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La Mort est une femme
L’Ami de la Mort de Pedro Antonio de Alarcòn
Délices & Daubes n° 90


Ben oui, ne vous en déplaise, je continue à me faire plaisir et à déguster à petites gorgées ces délices fantastiques choisis par Maître Borges. Merci encore, FMR et Panama, pour cette réédition. Voir aussi les D&D 80 et 85.

Cette fois nous sommes dans une Espagne du début du 18e siècle. Un cordonnier Gil Gil est le fils naturel d’un comte. Celui-ci l’héberge et lui fait vivre quelques années la vie des puissants. Mais à la mort de son mari, la comtesse jalouse renvoie le fils bâtard à sa misère et à ses chaussures, juste quand il était tombé amoureux d’Elena, une jeune fille de la Haute.

Au moment où, au bout du rouleau, Gil va se suicider, une grande femme très belle et tout de noir vêtue vient lui proposer de changer sa vie et son destin. Il accepte et devient « l’Ami de la Mort », médecin capable de prédire précisément l’heure du trépas. Malgré un début un peu laborieux, les événements s’enchaînent et finissent par entraîner le lecteur dans une histoire complètement folle, avec une chute totalement imprévisible. Borges la qualifie, dans sa brillante et érudite préface, de « dantesque ».

Le style et la construction sont remarquables. Ce conte, écrit au milieu du 19e siècle, est d’une étonnante modernité, avec un humour surprenant et décalé et des propos sombres mais lucides sur ce qu’est la Vie, l’Homme, l’Amour, propos tenus par cette très étrange dame.

Ce court roman est suivi d’une nouvelle plus fade et beaucoup moins intéressante « La Grande Femme » où intervient aussi une femme en noir, mais celle-là est laide à faire peur. On y retrouve quand même l’humour subtil d’Alarcòn.

José Luis Borges était un grand lecteur en plus d’être un grand écrivain. C’est pratique de se faire choisir les bouquins à lire par un homme raffiné et cultivé !


Henri Bademoude
9 février 2008


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