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De la fantasy pour adultes
La Marque (Kushiel-tome 1) de Jacqueline Carey
Délices & Daubes n° 148


Bragelonne est une drôle de maison d’édition. Il font du popu daubique que beaucoup aiment lire mais pas moi genre Goodkind, du fantastique qui se vend bien et que j’aime bien aussi genre Masterton, de la bit-lit plus ou moins bas de gamme pas cher qui flirte avec la chick-lit, de la SF « moderne » avec laquelle j’ai des difficultés et de la SF d’archives a priori ma tasse de thé mais pas toujours. Et ils font des coups.
Là c’est THE révélation états-unienne de la fantasy, un truc qui va faire du bruit (c’est déjà fait dans le microcosme landernéen où toutes et tous s’extasient), une sorte d’Anne Rice de la fantasy. Ben oui, la best-selleuse des vampires a aussi tâté (humour subtil) à la littérature érotique. Renseignez-vous.

Bon, « Kushiel tome 1, La Marque » n’est pas hard du tout, ouf ou dommage, à vous de dire.
Mais, si ce n’est dur, c’est lourd, relié classieux, près de 800 pages, 1,3 kg, impossible à lire dans le RER et qui fait mal aux doigts et aux poignets. Un truc qui se veut beau et qu’on ne se sente pas volé pour ses 30 nieuros.
OK pour la forme un peu spéciale. Maintenant le fond. Eh ben, comment dire, vous vous en doutez un peu, c’est pas mon truc. Pour des tas de raisons.

La première c’est que c’est un genre littéraire avec lequel j’ai du mal. On invente un autre monde, qui ressemble au nôtre mais pas vraiment. Là, pas de magie ou de dragons ou d’épée de vérité. Non, une espèce de Terre parallèle créée par la larme de Magdeleine et le sang de Jésus (? Oui bon la théologie non plus je ne comprends rien) et où pullulent les intrigues et complots entre nobliaux et prétendants au pouvoir dont vous avez bien du mal avec comment ils s’appellent et quelles sont leurs relations familiales. Faut aimer être inondé de noms de types et de pays qui ne veulent rien dire à votre mémoire.

Après, on suit les aventures mentales d’abord et physiques aussi d’une dénommée Phèdre. Cette gamine, vendue par sa mère à 4 ans, qui commence à avoir l’entrejambe chatouilleuse dès 7 ans, est une “anguisette”. Attendez, j’explique. Ce monde, outre les complots, repose sur le plaisir, la baise, la prostitution érigée en art, en signe de civilisation. Il y a 13 maisons qui s’occupent de ça (comme le nombre d’apôtres, si j’ai suivi). Mais notre héroïne a des gènes qui font que son plaisir est magnifié par la souffrance et la douleur, c’est une masochiste pur jus. Mais ce n’est pas d’sa faute, hein. C’est à cause de la tache rouge de son œil droit. Alors, quand elle voit un fouet ou un couteau, elle mouille. Elle aime souffrir, être humiliée, et en plus elle voue une adoration totale à son protecteur/esclavagiste/maquereau qui la vend très cher pour avoir des informations. Subtil ! La jeune pute qui aime les coups est une espionne.

Bon alors, vous m’excuserez mais je me suis arrêté à la page 144. Je ne comprends rien aux noms des gens et des pays, je ne comprends rien à la sexualité racontée, je ne comprends rien à la psychologie des esclaves consentants, je ne comprends rien à la philosophie sous-jacente et, surtout, je ne comprends pas le plaisir que ce type de lecture peut apporter.

Que l’éditeur et les acheteurs se rassurent : tous les éminents critiques ont adoré. Encore une fois Henri est en décalage avancé et irrémédiable avec son temps et avec les plaisirs littéraires d’aujourd’hui. Tant pis pour lui.


Henri Bademoude
29 mars 2009


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