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Le blues du Montana
Le boogie des rêves perdus de James Lee Burke
Délices & Daubes n° 139


Je vous ai déjà parlé de ce monstre de talent qu’est Burke (confer D&D 70). Au moins celui-là, né en 1936, est encore parmi nous.

Ce bouquin magistral (Rivages/Noir, 2006, 382 pages) serait son premier roman, écrit en 1970, refusé par les éditeurs (les cons !) et publié en 1978, une fois l’auteur reconnu.

C’est beau à en pleurer, ça fait mal au ventre. C’est l’histoire d’un musicos blanc de Louisiane, Iry Paret qui joue de la guitare country et blues et qui sort de pénitencier après 2 ans pour homicide involontaire. Son père meurt, sa famille le débecte et il part rejoindre un ami dans le Montana. Il a connu Duddy Riordan en taule, celui-là est pianiste et a fait 5 ans pour s’être fait prendre avec 2 joints. Faut dire qu’on est à la fin des années 60. Duddy est défoncé en permanence à l’acide, à l’herbe et à l’alcool, mais est souvent d’une lucidité extrême sur les autres. Iry habite avec Duddy et bosse dans la ferme de Frank Riordan, le père de son pote, joue aussi dans des bars, va à la pêche.

Frank est un écolo d’un genre particulier : il a une volière d’oiseaux sauvages dans sa ferme et élève des ragondins pour les introduire dans les rivières du Montana. Il refuse la pollution de sa vallée par une usine de papier hygiénique. Mais celle-ci donne du travail à 400 employés et à tous les bûcherons du coin, alors personne n’aime beaucoup Frank, ni son fils ni le pote de son fils. La violence se déchaîne dans ces paysages splendides. Et il y a Beth, la femme de Duddy. Ils sont séparés mais ont deux fils, et Frank est sensible à son charme.

Une formidable histoire d’amitié, de vengeance, d’amour, de haine, de défonce, d’alcool, écrit avec un lyrisme grandiose pour magnifier la beauté de la Nature encore sauvage, où les hommes sont hantés par leur passé et les rêves qu’ils en font.

Bon, on lui donnera pas le Nobel à Burke, il est bien trop exclusivement américain, mais qu’est-ce qu’il raconte bien son pays, celui des cowboys et des Indiens, des Nègres esclaves puis trimeurs, la Louisiane, le Texas et le Montana, et surtout le pays du blues que l’on entend tout au long du récit.

Content je suis, je n’ai pas encore tout lu du maestro.


Un autre papier en Yozone sur James Lee Burke :
Heartwood



Henri Bademoude
24 janvier 2009


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