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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Village (Le) (T1) L’ingénieur
Rodolphe, Marchal & Bouet
Edition Bamboo, Collection Focus

Le Village n’a pas de nom. Personne ne l’a jamais vu. Le Village n’existe pas.
Au fin fond d’une forêt de l’URSS, qui pourrait soupçonner son existence ?
C’est le lieu parfait pour établir un centre de conditionnement pour agents secrets soviétiques. Ils se retrouvent dans ce petit patelin aux charmes bucoliques pour se préparer à endosser des personnalités factices qui leurs permettront de s’infiltrer lors de missions dans le monde entier.
Au retour de celles-ci, ils sont récupérés et ramenés au Village pour y être déconditionnés.
C’est le cas de Grégor Polianov. Cependant, il n’a aucun souvenir de son passé russe et persiste à se faire appeler Olaf Gustavson… Y aurait-il eu erreur sur l’agent ramené dans l’enceinte surprotégée ?



Le cadre du récit est un village aussi factice et coloré que les banlieues d“’Edward aux Mains d’Argent” ou de “The Truman Show”. S’il n’est pas nouveau, ce concept reste efficace et intéressant.

L’intrigue nous fait suivre le personnage de Grégor/Olaf qui découvre le centre comme un inconnu et nous initie à son fonctionnement. Ce premier opus semble un moyen original de présenter le point de départ et l’univers de cette série.

Des personnages importants et un état d’esprit sont présentés, et augurent de bons futurs scénarios. Cet opus étant un cycle à part entière, la surprise reste totale sur la manière dont l’auteur orientera les tomes futurs.

Ce premier récit fonctionne sur une chute surprenante, mais au final, inévitable. Ça reste tout de même une histoire intrigante que l’on suit avec plaisir.

Le style de dessin est assez impersonnel, mais habile et bien construit. De même, la colorisation est d’une sobriété sans faille. De fait, le graphisme de cette bande dessinée ne dénote pas particulièrement et s’inscrit dans tout ce qu’il y a de plus classique dans la bd franco-belge.
Soit on adore, soit on reste neutre, mais difficile de détester : le trait est simple et efficace, purement illustratif et ne traduit pas d’ambiance particulière.

En bref, un album qui propose un moment de détente et d’évasion, plaisant mais pas inédit.

Myriam


Ce n’est pas sans une certaine excitation que les anciens de la Yozone attendaient d’avoir entre les mains le premier tome de la nouvelle série de Rodolphe (scénario) et Marchal (dessin). Son pitch n’est en effet pas nouveau. « Le Village » reprend, quasiment à la ligne près, la thématique de la célèbre série télévisée de Patrick Mc Goohan, “Le Prisonnier”. Un village, caché aux yeux du monde, où les services secrets (russe ici) conditionnent, déconditionnent leurs agents d’élite, ou offrent à ceux qui se montrent récalcitrants une retraite forcée et définitive.
Avec “l’Ingénieur”, Rodolphe se penche sur le cas d’Igor Poliakov. Un espion russe capturé par la CIA alors qu’il travaillait sous l’identité d’un ingénieur finnois sur le chantier de construction d’un barrage situé aux abords de Seattle.
Savamment introduit par un échange de prisonniers sur un pont berlinois qui nous replonge à l’époque de la Guerre Froide, ce premier épisode relate le retour de Grégor Polianov parmi les siens. Seul problème, il n’a aucun souvenir d’être un agent du KGB. Trop bien conditionné, ou reconditionné par les américains, Grégor Polianov est persuadé être Olaf Gustavson, le fameux ingénieur finlandais qui lui servait de couverture.

Pendant 44 pages, Rodolphe et Marchal gèrent parfaitement leur intrigue. On s’attend même à voir la bulle du “Prisonnier” émerger du lac quand notre héros s’empare d’une vedette rapide pour prendre la fuite. Mais alors que l’on s’attendait, et même espérait à ce niveau de lecture, que « L’échange » nous abandonne sur un cliffhanger de la mort qui tue, Rodolphe, comme si il s’était engagé contractuellement à délivrer une histoire complète, nous sort de son chapeau un twist final « pirouette cacahuète » aussi convenu que sans intérêt qui désamorce la montée en suspens de son sujet. Dommage, la bonne tenue générale de ce “Village” méritait mieux que cette conclusion bâclée.

Bruno


Scénarisé comme un one-shot qui ne nécessite aucune suite, « Le Village » parle évidemment aux amateurs de SF (surtout ceux qui ont la quarantaine) car il réveille en eux les effluves d’une grande série télévisuelle éponyme.

Mais là où l’objet conçu et pensé par le regretté Patrick Mc Goohan créait une nouvelle frontière de l’imaginaire, explosant au passage tout ce qui avait été fait avant, Rodolphe et Marchal font un petit surplace agréable. De fait, on pense beaucoup plus à l’énorme vacuité du « Village » de M. Night « Grosse Tête » Shyamalan après avoir refermé la chose.

Cette BD est une simple et bonne histoire d’espions au temps de la Guerre Froide, point. Et quitte à parler de Patrick Mc Goohan, autant penser à la série « Destination Danger », beaucoup plus dans l’ambiance.
Ni paranoïa étrange, ni schyzophrénie, juste du suspense. On cherchait un objet fantastique, la construction du scénario et sa conclusion livrent un petit Hitchcok tout bêtement.
Partant, comme on avait imaginé autre chose, on se sent un peu floués et déçus. Pas que l’album soit mauvais, mais à force de jouer avec les clichés, il n’invente rien. Le fameux “village” tient en fait plus de la villégiature où les espions de l’Est viennent se reposer... en adoptant le mode de vie US. Hum...
Certes, la zone est surveillée, visiblement bien planquée et alors ? Après tout, n’importe quel pays normalement constitué et ayant l’idée de créer un centre de vacances pour ses agents simples, doubles ou triples ferait pareil (à condition de trouver un petit rigolo au gouvernement pour avoir cette idée fumeuse qui aurait pour conséquence de rassembler en un même lieu la force de frappe secrête d’un pays). Conclusion logique, l’idée du « village » ne tient la route que dans le cadre d’un plan d’intrigue digne d’un 21st Century Schizoid Man comme Mc Goohan et rend le scénario « logique » de la BD franchement bancal.

Graphiquement sérieux, malgré d’étrange symptômes de rigidité des corps et des visages dans certaines scènes, « Le Village » est une BD intéressante qui produit les mêmes effets qu’un coup de revolver en l’air à l’heure de la sieste.
On sursaute et puis, quand on a compris ce que c’était, on se rendort.

Entre la volonté appuyée de rester logique et les hommages distillés tout au long de la narration, « Le Village » déçoit tout en restant un sympathique exercie de style.
Mineur, forrcément mineur.

Stéphane


Le Village (T1) L’ingénieur
- Série : Le Village
- Scénario : Rodolphe
- Dessin : Bertrand Marchal
- Couleur : Sébastien Bouet
- Éditeur : Bamboo
- Collection : Grand Angle / Focus
- Dépôt légal : octobre 2008
- Format : 22 x 29 cm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-9-35078-551-6
- Prix public : 10,40 €


© Bamboo Edition (2008)



Bruno Paul
Stéphane Pons
Myriam Bouchet
18 décembre 2008




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