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Le cinéma de Guillermo Del Toro
Un Toro dans l’arène du fantastique


La vie est comme une corrida pour el Toro du cinéma de genre. D’un côté, les forces du mal et autres esprits maléfiques, de l’autre la ou les victimes, pas forcément des anges... Fasciné depuis l’enfance par les monstres, ce natif de Guadalajara (Mexico) s’érige aujourd’hui au rang de maître incontesté du fantastique. Il n’avait pas trois ans quand il décide de dédier sa vie entière à réaliser des films d’horreur. Ses premiers opus voient le jour à l’âge de huit ans, avec une caméra Super-8. Devenu ado, il étudie l’écriture de scénario avec Jaime Humberto Hermosillo, grande figure du cinéma mexicain. Quelques courts-métrages plus tard, il suit l’atelier de maquillage de Dick Smith (l’Exorciste, le Parrain...) et développe un savoir-faire hors du commun pour les faciès monstrueux. Il crée finalement sa propre société Nécropia, consacrée à la réalisation de téléfilms pour la télévision mexicaine, notamment trois épisodes pour la fameuse série d’horreur Hora Marcada. Il est aussi l’un des membres fondateurs de l’école de cinéma et du festival de Cinéma Mexicain de Guadalajara.

TROP TÔT POUR HOLLYWOOD

Mais l’envie de voir ses cauchemars exploser sur grand écran se fait de plus en plus forte. En 1993, son premier long-métrage Cronos , une originale histoire de vampires, ensanglante les salles obscures. Pour la petite histoire, ce film marque sa rencontre avec son acteur plus que fétiche aujourd’hui, Ron Perlman. On retrouve dans Cronos quelques-uns de ses thèmes récurrents, notamment à travers l’usage fréquent de symboles religieux, comme le nom du personnage principal du film, Jésus Gris. Le film remporte le prix de la Critique au Festival de Cannes ainsi que neuf prix (Meilleur film, Meilleure mise en scène...) aux Goyas, les équivalents mexicains des Oscars. Le Time Magazine le classe alors parmi les cinquante plus prometteurs réalisateurs du cinéma latino-américain : Del Toro gagne son ticket pour Hollywood. Mais revers de la médaille, il doit céder aux exigences des illustres studios pour accoucher de Mimic (1997). Malgré sa fascination pour les insectes bien rendue par l’horrible bébête, del Toro n’a pu réaliser le film qu’il souhaitait.

RETOUR AU BERCAIL

Le Mexicain retourne sur sa terre natale et crée sa propre société de production, le Tequila Gang. Il peut alors laisser libre cours à son imagination débridée et s’offre un drame fantastique plus personnel, l’Echine du diable (2001). Une sombre histoire de fantômes au sein d’un orphelinat, sur fond de guerre civile d’Espagne. Un succès critique et public couronné par le prix spécial du Jury à Gérardmer, cuvée 2002. Produit par Pedro Almodovar, le film confirme le réel talent artistique de Guillermo del Toro grâce aux images impressionnantes et aux couleurs troublantes - surtout des tons jaunâtres -, marques de son style si particulier.

PERLMAN, PORTE-BONHEUR

Plus rien n’arrête ce nouveau maître du fantastique, visionnaire et éclectique. Puisant cette fois son inspiration dans les comic-books, le quadragénaire revisite à sa manière le monde des suceurs de sang avec Blade 2 (2002), passant des couloirs gothiques aux laboratoires cyber techno chromés, le tout fondu dans un environnement urbain glauque. Au menu : combats stylisés, le tout rythmé par un savant mélange de techno et de hip hop. L’action frénétique de ce second opus de la trilogie a d’ailleurs nécessité la création d’une nouvelle caméra, capable de bouger librement pour suivre les acrobaties de Blade ou de ses adversaires. Avec Hellboy , del Toro renoue à nouveau avec l’esprit du comic-book, celui de Mike Mignola, artiste de génie et adulé par le réalisateur. « Hellboy est un super-héros qui n’aspire pas à en être un », explique celui qui s’est offert le luxe de refuser le projet du dernier Harry Potter, au profit du diable rouge atypique. Le film marque non seulement ses retrouvailles avec le directeur de la photographie Guillermo Navarro (Jackie Brown, Spawn...), mais aussi avec son ami de longue date, Ron Perlman. Preuve de cette connivence au-delà de l’écran : dès 1994, del Toro sait que le futur acteur de Alien IV incarnera SON Hellboy !! Promesse tenue.


Sandrine Lamy
5 septembre 2004



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