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Classique mais pas trop
La femme-renard d’Abraham Merritt
Délices & Daubes n° 118


Il faut bien, de temps en temps, relire des classiques, des vieux bouquins écrits à l’ancienne. Celui-là, “La femme-renard” (The Fox Woman), a été publié en 1949 aux States, 6 ans après la mort de l’auteur qui l’avait commencé en 1923 (pas vraiment hier) et laissé inachevé. C’est Hannes Bok qui l’a terminé dans l’esprit et le style de Merritt. Non je ne fais pas mon malin, c’est Roger Bozzeto qui l’explique dans la préface de l’édition française, chez Néo, 1979.

Classique par l’âge, le style, la construction mais quand même bien zarbi sur le fond, on entre tout de suite dans le fantastique avec des « divinités » chinoises, en fait des esprits de la Terre incarnés dans des renards.
Un explorateur américain est assassiné en Chine par des brigands sur ordre de son frère qui veut récupérer sa fortune. Sa femme enceinte réussit à s’échapper mais doit trouver refuge dans un temple consacré aux renards. Elle mourra en donnant naissance à une fille, Jean, qui ne doit la vie qu’à l’intervention d’une femme–renard qui s’incarne en elle.
Dix-sept ans après, celle qui est à la fois une charmante jeune américaine et une dangereuse magicienne avide de vengeance retourne aux Etats-Unis chez son oncle assassin. Le vilain et sa femme Margot accueillent aussi dans leur maison les deux mercenaires, un allemand et un français, qui ont aidé à tuer frère et belle-sœur, un psychiatre, et bientôt Paul, le fils du français qui n’aime pas son méchant père.
La majeure partie du roman se passe à New-York dans cette maison d’où ils ne peuvent sortir, à subir les enchantements de la sorcière chinoise qui a prévu une vengeance lente et longue. Ça discute beaucoup psychologie, rationalisme, illusion entre tous les participants et c’est un rien longuet. Paul est appelé par son père pour séduire la douce jeune fille qui apparaît parfois sous la femme-renard. Il y parvient et en tombe amoureux. Ah, l’amour… Pourra-t-il résoudre tous les problèmes ?
Bon j’ironise mais la dimension psychologique et les motivations des personnages sont changeantes et, plus qu’ambigües, incohérentes. En particulier le « héros » Paul qui change d’attitudes et de sentiments plus souvent que de chemise.

La fin du roman est, par contre, formidable, avec un voyage dans un tableau (pas si courant à l’époque), une scène hallucinante dans un musée où les statues prennent vie et une conclusion à la James Bond avec explosions, retournements de situations et - pas comme James Bond, plutôt comme chez Neil Gaiman - intervention de tous les petits dieux d’Amérique et de ceux importés avec les immigrés d’Europe.
Quand même, faut lire les obsolètes, jeunesse, pour étalonner votre jugement, m’est avis.


Henri Bademoude
24 août 2008


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couverture de Maître Jean-Michel Nicollet



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