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Cavatines
Laure Eslère
L’Olibrius Céleste, roman (France), fantastique, 363 pages, Janvier 2009, 17€

Par amour pour Murmur, un démon banni de l’Enfer, Médel, mi-démon mi-femme, le suit sur Terre en 1847.
À présent succube, elle comprend que Murmur a changé et décidé de vouer sa vie à Dieu. Forcée de survivre dans un monde qui lui est étranger, Médel devient préceptrice dans une famille bourgeoise de Paris.

Mais des rumeurs circulent sur ces gens et son élève, Raphaël, se révèle surprenant…



Voilà un bref aperçu pour une histoire qui se développe ensuite largement. De nouveaux protagonistes apparaissent. Souvent leur apparence humaine passe par un rituel spécifique. Une belle galerie de figures du fantastique : succube, incube, spectre, vampire… filtre au fil des pages. Les interactions entre les personnages sont diverses et constituent l’intérêt d’un récit scindé en deux parties.
La première située en 1847 et la seconde en 1866. Le sort de Raphaël justifie cette dichotomie. En ce laps de temps, bien des choses se passent : des enfants naissent et grandissent, des vocations se créent…
L’auteure multiplie les échanges pour une histoire peuplée de bons sentiments. Même si le procédé est répétitif, cela fonctionne assez bien, alors que, par sa construction, ce n’était pas forcément évident
En effet, « Cavatines » est constitué d’un assemblage de lettres, d’extraits de journaux intimes ou d’articles de presse… le tout daté. Cette précision ne représente pas que des avantages. Il arrive que l’on pense que des mois se sont écoulés, alors que seuls trente jours sont passés. Une semaine est condensée en trois jours… La chronologie semble parfois défaillante et on ne peut s’empêcher de tiquer, de revenir en arrière pour vérifier. Manque de clarté à ce niveau, mauvaise datation… ?
La numérotation des épîtres flanche également entre les pages 335 et 340. De même, l’acheminement du courrier à l’époque semble bien plus efficace que La Poste aujourd’hui !
Ce ne sont que des détails, diront certains, mais il est toujours bon de les soigner.

Vers la fin du roman, des personnages censés avoir quitté la circulation entre la Terre et le Ciel reviennent. Ça relance peut-être l’intérêt mais ces retours ont du mal à prendre.
Pour le fantastique, une fois les éléments étranges acceptés par le lecteur, l’histoire fonctionne, mais cet équilibre est fragile et, à trop vouloir en faire, il peut se briser, le livre devenant par trop invraisemblable.
Ici, c’est un peu le sentiment ressenti. Les trois quarts de « Cavatines », on y est, mais l’auteure en rajoute tellement vers la fin, que l’on commence à perdre le fil.
C’est dommage, car l’ensemble est bien écrit et distrayant. Laure Eslère intrigue : où veut-elle nous amener avec ses personnages dont les vies se recoupent ? Quel est leur avenir ? Peuvent-ils concilier leurs inimitiés ?

En quatrième de couverture, on peut lire : “Dans la lignée d’Anne Rice, il retrace le destin d’êtres singuliers”. Effectivement, cette influence se ressent, ces êtres hors du commun font BCBG. Même la subsistance d’Aurore de Persigny ne tient pas du rituel macabre, plutôt de la simple péripétie. Par endroit, de la rugosité n’aurait pas nui, car un récit trop lisse finit par lasser. Dans ce cas, ce n’aurait pas été un mal.
Par la construction, « Dracula » de Bram Stoker nous vient également à l’esprit

Au final, mon sentiment sur ce premier roman est mitigé. Le regret demeure que l’auteure aurait pu, même dû, aller plus loin dans l’écriture. Malgré quelques réserves, le lecteur passe tout de même de bons moments. Quand les défauts de jeunesse évoqués seront éradiqués, Laure Eslère sera sans doute redoutable.

L’illustration de Magali Villeneuve est de toute beauté, malgré un bandeau assez large qui mange presque le tiers de la couverture. Quant à la présentation générale, L’Olibrius Céleste démontre son sérieux en la matière.


Titre : Cavatines
Auteur : Laure Eslère
Couverture (souple) : Magali Villeneuve
Éditeur : L’Olibrius Céleste
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Cavatines
Pages : 363
Format (en cm) : 14 x 20
Dépôt légal : Janvier 2009
ISBN : 978-2-9530630-0-40-4
Prix : 17€



François Schnebelen
1er mars 2009


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Nouvelle édition : illustration de Magali Villeneuve



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Première édition du roman



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