée par le romancier à John Campbell, rédacteur en chef d’Astounding Stories. Celui-ci, doté d’un remarquable instinct littéraire, l’aida à travailler son sujet et eut le pressentiment qu’il fallait tirer du concept un projet beaucoup plus vaste. De même, certains moments clefs de la série, que nous ne dévoilerons pas ici, sont issus des réflexions avisées que John Campbell adressa à Asimov.

Ce premier roman, qui n’en est pas un, mais plutôt une suite de nouvelles, est donc doublement marqué.
D’une part, il y a les choix narratifs d’un écrivain qui privilégiera toujours l’intérêt de son histoire et de son suspense à toute éventuelle recherche de style (plutôt Dumas que Proust, en somme). Le récit se construit autour de longues séquences de dialogues, toujours utiles et fondamentales dans l’ordonnance du suspense.
D’autre part, les contraintes rédactionnelles et économiques d’une époque où l’on sortait à peine de la Seconde Guerre Mondiale et de ses privations s’imposent aux lecteurs contemporains. Les cinq parties de ce premier tome sont autant de textes distincts, possédant chacun un début et une fin. Seule preuve du succès quasi immédiat, leur taille s’accroît au fur et à mesure que l’on progresse dans l’histoire.
“Les Psychohistoriens” s’attaque au début de l’aventure et nous fait découvrir Trantor, cité tentaculaire à la taille d’une planète, dont elle recouvre d’ailleurs toute la surface. Seul le palais impérial y est aisément reconnaissable, unique monument avec un peu d’espace libre autour de lui et non recouvert d’un dôme géant. Pour se faire une idée de la chose, la vision cinématographique la plus approchante de Trantor est sans doute Coruscant dans « La Guerre des Étoiles ».
Dans cette introduction, le savant Hari Seldon doit convaincre en disant l’essentiel, mais sans révéler le principal (contrainte majeure et indépassable de la psychohistoire, répétons-le) et traverser les méandres administratifs du pouvoir d’un empire quasiment sans frontière. Pour cela, un procès contre sa personne, ses idées et ses supporters est peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

À partir de la seconde partie, “Les Encyclopédistes”, nous entrons dans le vif du sujet et la “Fondation” est déjà à l’œuvre sur la planète Terminus. Suivent “Les Maires”, “Les Marchands” et “Les Princes Marchands” qui sont autant de chapitres qui déroulent logiquement la pelote tissée par l’écrivain.
La décadence de l’empire est bien engagée, la population de la planète Terminus doit tout d’abord sauver sa peau face aux gouvernements planétaires voisins, puis étendre sa sphère d’influence en « re-civilisant » la galaxie à petit pas afin de répondre aux grandes lignes du plan qu’Hari Seldon a laissé.
Les crises les plus importantes, toutes prévues par la psychohistoire, donnent lieu à des séances d’apparitions pré-enregistrées dans le passé, où le savant prodigue aide et conseils à ses ouailles du futur. Le tic-tac temporel du récit est donc également rythmé par la parole du scientifique défunt avec un brio assez époustouflant.
Si rien n’est simple, tout semble déjà programmé, mais l’inquiétude du lecteur est tout autant provoquée par le doute qu’entretient Isaac Asimov dans l’esprit de ses protagonistes que par les ricochets que ce doute induit pour celui qui découvre le cycle. Imaginaire brillant, nombreux retournements de situation, longue réflexion sur les attributs du pouvoir et la séduction qu’un système politico-économique -voire religieux- peut procurer à des populations en détresse, ces cinq textes sont d’une densité thématique rare.

Magie de l’écriture, cette suite de cinq nouvelles est très réussie et ne souffre d’aucun défaut aisément détectable. Isaac Asimov n’ayant rien écrit qu’il n’avait pas envie d’écrire, acceptant les conseils qu’on lui donnait à chaque fois qu’il les jugeait bienvenus, se débrouillant pour écarter les autres en construisant un récit d’une grande logique peu propice aux tripatouillages.

Trente-six pages en plus !

Sur la forme, soyons totalement honnêtes, une simple relecture de ce volume ne permet pas de constater des changements notables entre la première version publiée en France maintes fois lue par le passé, puis reprise dans de nombreuses collections (CLA, Présence du Futur et même Folio SF lors de son lancement) et la version complète, éditée aujourd’hui en poche.
Sur le fond, la satisfaction de savoir que l’on déguste enfin l’œuvre telle que Isaac Asimov souhaitait la voir publiée, suffit à notre bonheur et n’a pas de prix.

Car il faut le savoir, aussi

Dernier avertissement en forme de conseil gratuit, si vous passez les vingt premières pages de ce volume sans heurt, vous êtes cuits pour un bon moment et pour cinq tomes au minimum (voire sept) !
On ne se frotte pas au futur d’une civilisation galactique et à la psychohistoire sans risquer de nombreuses heures de lecture !

Les grands classiques sont à ce prix, mais qui le regrettera vraiment ?


Titre : Fondation (Fondation, 1951)
Auteur : Isaac Asimov
Série : Cycle de Fondation
Autres volumes : Fondation et Empire (T2), Seconde Fondation (T3), Fondation Foudroyée (T4), Terre et Fondation (T5)
Traduction de l’anglais (américain) : Jean Rosenthal, complétée et harmonisée par Philippe Gindre.
Couverture : Alain Brion (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 335
Catégorie : F6
Site Internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 402
Format (en cm) : 18 x 1,5 x 11 (poche, broché)
Dépôt légal : 9 mars 2009
EAN : 9 782070 360536
ISBN : 978-2-07-036053-6
Prix : 5,50


À LIRE SUR LA YOZONE

- Fondation (T1, 1951)
- Fondation et Empire (T2, 1952)
- Seconde Fondation (T3, 1953)
- Fondation Foudroyée (T4, 1983)
- Terre et Fondation (T5, 1986)


Stéphane Pons
7 avril 2009


JPEG - 15.8 ko
La version intégrale de 2009 (Folio SF)



JPEG - 15.2 ko
La version intégrale moyen format de 2006 (Lunes d’Encre, Denoël).



JPEG - 13.1 ko
Le coffret des cinq volumes 2009 (Folio SF)



Chargement...
WebAnalytics