En Fantasy, la dualité classique Mal contre Bien suffit à nombre d’auteurs pour créer quelques ébauches de quête aventureuse parsemée de dragons et autres ensorcellements ensorcelant juste ce qu’il faut et au bon moment.
Avec Milmo, on ne peut pas dire que tout change, mais là où on pourrait craindre une gentillette fable de plus pour jeune ado ayant lâché sa playstation, on découvre une habile construction fondée sur une guerre entre la Mort et la Lumière, entre le Nihilisme et le Temps. Comme s’il s’était inspiré d’un Alvin Le Faiseur* (O.S. Card, L’Atalante), Manuguerra débute son récit alors que la Mort (“le Défaiseur”*) a même engagé ses propres Maîtres Noirs à s’entretuer de façon que nulle vie ne subsiste. Le Temps (“le Faiseur”*) use alors d’un artifice (un peu tricheur !) pour conserver une étincelle de vie dans le dernier corps d’un Maître Noir agonisant.
Un jour, un gardien décide d’arrêter cette trop grande souffrance. Naît alors un enfant qui aura le don de faire appel aux légendes d’autrefois... mais à chaque évocation, de dix années de vie il se prive !
Les camps sont bien situés, l’homme comme toujours hésite entre jour et nuit, clarté ou noirceur... Milmo évolue du côté clarté, mais en fait, son camp, il n’est pas certain de l’avoir choisi lui-même.
De belles surprises s’égrènent tout au long de cette très bonne histoire au dessin assez minimal, parfois un peu trop... Mais on sent la finesse de trait et l’envie de séduire. L’ensemble y réussit fort bien tout en sortant des entiers éculés trop souvent proposés.
C’est un premier album dont les auteurs peuvent être fiers... il leur reste à somptueusement confirmer.

54 pages couleurs et 8 pages de croquis, par un éditeur dont le nom, à chaque nouvelle parution, rime avec qualité. En tout cas, chez Akiléos, on a compris qu’une bonne BD, c’est une histoire bien écrite avec une mise en scène où récit et dessin célèbrent leurs épousailles.

Résumé éditeur : Fils d’une fée et d’un Maître Noir, Milmo possède sans le savoir le pouvoir d’invoquer les légendes et de les faire renaître. Or, chacune de ses invocations le projette 10 ans dans le futur et le fait vieillir d’autant. Confronté à ce pouvoir, dont il ignore l’origine, l’étendue et les effets, Milmo va devoir décider de son destin et de celui des légendes. Mais sur le chemin de sa destinée, il va devoir affronter deux terribles ennemis : le Temps et la Mort.