Le recueil de nouvelles, édité suite à un appel à textes, est un exercice délicat parce que découvrir côte à côte des histoires dont le seul point commun est le sujet, La Terre, n’est pas facile pour le lecteur.
On y trouvera des différences dans le style, évidemment, dans le genre aussi qui mêle fantastique, fantasy et science-fiction, et dans l’inspiration. Des différences dans la « qualité » aussi, où des auteurs débutants cohabitent avec des auteurs plus confirmés, les derniers n’étant pas forcément « meilleurs » que les premiers.
Le premier texte de Sébastien Gollut, « Plaidoyer pour la Terre », donne en quelque sorte le ton de l’ouvrage : la Terre ne va pas bien à cause des hommes et décide d’intervenir.
Le second, « Poussière de charbon », de Graham Joyce introduit la deuxième grande thématique : les mines, les galeries et les boyaux obscurs du sous-sol. Ce grand écrivain (« Requiem », « Les Limites de l’Enchantement », etc.), nous livre ici une nouvelle bizarrement construite (et écrite : « il fit rouler son pied dans les ténèbres » (?)) qui peut décevoir.
« Odeur des pluies de mon enfance » de Timothée Rey est de la pure SF. Un peu trop même puisque le lecteur est un peu inondé sous les noms de planètes, régions, animaux et végétaux extra-terrestres. Cette histoire étrange s’achève sur une fin ouverte et donne un peu l’impression d’être un morceau d’une œuvre plus large recyclé pour l’occasion.
« Humus sapiens, Cochard,1917 » de Benoît Giuseppin parle d’homuncules de terre pas très gentils et de la guerre des tranchées de 14-18. L’histoire est originale quoique de construction un peu approximative.
Dans « Mémoires de Terre », Li-Cam nous présente un « golem » qui retrouve une fillette disparue grâce à sa liaison mentale avec la Terre. Bien écrit mais peu convaincant.
Dans « Les Veines de la Terre » de Gabriel Féraud, un pauvre nain mineur est exploité par d’autres méchants nains.
Le niveau d’intérêt remonte sérieusement avec « Fata Organa » de Jeanne-A. Debats. Remarquablement écrite et construite, cette nouvelle bourrée d’humour et de « philosophie de vie » pourrait à elle seule justifier l’achat de ce livre. Je vous laisse découvrir de quoi il retourne.
Le texte suivant, « Dettes à honorer » de Réjane Durand, une apprentie-sorcière qui ne tient pas sa parole donnée à Demeter, est également bien enlevé et agréable à lire.
Karim Berouka, qui a récemment publié chez le même éditeur une novella humoristique, « La Porte », est sans nul doute un styliste. « Dans la terre » nous raconte, dans une écriture poétique et elliptique, l’histoire du dernier être vivant sur Terre. La signification de ce texte et la nature du narrateur ressortent également pour moi du domaine de l’ellipse.
« Terre blanche, Terre rouge » de Marie Barthelet est bien écrit avec une histoire profondément originale. Le message l’est moins : la Terre se venge.
Robin Tecon, avec « Le Cadeau » essaye de jouer sur la fibre émotive.
« Réclusion » de Laëtitia Mallet est une nouvelle plus intéressante, bien écrite, sans trop de cohérence dans la narration mais de qualité.
Le dernier , « L’Absente » de Sylvestre Sisco, est un récit de science-fiction sans grande originalité.
Les lecteurs de cette anthologie y trouveront des histoires qui leur parleront, qu’ils jugeront belles ou intéressantes, et d’autres dont ils ne comprendront pas la sélection. C’est la dure loi du genre.
Titre : Élément I : La Terre
Anthologie dirigée par : Magali Duez
Couverture : Magali Villeneuve
Éditeur : Griffe d’Encre Éditions, 53 domaine de la Croix de Pierre, 28210 Bréchamps
Directrice de la collection « anthologies » : Magali Duez
Pages : 204
Format (en cm) : 20 x 13
Dépôt légal : décembre 2007
ISBN : 978-2-9529239-5-8
Prix : 16 €
