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Jérusalem
Richard Marazano & Patrick Pion
Glénat, collection Vécu - One Shot

Époque médiévale, Guido est à bout de force. Fugitif poursuivi par des soldats Francs, il est sauvé de ses persécuteurs par les hommes du Calife Abdu Al Khayr au moment crucial où il allait être tué.
Est-il reconnaissant de ce sauvetage de dernière minute ? Même pas.
Guido est aussi intolérant que n’importe quel Chrétien de son temps.

Pourtant, peu à peu, il va comprendre que les hommes ne valent que par leurs actes et non par leurs croyances.



Projet finalement risqué que ce One Shot (un album sans suite en bon Français !) situé à une époque historique troublée dont la littérature classique ou graphique ne propose pas souvent des visions mesurées.
Les bons, les méchants, les Chrétiens, les Musulmans, etc. Dans un sens ou dans l’autre, l’opposition est flagrante, les antagonismes appuyés, rarement travaillés avec finesse. Ou alors, les récits basculent dans le fantastique et l’étrange pour des ré interprétation « imaginaires » à base de magie ou de sorcellerie.
Bref, la vérité des hommes et de ce temps doit filer des boutons aux scénaristes ou aux éditeurs car elle est toujours absente des aventures portées sur papier.

Richard Marazano (scénario) et Patrick Pion (dessin) étaient visiblement sur la même longueur d’onde pour ce « Jérusalem ». C’est heureux. Leur BD en forme de conte philosophique ou moral n’oublie pas les grandes phases de ce type d’histoire. Combats, embuscades, traversée du désert, naufrage, tout le registre y passe tranquillement et paraît logique.
En fait, le tour de force n’est pas spécialement dans l’aventure (pour l’aventure), mais dans les multiples pistes de lecture, proposées sans logique primaire apparente, mais qui construisent toutes un album cohérent.
Un apprentissage de la tolérance (certes), une histoire d’amour qui finit mal (très bien), un long voyage vers Jérusalem (trajet initiatique s’il en est) et surtout, une plongée dans l’inconscient de Guido qui va devoir se rappeler de son passé (et le partager) pour s’ouvrir un avenir.

Remarquablement découpé (couleurs bien pensées de Walter), « Jérusalem » vaut et s’ordonne par sa complexité globale qui induit une absence de compréhension large quasi volontaire. Tout juste peut-on regretter que certaines planches donnent l’impression d’avoir été un peu moins travaillées que d’autres. D’où une légère sensation de déséquilibre graphique par instants.
On s’attarde alors sur une séquence, on revient sur ses pas de lecteur, on s’interroge sur un enchaînement de pages et on questionne finalement la narration jusqu’à la dernière page, totalement contemplative (4 planches vierges de dialogues sur 46 au total).

« Jérusalem » (Glénat, coll. Vécu - One Shot) est au final une belle BD qui conviendra surtout aux lecteurs exigeants qui souhaitent lire plus qu’un album distrayant.
Tout le mérite en revient aux auteurs qui ont eu l’intelligence d’offrir un ouvrage sans certitude, mais qui une fois refermé ne s’oublie pas.


Jérusalem
Scénario : Richard Marazano
Dessin : Patrick Pion
Couleur : Walter
Éditeur : Glénat
Collection : Vécu - One Shot
Genre : historique
Format (en cm) : 21,5 x 29,3
Pages : 48
Parution : septembre 2008
ISBN : 9782723459860
Code Hachette : 7318686
Prix : 9.40€

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« Jérusalem » (Glénat, coll. Vécu - One Shot), coup de cœur de la chaîne Arte .


© Couverture et illustrations : Gélnat BD - Vécu, Richard Marazano & Patrick Pion, septembre 2008.



Stéphane Pons
22 septembre 2008




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Un One Shot exigeant (Glénat, coll. Vécu).



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Plonger dans le passé pour se donner un futur n’est jamais une opération aisée (« Jérusalem » Glénat, Vécu).



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