La fracture sociale a atteint son paroxysme, les riches sont très riches et transpirent le fric, le pouvoir, la débauche et la perversion. Les drogues compensent toutes leurs faiblesses ou leurs manques. Ils vivent dans de véritables forteresses, littéralement coupés du monde qui les entoure. Les pauvres, eux, sont livrés à la cruauté de la vie et à toutes les bassesses inimaginables. Le manque d’argent les pousse à souscrire des contrats de location pour leur propre corps. Cette manne permet aux bourgeois sans scrupule de vivre tous leurs désirs et fantasmes au travers d’un autre être. L’humanité a prostitué jusqu’à son âme.

Après l’excellent « Welcome to Hope », Damien Marie remet le couvert.
Son idée de départ est originale et terrifiante. Son intrigue prend forme tout doucement, nous plongeant d’abord dans un sentiment de jugement envers cette jeunesse richissime, sans limite et totalement décadente. Pour finir dans une horrifiante découverte de ce que l’être humain est capable de faire subir à l’un de ses congénères.

Une orchestration explosive, qui vous plongera dans un tourbillon infernal : une véritable délectation.
Avec une narration à la troisième personne du principal acteur de l’aventure, D. Marie reprend sa technique qui a déjà fait ses preuves. Nous ne sommes pas de simples spectateurs : en l’écoutant, il fait de nous des protagonistes végétatifs, nous ne pouvons rien faire, si ce n’est subir son histoire… Et ça j’adore.
C’est une véritable prise en otage du lecteur et elle est réalisée de main de maître. Pas d’effet gore, de planche sanguinolente, rien que du tendancieux, parfait pour donner libre court à notre imagination…

Le dessin de Sébastien Gœtathals manque, à mon goût, d’un peu trop de régularité dans la représentation des personnages. Sa mise en image d’un L.A. futuriste est très probante et sa vision des paysages futuristes reste réaliste. Il existe toutefois un manque de contraste entre les passages de « leur vie courante » et les tableaux violents. Les scènes d’actions sont fluides et bien rythmées. Les couleurs de Cyril Blancat sont du même acabit. Elles possèdent un côté flashy sans discernement en fonction de tel ou tel type de scènes.

Cette cascade de « points négatifs » n’est qu’un ressenti, qui doit être relativisé, l’ensemble reste très appréciable, je pense juste qu’un récit si prenant et subjectif aurait mérité un visuel plus marqué, pour nous orienter un peu plus.
Avec un tel début, la suite promet d’être un véritable voyage au bout de l’enfer.
Lumière crue
Série :Ceci est mon corps
Scénario :Damien Marie
Dessin :Sébastien Gœthals
Couleur :Cyril St Blancat
Éditeur :Bamboo
Collection :Grand Angle
Dépôt légal :Janvier 2009
Format :31 x 24 cm
Pagination :48 pages couleur
ISBN :978-2-35078-443-4
Prix public :12,90€
© Illustrations : Sébastien Gœthals - Bamboo.