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Pour l’Honneur et la Mort
L’Agonie de la lumière de George R. R. Martin
Délices & Daubes n° 120


En voilà un planet-opera qu’il est beau et triste comme son titre l’indique.

Il existe une collec’ de bouquins de SF chicoss qui a la forme du CLA, le goût du CLA mais qui n’est pas le CLA. Ça s’appelle « Le Masque de l’avenir » dirigée (la collec’) par Michel Demuth. Chez un bouquiniste trop sympathique, je me paye cette « Agonie de la lumière », 1980 (Dying of the Light, 1977) pour un modeste bifton de 5 nieuros, moins cher que l’édition en J’ai Lu. Ça les vaut bien !

Je ne vous ferai pas l’outrage de vous présenter le Martin aux initiales qui grognent. Je vous en ai même causé par là (D&D 48). Le peuple s’esbaudit sur son “Trône de Fer” dans lequel je n’ai jamais pu rentrer mais quand même il écrit de belles choses fortes et adultes.
Là c’est une histoire longue (425 pages avec le lexique) qui traite de sentiments (l’amour et l’amitié) entre des gens qui n’ont pas la même culture ni les mêmes codes sociaux. C’est très bien fait et ça vous prend aux tripes. L’auteur est un grave pro, pas de doute.

Dirk t’Larien est un mec « normal », à peu près comme nous occidentaux, qui est appelé par un ex-amour à lui, Gwen, qu’il n’a pas revue depuis 5 ans et qui vit maintenant sur une drôle de planète, Worlorn. Ce monde, aux confins de la galaxie, passe dans l’orbite d’un système stellaire original pendant un petit siècle. Les différentes civilisations des Marches le terraforment le temps d’un Festival où elles y construisent de splendides cités.

Quand Dirk y débarque c’est déjà le crépuscule, les touristes sont partis, la planète va sous peu replonger dans le Grand Noir. Il reste quelques rares habitants dont des écologistes qui étudient cette agonie d’un monde, comme Gwen.
Mais Gwen a changé, elle vit maintenant avec Jaan, un Kavalar, et donc aussi avec le “theyn” de Jaan qui s’appelle Jaracek. C’est complexe les liens sociaux sur la planète des Kavalars, et trop compliqué à résumer. Sachez que ce lien entre mecs est plus fort que celui entre homme et femme, que la femme est une sorte de propriété commune, mais que Jaan est plutôt moderne et son theyn plutôt traditionnaliste. Dirk va essayer d’enlever Gwen à ces deux gars mais rien n’est simple, surtout pas les sentiments.

La planète Worlorn est magnifiquement décrite, ses cités formidables aussi. Sa faune et sa flore qui proviennent de différents mondes sont étonnantes. C’est aussi bien que du Jack Vance à cet égard.

Les aventures sont au rendez-vous. On ne s’ennuie pas malgré les 400 pages. Et les relations humaines sont très intéressantes. Le choc des cultures est violent. Chacun et chacune fera quand même un effort pour comprendre et s’adapter aux autres.
Et il y a encore, sur cette planète mourante, des Kavalars, plus conservateurs que Jaracek, qui sont restés pour chasser - comme le comte Zaroff, avec d’horribles clébards - les autres humains qu’ils considèrent comme des animaux.

Le parcours intellectuel de Dirk pendant les quelques semaines qu’il passe sur Worlorn est particulièrement bien raconté et la fin, toute en mélancolie, est à l’image de ce beau roman (prix Hugo 1978).


Henri Bademoude
7 septembre 2008


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