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Ceux de la Légion (T3) : Seul Contre la Légion
Jack Williamson
Gallimard, FolioSF, n°292, roman, traduction (Anglais, États-Unis), SF space opera, 193 pages,

Le capitain de la Légion Chan Derron est accusé (à tort) d’avoir tué l’inventeur d’une nouvelle arme extraordinaire et d’avoir fait disparaître les preuves de son larcin.
Emprisonné, interrogé puis torturé, Chan finit par s’échapper de sa prison cinq ans après le drame, bien décidé à découvrir le vrai coupable.
Malheureusement pour lui, c’est le moment que choisit un mystérieux meurtrier, le Basilic, pour enlever ou tuer les plus hauts gradés de la Légion ainsi que quelques personnages influents de la Nouvelle Lune...

Le « Basilic » va très vite devenir l’ennemi numéro un de l’humanité et, puisque tout l’accuse, personne ne doute que Chan Derron se cache derrière cet étrange pseudonyme.
Les célèbres légionnaires Jay Kalam, Hal Samdu et Gil Habibula sont chargés de capturer le criminel...



Troisième et avant-dernier tome (un quatrième fut publié tardivement en 1982 et n’est toujours pas disponible en France) du cycle de Ceux de la Légion de Jack Williamson, consacré à l’histoire future de La Légion de l’Espace. Une œuvre qui a toujours la fâcheuse tendance en 2008 d’émerveiller certains lecteurs et d’en irriter d’autres.
SF à papi, datée, primaire, misogyne, simpliste pour les uns ; romans distrayants, enlevés, pas prise de tête pour un sou, à l’humour politiquement incorrect pour les autres... La ligne de fracture est franche.
Une fois de plus, la Yozone sous le patronage de votre serviteur, mais aussi de celui d’Hervé Thiellement s’est rangée du côté des admirateurs du bonhomme. Non pas que l’on oublie les défauts inhérents au genre ou à l’exercice, mais qu’il est relaxant et reposant de lire rapidement une bonne petite histoire dont le seul but est de vous faire rêver un bref instant.
Une série dont ce volume fut publié pour la première fois en 1939 et qui décline sous le mode SF, une version enlevée et chatoyante des « Trois Mousquetaires » à la mode Space Opera (comme le souligne fort justement Roland C. Wagner dans sa préface à l’édition Le Bélial de 2004 dont ce volume Folio SF est un reprint au format poche).

Contrairement aux deux premiers tomes, ce « Seul contre la Légion » tient plus de l’enquête policière que du Space Opera. Un étrange criminel, tout à la fois kidnappeur, tueur et voleur, succède aux méduses aliens de (« La Légion de l’Espace », T1) et aux dangereux maîtres d’une sphère de Dyson (« Les Cométaires », T2). Et si l’on retrouve bien Robert Star et quelques-uns des personnages des précédents volumes, ceux-ci n’y apparaissent qu’à la toute fin et de manière épisodique. Non, ce sont bien Jay Kalam, Hal Samdu et Gil Habibula qui seront à la fête dans cet opus ainsi que le jeune Chan Derron qui fera le lien entre les anciennes et nouvelles générations.
Jack Williamson joue à fond la carte de ces légionnaires et tout particulièrement celui du plus moralement incorrect d’entre eux, Gil Habibula. Ancien escroc et crocheteur de serrures génial, se plaignant toujours de la vie, en permanence apitoyé sur son sort, personnage rabelaisien s’il en est, il symbolise le « contrebandier » dont la destinée était de devenir le meilleur des « douaniers ». Le seul à pouvoir deviner la vérité masquée par les apparences.

Point positif de l’intrigue, son épure quasi totale et sa brièveté font tout l’intérêt de la chose.
Quelques scènes sur la Nouvelle Lune dans un univers de Casino que l’on devine directement inspiré par les débuts du Las Vegas des origines, quelques voyages spatiaux accomplis à fond les “Géodynes”, un mystérieux criminel qui signent ses méfaits sous le nom du « Basilic »... et rien d’autre.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas dans l’aventure spatiale que se construit la qualité de ce récit, mais bien dans la volonté d’ignorer volontairement les grandes figures du genre, comme si Jack Williamson avait volontairement choisi de saborder les archétypes à la mode dans leur pleine période de gloire
Certes, il y a bien un grand méchant, mais il est plus à prendre en pitié qu’autre chose. Certes, on y cause d’androïdes, il y a des robots en forme de créatures aliens, une planète étrangère, une poursuite spatiale, mais tous ces éléments ne sont que des arguments narratifs, des décors SF, et n’influencent pas véritablement le fond du sujet.

Le fait est que Jack Williamson livre volontairement un roman hybride, à la conclusion abrupte (bravo, on se fout du blabla qui entoure généralement l’heureux dénouement), fait semblant de considérer les belles plantes comme des potiches (alors qu’elles seront le doigt du destin), ne s’attarde pas sur une société du futur qui ne fonctionne pas autrement que la nôtre et glorifie souvent des héros foncièrement imparfaits (mais bons).

Au premier abord, « Seul contre la Légion » a des airs de roman d’aventure réduit à sa plus simple expression. Faut-il y voir là un exemple d’inachèvement ou alors et tout simplement l’expression profonde d’une simplicité bienvenue ?
Clairement, c’est en fonction du niveau de perception que l’on aura du récit que se situera le plaisir de sa lecture.

Il n’en reste pas moins que plaisir il y a et que la truculence exacerbée de Gil Habibula démontre que le principal objectif de cette aventure est avant tout de s’amuser et de se divertir.

Mission accomplie et en moins de deux cents petites pages from 1939. Très cool !

Titre : Seul Contre la Légion
Cycle : Ceux de la Légion, tome 3 (ou “La Légion de l’Espace”)
Autres volumes : « La Légion de l’Espace (T1) » « Les Cométaires (T2) » et « The Queen of the Legion (T4) » (Tomes 1, 2 et 3 publiés en un volume par les éditions Le Bélial).
Auteur : Jack Williamson
Traduction (de l’anglais, États-Unis) : Georges H. Gallet
Traduction révisée par : Pierre-Paul Durastanti (Le Bélial)
Couverture : photo Joe Felzman - Getty Images
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 292
Directeur de Collection : Pascal Godbillon
Site Internet : fiche roman, site éditeur, volume Omnibus (Le Bélial)
Pages : 193
Format (en cm) : 18 x 1 x 11 (broché)
Dépôt légal : septembre 2007
Code Hachette : A 30960
EAN : 9 782070 309603
ISBN : 978-2-07-030960-3
Prix : 5,80€


Stéphane Pons
1er décembre 2008


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