La fantasy de ces dernières années possède une image collée à l’adaptation cinématographique du « Seigneur des Anneaux ». A la fois pleine de poésie mais aussi de lutte contre le mal où la violence est surtout interne aux personnages qui se battent contre leurs propres doutes.

Du côté de « Narnia », on guerroie à longueur d’épisode mais plutôt dans un élan guilleret, pour de faux, où tout se finit bien finalement.

Chris Debien arrive avec son épée à deux mains, ses sorts mortels et balance un grand coup dans la fourmilière. Oh, pas de nouveautés singulières dans ce récit de roi maudit, trahi par ses proches avides d’un pouvoir après lequel ils n’ont cessé de courir, et aidé par les personnes les plus improbables. Mais l’ambiance donnée au roman est d’un lugubre dont Dark Vador serait jaloux.

Chris Debien n’hésite pas une seconde sur des descriptions qui vous minent le moral. A coups de haches verbales, d’incisions sémantiques et de déferlements hémoglobinesques, il assène ses feintes au lecteur qui devra se contrôler pour ne pas se jeter sur sa boîte de Lexomil. C’est sanglant et dégoulinant d’humeurs.

C’est aussi là que les questions se posent. Hachette a annoncé ce livre aux côtés de ses autres publications jeunesse. Je ne vais pas jouer mon père la vertu, mais il faut avouer qu’il m’a fallu parfois reprendre un petit peu d’air frais avant de retourner dans les miasmes infâmes du roman. Alors pour les jeunes…

Là apparaît donc l’interrogation suprême : que peut-on proposer aux jeunes si l’on considère que l’adolescence va jusqu’à 18 ans (30 diront les mauvaises langues) ? Parce qu’avant, dans les années 80 où l’offre jeunesse n’était pas aussi abondante, les ados devaient bien se rabattre sur quelque chose. Et le chemin vers Stephen King et autres écrivains sulfureux (à l’époque pour King) était vite suivi. Il faut avouer qu’à partir de 14 ans, selon les personnes, le flirt avec la cruauté de la vie devient presque un sport. Est-ce bon, est-ce mauvais ? Là, je laisse le débat ouvert aux spécialistes.

Pour ma part, il est clair qu’à 15 ans j’aurais sauté sur ce bouquin qui m’offrait un côté épique réel et un aspect sordide qui me convenait parfaitement. J’avais aussi la chance de ne pas avoir une censure parentale sur le dos.

Alors ?

Alors, ce roman se lit avec plaisir. Monté comme un thriller cinématographique avec des chapitres courts et le suivi de personnages multiples, on peut le classer dans les fameux page-turner qui font le succès de leurs auteurs. Après, il faut juste savoir ce que l’on y trouvera : du sang, de la cruauté et des larmes.

Et si vous abandonnez votre côté prude un moment, je dois avouer que c’est jouissif.

Malsain diront peut-être les bien pensants… Qu’ils aillent lire Marc Levy et Guillaume Musso…

PS : à noter un superbe jaquette de couverture qui s’ouvre comme un poster. Un plus pour l’ambiance.

Titre : Eveil du Roi : Les chroniques de Khëradon T1 (L’)
Auteur : Chris Debien
Éditeur : Hachette
Collection : Hors Collection
Couverture : Pascal Quidault
Nombre de pages : 380
Dépôt légal : novembre 2008
Format : 13,5x21,5 cm
ISBN : 978-2012013278
Prix : 18 euros