Dès la prise en main de cette BD, le superbe rendu graphique réalisé par Simon Dupuis imprègne la rétine.
Décors et paysages fouillés nous font entrer de plain-pied dans Babylone. Il est évident qu’un important travail de recherche a été effectué pour être réalistement crédible. Le trait est fin et précis, courant sur les tenues vestimentaires tandis que le jeu des couleurs vives et chaudes nous convie à partir à l’aventure.
Mais si aventure il y a, celle du lecteur sera un poil complexe. Oui, dès le début de la lecture les choses se gâtent un peu. Habitué du roman historique, Alain Paris, en passionné qu’il est a fourni un scénario des plus fouillés. Ce réalisme historique s’impose dans la première moitié de l’album dans un déferlement de noms très difficiles à retenir et une rhétorique trop proche de l’époque. Cet acte d’exposition en devient plutôt indigeste pour les non initiés aux us et coutumes de l’époque.
Le récit, heureusement, se simplifie ensuite et les intrigues apparaissent plus évidemment. Trois enquêtes sont menées de front par la jeune Taliya, responsable du Service de la Justice royale, qui découvre sous le voile qui se posait sur un meurtre quelques raisons plus obscures. Assassins, comploteurs, hommes de pouvoir, sa féminité et sa jeunesse vont devoir affronter bien des périls.
Comme l’écrit s’allège et que notre esprit est un peu moins sollicité, on découvre un défaut important dans le graphisme.
L’ironie vient alors mordre dans ce titre, « La nuit des masques ». Car masquée, ou du moins figée, telle est l’impression qui poursuit les acteurs principaux dans cette dramatique. Parcours imposé, parti pris des auteurs, mais cette sensation de masque de fête au sourire béat et figé quelle que soit la situation est totalement troublante. Difficile alors de s’immerger dans cette investigation comme il est difficile de comprendre comment une telle qualité des arrières plans (et de l’ensemble) soit associée a un aussi grand décalage entre les situations et l’image émotionnelle des personnages.
Cette histoire, au préalable prévue dans la collection Dédales, contient néanmoins de nombreuses promesses, même si Alain Paris nous perd dans son désir de rendu historique alors que Simon Dupuis oblitère quelque peu la dramaturgie du scénario.
Une histoire donc en demi teinte, au potentiel certain, qui devra trouver plus d’équilibre lors de la prochaine parution.
La nuit des masques
Série : La porte d’Ishtar (T1)
Scénario : Alain Paris
Dessin : Simon Dupuis
Couleur : Simon Dupuis
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Dépôt légal : février 2008
Format : 32 x 24 cm
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-7316-1696-5
Prix public : 12,90€
© Illustrations : Éditions Les Humanoïdes Associés, Alain Paris et Simon Dupuis (2008)
