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Ah les trilogies, mon zami !
Un tango du diable de Hervé Jubert
Délices et Daubes n°117


Je n’sais pas vous mais je me pose toujours la question. Pourquoi donc pondre des trilogies, remettre le couvert trois fois (voire plus mais la norme c’est trois) et pas écrire un truc, une fois, et passer à autre chose ?
Je viens d’apprendre récemment que ce n’est pas pour des raisons commerciales (ou financières, ben oui : l’écrivain doit lui aussi manger et nourrir ses nienfants, le pôvre) puisque des experts en marketing ont montré que le deuxième livre se vend moins bien et le troisième encore moins. Tout est relatif, comme d’hab’, vendre 3 millions d’exemplaires du I, puis 2,9 du II ne pose pas grand problème. Et, toujours comme d’hab’, il y a des exceptions pour confirmer la règle (Le Seigneur des Anneaux, comble de la trilogie, ou Harry Potter, entre autres).
Nonobstant, le marketing a parlé. Oui mais les auteurs n’écoutent pas, ils aiment leur univers, leur monde à eux, alors ils insistent, d’autant plus si le premier a bien marché, qu’ils le sentent bien, que leur muse est là sur leur épaule qui les conforte…

Il y a une autre tendance qui consiste à faire long, 500, 600 voire 900 pages, soit l’équivalent d’une trilogie. Il semble que ça plaise aux gens de se trimballer avec un truc énorme, qui tient pas dans la poche, qui fait mal aux doigts, aux poignets et aux bras quand il faut soulever le bouquin pour le lire sur son canapé ou sur son transat. Franchement – oui je sais, je radote, c’est l’âge – je déteste les livres trop longs parce que, au propre et au figuré, de facto, ils sont lourds !

Les éditeurs ont aussi leur part de responsabilité. Forcément, non mais sans blague. Non seulement ils adoubent (alors que leur marketing man leur dit nenni ou attention) pour les suites, mais en plus des fois ce n’est pas trois mais dix voire douze bouquins ou plus (confer les fantasistes fous ou éclairés).
Et quand bien même l’auteur a écrit des livres normaux (disons 200 à 350 pages), les éditeurs font des trucs genre Omnibus ou Œuvres Complètes qui les transforment en machins énormes, écrits trop petit et/ou qui pèsent une tonne.
Les gens (pensant faire des économies alors qu’ils ne liront pas toujours tout) sont contents. Et ben moi pas.

Après avoir lu deux bouquins plutôt bons, de Winckler (D&D 112) et de Barbéri (D&D 113 ), qui tiennent la route tous seuls, mais qui ne sont que les premiers de séries de 3, je viens de lire le deuxième tome de “La trilogie Morgenstein” de Hervé Jubert. J’avais aimé “Le Quadrille des assassins” et vous en avais dit du bien (confer D&D 114). Et ben le tome deux, “Le Tango du Diable” (Points Fantasy, 2008, 343 pages), est toujours sympa, le Jubert a du talent et de l’imagination, sans conteste, et aussi de l’humour – c’est donc un mec bien – mais il se lâche tellement qu’on finit par se dire (in English in a french head) : « Too much is too much ! ». Conséquemment, malgré le plaisir de lecture du tome I, on sature et on n’accroche plus au délire incessant et bondissant du II. Et on se dit que c’est pas demain qu’on va lire le tome III. C’est ballot, certes, mais c’est.

Bon, les tri-, tetra-, hepta-, dodeca- et plus -logistes, j’ai conscience que vous n’avez strictement rien à faire de ce que le Bademoude peut bien raconter dans ses biftons... Mais il profite de son espace de parole pour dire ce qu’il pense et vous souhaiter d’excellentes futures monologies (?) de moins de 400 pages.


Henri Bademoude
17 août 2008


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