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Glu
Irvine Welsh
Au Diable Vauvert, roman (Ecosse), traduction de l’anglais, social, 650 pages, Février 2009, 20€

Auteur culte depuis la publication de son premier roman « Trainspotting », en 1993, Irvine Welsh est de retour avec « Glu », un uppercut littéraire dont on se souvient longtemps après la dernière page tournée (Au Diable Vauvert).

Comme précédement avec « Porno » et « Recette Intime de Grand Chefs », publiés aussi Au Diable Vauvert, il nous entraine une nouvelle fois dans les rues d’Edimbourg.



“Les journalistes et les politiques extraient des mensonges de la vérité : Les romanciers doivent faire le contraire”. Irvine Welsh

Tout d’abord, « Glu » c’est l’histoire de quatre gamins de Leith, une banlieue d’Edimbourg, qui vont grandir ensemble et devenir inséparables. Ils viennent de la même cité, fréquentent la même école, et sont des fervents supporters des Hibs, l’une des deux équipes d’Edimbourg. Il y a Billy Birell le sportif, Carl Ewart passionné de musique, Terry Lawson le dragueur et Andrew Galloway, surnommé « p’tit Gally » l’introverti de la bande.

De leur enfance dans les années 70 jusqu’au début des années 2000, Welsh passe tour à tour de l’un à l’autre des protagonistes et nous livre leur vie : Les premières filles, les premières bières, les embrouilles entre bandes et les rixes après les matchs de foot -nous sommes alors au début des années 80, et l’hooliganisme atteint un paroxysme dans la violence. Puis les petits casses et les deals de drogues pour se faire un peu de blé jusqu’à un passage (inoubliable pour le lecteur) à la fête de la bière de Munich. Enfin, avec la trentaine arriveront les rancœurs et les trahisons.

La “glu”, bien entendu, c’est l’amitié. Celle qui tient chaud et qui resserre les rangs face à l’adversité. La fierté aussi d’appartenir à un quartier avec ses codes et ses règles. Le père de Carl les lui répètent souvent : Ne trahis jamais tes amis. Ne balance jamais personne, amis ou ennemis etc,.
La “glu” c’est ça aussi : une condition sociale qui colle à la peau, à laquelle il est bien difficile d’échapper, et chacun des protagonistes à sa manière en fera l’expérience.

Cependant, au centre du roman, il y a surtout Edimbourg. La capitale écossaise qui subit les transformations économiques du Royaume-Uni. Peu à peu, les belles cités et les puissants syndicats ouvriers des années 70 laisseront place au tatchérisme et à ses primes de licenciement. Puis arrivera le libéralisme triomphant des années 90 et son lot de laissé-pour-compte.

On retrouve dans « Glu », tous les ingrédients qui ont fait de Irvine Welsh un auteur incontournable. Des personnages profondément humains, avec tous les paradoxes que cela implique. Des dialogues truculents, un mélange d’humour et de désespoir, la musique, les drogues, le tout distillé avec un style sans équivoque. Mais au-delà de la provocation, de la violence et du sexe, « Glu » est un roman touchant de sincérité sur cette population désœuvrée, chère à l’écrivain.

Ivine Welsh est souvent associé à deux courants littéraires : « L’école de Glasgow » initié par Alasdair Gray, qui a influencée de nombreux écrivains. Iain M. Banks et Ian Rankin, sont des auteurs qui reviennent souvent lorsque l’on évoque ce style litttéraire profondément ancré dans la culture écossaise. Il se rapproche aussi des écrivains américains « trash » tels que, Chuck Palahnuik « Fight Club » et Brett Easton Ellis « American Psycho » avec qui il partage une vision acerbe non dénuée d’ironie de la société de consommation. Ce n’est donc pas un hasard si son dernier roman « Crime » (2008, non traduit) est un polar se déroulant à New-York.

Chronique sociologique et historique d’une ville et d’un peuple, « Glu » est un roman coup-de-poing. On y plonge littéralement pour ressortir 650 pages plus loin groggy, mais une nouvelle fois heureux d’avoir fait le voyage jusqu’en Ecosse.


Titre : Glu (Glu, 2007)
Auteur : Irvine Welsh
Couverture : Olivier Fontvieille (souple)
Traduction (de l’anglais) : Laura Derajinski
Editeur : Au Diable Vauvert
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 655
Format (en cm) : 13 x 20 (broché)
Dépot légal : Février 2009
ISBN : 978-2-84626-181-4
Prix : 20€



Jean-Marie Garniel
7 mars 2009


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