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An 41 042
Sergiu Fārcāşan
Eons, collection Futurs, roman, traduit du roumain, science-fiction, 240 pages, Avril 2007, 15,70 €

Partie en 8 900 et après une longue errance entre les étoiles, l’Arche de Noé 124 ne retrouve la Terre qu’au 42e millénaire !
Alors qu’à bord du vaisseau seules quinze générations se sont écoulées, les terriens ont considérablement évolué. L’espérance de vie dépasse les 400 ans contre une centaine pour les voyageurs, personne ne dort plus… autant de différences qui entraînent de gros problèmes d’intégration.



Sergiu Fārcāşan est né en 1924 à Bucarest. Dès 17 ans, il rejoignit la résistance et, après la guerre, il fut reporter pendant un quart de siècle, tout en écrivant nombre de romans et pièces de théâtre, tantôt approuvés, tantôt interdits. En 1973, hôte d’honneur à la convention mondiale de science-fiction de Toronto, il est présenté aux auditeurs par Isaac Asimov. Il demanda l’asile politique et, depuis, il vit au Canada où il poursuit l’écriture.

Lorsqu’on pense aux écrivains de science-fiction des pays de l’Est, les premiers à nous venir à l’esprit sont souvent : Stanislas Lem (« Solaris »), les frères Strougatski (« Stalker », « Il est difficile d’être un dieu »), Ivan Efremov (« La nébuleuse d’Andromède »), mais pas de prime abord Sergiu Fārcāşan, surtout si ce bouquin des éditions Eons nous est inconnu.
En quatrième de couverture, Jacques Van Herp est très flatteur à l’encontre de l’auteur, écrivant même qu’il “écrase” les nommés ci-dessus. Même si cette lecture est une belle surprise, n’exagérons tout de même pas, mais peut-être qu’à l’avenir le nom de Sergiu Fārcāşan figurera dans la liste.

Le fossé entre l’ancienne et la nouvelle humanité constitue le propos principal de ce roman. En plus de trente millénaires, la vie a considérablement évolué et comprendre les “autres” est aussi déboussolant pour les deux parties.
Vivre plus de 400 ans ouvre bien des perspectives et l’auteur accentue même cette différence entre les deux époques car, en 41 042, les humains ne dorment plus. Dix minutes sous machine suffisent à la régénération du cerveau. Quand on sait que le sommeil en représente environ le tiers de nos jours, on comprend que le gain d’éveil est substantiel. Pas étonnant dans ces conditions de constater l’étendue des connaissances de ces hommes du futur. À 200 ans passés, Ols, l’administrateur de la Terre devenue une réserve, maîtrise vingt-quatre spécialités.
De plus, les longs discours en public sont interdits et condamnés ; il faut s’exprimer le plus brièvement possible afin que les interlocuteurs ne perdent pas de temps. Là l’auteur fait montre d’un certain humour. Plus on a de temps, moins on veut en perdre !
Sergiu Fārcāşan tourne même un peu le suicide, inconnu à cette époque, en dérision. Un navigateur qui n’éprouve pas d’intérêt à poursuivre son existence à côté de “sur-hommes” échoue à chaque fois dans son entreprise.
Et pour aller encore plus vite, d’importants moyens sont associés à une vaste expérience pour communiquer par la pensée avec les machines. Dans ce cas, l’esprit des nouveaux arrivants est bien plus performant, car encore vierge d’une quantité d’informations. Cette partie, relevant plutôt de la hard-science, est assez fastidieuse, car Sergiu Fārcāşan s’avère minutieux et nous expose quelques théories.
Sous sa plume, les hommes de 41 042 ont même perdu une certaine fraîcheur et une part de leur humanité, n’hésitant pas à faire des sacrifices inexcusables, soit disant pour le bien du plus grand nombre, alors que personne n’a le droit d’attenter à ses propres jours.
Oui, l’auteur s’amuse parfois à nous déboussoler, à nous interpeller sur ce que pourrait être notre lointain futur.
Il écrit même ce livre selon le point de vue d’un habitant du 50e millénaire, donc encore plus éloigné de notre ère, ce qui explique un style distant par moment.

C’est intéressant, plutôt bien fait et « An 41 042 » s’avère une belle surprise. Sergiu Fārcāşan aime surprendre et ce jusqu’à la dernière ligne, tout en alliant rigueur et humour.

Ce roman existe aussi sous forme numérique : ici (site des éditions Eons).


Titre : An 41 042 (O iubire in anul 41 042, 1963 et version remaniée en 2004)
Auteur : Sergiu Fārcāşan
Traduction du roumain : Maurice Floresco
Couverture (souple) : Jean-Christophe Hoël
Éditeur : Eons
Collection : Futurs
Directeur de collection : Paul Alary
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 240
Format (en cm) : 20 x 13,1
Dépôt légal : Avril 2007
ISBN : 978-2-7544-0098-5
Prix : 15,70€



François Schnebelen
13 février 2009


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Illustration de Jean-Christophe Hoël



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