L’idée de base de ce roman est des plus originales et aussi des plus effrayantes. Pouvoir se débarrasser de son gamin dès l’âge de treize ans pour le faire « recycler » et en plus penser que là, au moins, il fera du bien à la société, est une vision assez fascisante des choses. Et ce qui fait frémir encore plus, c’est que cet âge de treize ans a été prononcé par nos instances dirigeantes aussi. Neal Shusterman aurait-il eu une vision prémonitoire sur notre pays ? Espérons que non, car le respect de l’enfant et de la vie en général serait malmené comme jamais.

Le livre démarre comme une fuite pour la survie, un peu à l’instar d’un « Prison Break » pour ados. Mais rapidement, des questions bien plus profondes sur la vie, le droit à la vie, l’utilité de chacun sur notre planète voient le jour. Après tout, il existe des adolescents que l’on considère en perdition totale et que la société ne peut plus gérer. Les parents ont « démissionné », les institutions ne peuvent plus faire face, la répression enfonce ces ados encore plus loin dans la délinquance. Alors, après tout, pourquoi ne pas les déclasser, puisqu’ils ne sont déjà plus vraiment des citoyens ? Et en plus, s’ils deviennent donneurs d’organes et sauvent des vies, où est le mal ?

Ah, je vois votre œil frémir, votre côté réactionnaire s’éveiller un peu…

Écrit de manière très dynamique, comme un thriller à plusieurs voix avec certaines scènes très difficiles à supporter, ce roman est une réussite de réflexion et de divertissement. Il peut aisément servir de point de départ à des débats sur ce que nous sommes dans notre vie et sur ce que nous désirons en faire vraiment.

Titre : Les fragmentés
Auteur : Neal Shusterman
Traducteur : Émilie Passerieux
Éditeur : Editions du Masque
Collection : MsK
Couverture : Onemader & C.Rondinaud
Nombre de pages : 450
Dépôt légal : avril 2008
Format : 13,5 x 19,5 cm
ISBN : 978-2702433911
Prix : 13,50 euros