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L’esprit de la chose
L’esprit de la chose de Fredric Brown
Délices & Daubes n° 126


Une fois n’est pas coutume, le titre du bifton sera celui du bouquin. Parce que c’est un beau titre, même si c’est assez approximatif comme traduction de The Mind Thing (1961). Paru en français en 1978 (Futurama, Presses de la Cité), je l’ai lu en Néo (1988), la collec avec les toujours sublimes couvs de Jean-Michel Nicollet.

Pas plus tard que la semaine dernière (D&D 125) je vous rappelais que Fredric, outre avoir commis quelques chefs d’œuvre de SF, était tout aussi brillant quand il écrivait un polar.

Retour à la SF avec cette chose-esprit venu d’ailleurs très loin pour atterrir dans un bled du Wisconsin. Cet ET a un corps comme une carapace de tortue sans orifices. Il ne peut pas se déplacer. Par contre il peut voir à travers les yeux des animaux et des gens dans son entourage immédiat et surtout il peut s’emparer de leurs esprits quand ils dorment, prendre le contrôle de leurs corps et leur faire transporter son enveloppe personnelle inerte. Cet esprit-chose a un plan : repartir sur sa planète, et pour ça il doit trouver un électronicien capable de fabriquer son moyen de transport.
Esprit froid et dépourvu de pitié pour les corps qu’il emprunte, il les tue en les suicidant pour passer au suivant. Mais il va tomber sur plus fort que lui en la personne de Doc Staunton, prof au M.I.T.

Écrit comme un thriller, on ne lâche pas le bouquin. C’est aussi l’occasion pour Brown de nous dépeindre la vie quotidienne, les habitudes et les personnages de cette petite ville américaine des années 60 : le gros shérif un peu con, le vieux fermier nostalgique de « Deutschland über alles », le journaliste, les jeunes gens pleins de vie mais aussi le brave chien et les chats.

Sans doute pas un chef d’œuvre mais un vrai plaisir de lecture. Un délice, quoi.

Encore merci Maître Fredric.


Henri Bademoude
26 octobre 2008


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