C’est ce que nous propose de découvrir Desberg dans sa nouvelle série du nom de son héroïne. Dans une mise en place classique des personnages, il présente les deux facettes de Sienna : la première assassine un terroriste la nuit avant de laisser place, le lendemain, à la seconde qui présente un plan de restructuration aux dirigeants d’une entreprise rachetée par son groupe. Place alors à Gabrielle qui fête sa victoire dans un procès et en profite pour devenir l’amante d’un soir de Charles, le mari de Sienna.

Sienna, côté jour, une tête qui bosse pour la société Capital Brain
Les deux femmes se sont connues sur les bancs de l’université, et pas n’importe laquelle, celle de Yale, une des plus prestigieuses des USA. Elles se détestent...
Passées une première rencontre des plus musclées marquée par le sceau de la jalousie et une énigmatique cinquième mission nocturne pour Sienna, l’information tombe, abrupte : Roberto Solis, le doyen de Yale, est mort d’une crise cardiaque pendant son sommeil.
Durant son enterrement, elles assistent, devant une assistance médusée, aux racistes et fallacieuses accusations d’universitaires appartenant à la société secrète « Skulls and Bones » (littéralement « crânes et os », à laquelle les Bush père et fils ont adhéré).
Les deux jeunes femmes viendront à enquêter sur la mort, pas si naturelle qu’elle a en l’air, de Solis, leur mentor lors de leur passage à Yale.

Sienna, côté nuit, une tueuse implacable pour la CIA
De leurs deux cheminements séparés, une seule et terrible vérité surgira : Sienna est la meurtrière ! Elles comprennent rapidement qu’elles vont devoir coopérer pour avoir des réponses à leurs questions et se sortir d’un sacré merdier.
Qui a pu se faire passer pour le patron de Sienna afin de commanditer le meurtre de Solis ? Et pourquoi ?
Qu’est ce que Solis comptait faire avec l’argent de l’université ?
Quel est le rôle exact de Charles des « Skulls and Bones » dans cette affaire ?
Stephen Desberg et son frère Filmore nous signent là un scénario classique mais rondement mené.
Deux femmes que tout oppose, un assassinat, le mari impliqué dans l’affaire, une société secrète… Bref, tous les ingrédients qu’il faut pour une bonne histoire. Avec comme originalité, ce milieu universitaire d’où émergent les futures têtes de la nation, dans une Amérique essoufflée après huit ans de pouvoir de George W.Bush.
Chetville, quant à lui, nous livre un très bel album. Son dessin manque quelquefois de dynamisme, on peut aussi se perdre un peu avec les retours sur le passé des personnages (d’autres choix de mise en couleur par Boa auraient pu mieux guider le lecteur).

Gabrielle, avocate et manipulatrice experte, la seconde personnalité de ce thriller en milieu universitaire
De charmantes héroïnes, de l’action, du mystère. Dans sa volonté de s’investir sur des séries réalistes, le label Grand Angle des éditions Bamboo inaugure la collection Focus, destinée à réunir des artistes de renom pour le plus large public.
Ce premier “Sienna”, avec un petit bémol sur le scénario (il est dans la difficulté d’être un album qui doit présenter une situation globale), remplit parfaitement cette fonction et laisse espérer une agréable surprise pour le prochain qui conclura ce premier cycle.
Avec “Naja” (Dargaud) et maintenant Sienna, le métier d’exécutrice se féminise sacrément dans la BD !!!
Sienna (T1)
Scénario : Stephen Desberg & Filmore
Dessin : Denis Chetville
Couleurs : Tom Boa
Éditeur : Bamboo
Collection : Focus
Dépôt légal : octobre 2008
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-35078-496-0
Prix public : 10,40 €
Illustrations © Chetville, Bamboo (2008)