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Grand Légendaire de France (Le)
Marie-Charlotte Delmas
Omnibus, anthologie (France), fantastique & contes, 3 volumes ou coffret, 26€, 25,50€ et 26€

Originaire de Toulouse, bibliothécaire de formation, mais aussi auteur, scénariste, historienne, Conservateur en chef de la médiathèque de Bagneux (92), Docteur en sciences du langage et, surtout, passionnée par les contes, les légendes, les récits fantastiques et le grand écrivain Claude Seignolle, Marie-Charlotte Delmas a accompli un remarquable travail de chercheuse et d’anthologiste dont le résultat est paru chez Omnibus sous le titre du « Grand Légendaire de France »(Presses de la Cité).

Mais Marie-Charlotte Delmas a plusieurs cordes à son arc. Publiant de nombreux recueils “jeunesse” chez Syros ainsi que les 6 volumes de la série des « Petits lexiques », grâce à sa rencontre avec Max Cabannes, elle s’est également frottée avec un égal succès à la BD. Au point que Glénat l’a convaincu de devenir une scénariste maison. Une saga en cinq volumes sur Rennes-Le-Château est même sur les rails avec la parution des deux premiers tomes courant 2008.

Et ce n’est pas tout ! Marie-Charlotte Delmas est également la directrice du Festival Zone Franche de Bagneux dont la première édition se tient en ce début d’année 2008 (janvier & février).



Base d’informations et somme de connaissances inédites sur le sujet, oeuvre ambitieuse parfaitement concrétisée sur le papier, « Le Grand Légendaire de France » s’avère être l’anthologie à posséder absolument.
Trois volumes consacrés aux « Fées et Lutins » (T1, 2005), aux « Revenants et Fantômes » (T2, 2006) et aux « Démons et Sorciers » (T3, 2007) sont venus concrétiser des années de recherches. Édités séparément, ils ont également été présentés en coffret unique (novembre 2007), cadeau idéal et immanquable pour les retardataires du réveillon 2007.
Le classement thématique, puis région par région, facilite un accès partiel ou global ainsi qu’une entrée légère ou plus complète dans ce « Grand Légendaire ». Sans contestation possible et sans oublier de signaler les remarquables travaux du grand Claude Seignolle, cette anthologie compose un vaste ensemble d’histoires venues du plus profond des âges de nos régions, mais aussi de l’inconscient de ses populations.

Et autant le dire, on sort totalement soufflé par la découverte d’un tel univers. Même si certaines histoires sont forcément redondantes, on est émerveillé par la qualité des récits proposées, leur poésie, leur concision et l’inventivité perpétuelle dont elles sont une preuve évidente.
Foisonnement des noms, variation des sujets, on se dit qu’à travers leurs contes les habitants de ce pays ont lancé un grand hommage au Petit Peuple qui habite nos rêves et nos cauchemars.

Plutôt que nous attader en vaines palabres admiratives, il nous a semblé que la Yozone avait tout intéret à vous offrir cette petite interview de Marie-Charlotte Delmas afin que vous en sachiez plus sur ce Grand Œuvre et surtout sur son architecte inspirée !

Marie-Charlotte Delmas : L’interview Yozone !

Yozone : Marie-Charlotte Delmas, qui êtes-vous ?
Marie-Charlotte Delmas : « Ca commence fort !!! Il est vraiment difficile de se définir soi-même, alors je vais essayer de le faire le plus simplement possible. Tout d’abord, j’ai un « vrai » métier, que jamais je n’ai regretté d’avoir choisi. Bibliothécaire, je suis actuellement Conservateur en chef de la médiathèque de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. J’ai aussi une grande passion depuis l’enfance, celle des croyances populaires dans le domaine du surnaturel. Enfin, j’ai une formation en Lettres Modernes, et en sémiologie. Au milieu de tout cela, il y a les livres : ceux qui sont au cœur de mon métier, ceux que je lis et ceux que j’écris, dans un même but, la quête du sens. Quoi de plus naturel pour une sémiologue ! Sens des croyances, sens de la vie sur cette petite planète bleue.
Ajoutez à tout cela une insatiable curiosité, une disposition à l’émerveillement, une grande capacité de travail, du roman à la BD, en passant les anthologies et les essais, et vous ne serez pas loin de me connaître. J’ai oublié… un profond amour pour les petits êtres qui peuplent ce monde : les humains ».

Y. : Pour se lancer dans une telle aventure, il faut :
- a : Être passionnée par le sujet depuis très longtemps (sa plus tendre enfance ?) ?
- b : Un peu folle (voire beaucoup) ?
- c : Ne pas se douter de l’ampleur de la tâche ?
- d : Tout cela et bien d’autres choses !
M-C. D. : « Sûrement un peu de tout ça… et bien d’autres choses, naturellement ».

Y. : Trois tomes à l’arrivée, aviez-vous envisagé un autre découpage à un moment donné (plus de volumes, moins) ?
M-C. D. : « Non. Le découpage en trois tomes s’est imposé immédiatement car il permettait d’explorer les trois thèmes principaux du surnaturel dans les croyances populaires ».

Y. : De même, le découpage interne (par région) était-il pensé sur ce principe dès le départ du projet ou d’autres solutions furent-elles envisagées ?
M-C. D. : « Travaillant à partir de documents écrits et collectés à une période où les régions n’existaient pas, j’ai plus l’habitude de travailler à partir des anciennes provinces. C’est mon éditrice qui a proposé un découpage régional, plutôt que provincial, plus lisible pour des lecteurs d’aujourd’hui. Et je pense qu’elle a eu raison ».

« Cela fait des années que je moissonne des contes, des légendes, des superstitions au fil de mes recherches »

Y. : Combien de mois ou d’années de travail ?
M-C. D. : « Quant on aime on ne compte pas !!! Je n’en ai aucune idée parce que cela fait des années que je moissonne des contes, des légendes, des superstitions au fil de mes recherches, de mes lectures et de mes découvertes. Et cela, bien avant ce projet de grand légendaire.

Y. : Quels ont été vos principales sources d’approvisionnements en « histoires » ?
M-C. D. : « J’ai pioché ces histoires dans des livres et dans des revues de folklore des XVIIIe et XIXe siècles ».

Y. : Avez-vous du rejeter de nombreuses versions d’un même récit ? Si oui, sur quels critères se sont faits ces choix ?
M-C. D. : « Oui, car on retrouve pas mal de récits presque identiques d’une province à l’autre. J’ai tenté autant que j’ai pu d’équilibrer les différentes régions. Par ailleurs, j’ai choisi les versions qui me semblaient les moins remaniées par rapport à la tradition, les plus justes ou les plus fidèles aux croyances d’une époque ».

Y. : L’oralité est un des éléments moteurs du développement du conte à travers les âges. Pensez-vous que notre société occidentale permet encore cette créativité quasi collective ?
M-C. D. : « Il faut remettre les choses à leur place, en ce qui concerne les contes populaires et leur transmission. Ils agrémentaient jadis des moments de détente ou de travail. La veillée traditionnelle n’était pas une soirée entre amis. C’était le moyen, pour une communauté, d’économiser la chandelle et le bois en se retrouvant, le soir, pour travailler ensemble (filer, déboguer les châtaignes, égrainer le maïs…). À l’occasion, après avoir raconté les derniers potins du village, chanté… un paysan, plus doué que les autres, prenait la parole et racontait des histoires.
Aujourd’hui, la vie a changé. Il y a toujours des conteurs, des « artistes » qui se produisent en spectacle. Quant à la créativité collective, je trouve que les jeux de rôle en sont un bel exemple ».

Y. : Votre avis sur les « urban legend » maintes fois utilisées par le cinéma fantastique hollywoodien ?
M-C. D. : « Je n’aime pas les films violents, les slashers et autres boucheries… Je préfère les films simplement inquiétants, au scénario bien ficelé. Je me distrais aussi avec quelques séries américaines du type « Smallville » ou « Poltergeist » !!!

Y. : Votre histoire préférée ? La plus émouvante ? La plus terrifiante ?
M-C. D. : « Je suis comme un cuisinier qui concocte différents plats pour ses clients. Je prépare les aliments, je cuis, je goutte, j’assaisonne… bref, quand j’ai fini ma cuisine, je n’ai plus faim ou bien je mange un sandwich, et je passe à autre chose. Je ne peux donc pas répondre à votre question ».

« Changer de regard et repartir en terre d’enfance. Voilà ce que je souhaite à mes lecteurs »

Y. : Il m’arrive régulièrement de lire certaines de ces histoires à mes enfants ? Suis-je normal ? Aviez-vous le secret espoir que votre trilogie puisse permettre ces moments de partage ?
M-C. D. : « Je pense que les histoires que j’ai publiées sont bien moins terrifiantes que ce qu’ils peuvent voir à la TV. Alors, grand merci d’en faire profiter vos enfants. Mon secret espoir en publiant ces livres était que chacun puisse y glaner des éléments susceptibles d’enchanter son quotidien.
Découvrir qu’un lieu, un village, un bois, que l’on fréquente ou dans lequel on a passé des vacances, un lieu que l’on croyait « ordinaire », a été jadis peuplé de fées ou de lutins… Changer de regard et repartir en terre d’enfance. Voilà ce que je souhaite à mes lecteurs. Trouver le pays des merveilles de ce côté-ci du miroir ».

Y. : Le classement thématique et régional que vous avez adopté vous a-t-il permis de remarquer, de noter ou de tomber sur des pistes ou coïncidences troublantes ?
M-C. D. : « Cette question est à retourner comme une chaussette… En fait, les pistes et coïncidences troublantes, je les avais notées avant, et elles ont eu une influence sur mes critères de choix. C’est la raison pour laquelle on trouve quelques histoires identiques dans plusieurs régions, afin que le lecteur puisse lui aussi faire son chemin sur ces pistes intéressantes ».

Y. : Le résultat final correspond-il à vos attentes ?
M-C. D. : « Je ne suis jamais totalement satisfaite d’un livre. Dès qu’il est terminé et parti sous presse, je me dis que j’aurais dû mettre telle ou telle histoire, évoquer tel ou tel personnage. C’est par exemple le cas pour « Gargantua » pour lequel j’avais beaucoup de faits traditionnels mais pas vraiment de récit paysan à inclure dans le premier tome. Je continue à chercher, me disant que je pourrais peut-être l’inclure dans une réédition…si réédition il y a ! »

Y. : Si c’était à refaire, y-a-t-il vraiment une chose que vous modifieriez absolument ?
M-C. D. : « Globalement, cette trilogie me convient. Mais comme je l’ai dit ci-dessus, si un jour on me donne l’occasion de retravailler sur le contenu, j’aimerais bien (si je les trouve) y insérer quelques histoires supplémentaires ».

Y. : Toute petite, Marie-Charlotte. Delmas a-t-elle été nourri à la série des « Contes et Légendes » de Nathan et que pense-t-elle de cette collection rétrospectivement ?
M-C. D. : « J’ai beaucoup lu dans mon enfance, mais, bizarrement, pas de contes, ni de légendes. Je pense que ce fut un bon travail, car les auteurs qui ont écrits ou réécrits les histoires sont, pour la plupart, restés très proches des légendes traditionnelles ».

Y. : Quels sentiments avez-vous éprouvé le jour où vous avez découvert les premiers exemplaires imprimés de votre travail ?
M-C. D. : « Lorsque les premiers exemplaires me sont parvenus, j’ai trouvé qu’ils étaient beaux, et j’étais bien sûr très contente de les tenir entre les mains. Mais c’est lorsque je termine un livre et que j’envoie mon manuscrit à l’éditeur que j’éprouve un réel sentiment de bonheur. Pour moi, le « livre » est fini… et je passe au suivant ».

EN SAVOIR PLUS SUR « LE GRAND LÉGENDAIRE DE FRANCE » ET SUR LA BIBLIOGRAPHIE DE MARIE-CHARLOTTE DELMAS

Le Grand Légendaire de France (Omnibus)
- Le coffret des trois volumes : 77,50€
- Tome 1 Fées et lutins : Les esprits de la nature : 26€
- Tome 2 Fantômes et revenants : Le mondes de l’au-delà : 25,50€
- Tome 3 Démons et sorciers : Les créatures du diable : 26€
- Éditeur : Omnibus

SITES INTERNET
Marie-Charlotte Delmas
Festival Zone Franche de Bagneux
Omnibus
Claude Seignolle

BIBLIOGRAPHIE de Marie-Charlotte Delmas

Essais
- « Claude Seignolle, Le Meneur de contes », éd. Le Temps qu’il fait, 1994
- « Les aventures de Robinson Crusoé : parcours éditorial d’une œuvre littéraire », éd. Association d’Animation de la médiathèque d’Issy-les-Moulineaux, 1995
- « Seignolle, le Bateleur de chimères, » éd. Jacques Hesse, 1998

Préfaces et articles
- Préface des quatre tomes de « Contes, récits et légendes des pays de France », rassemblés par Claude Seignolle, éd. Omnibus, 1997
- “Le petit monde de Claude Seignolle” in « Otrante, » éd. Groupe d’étude des esthétiques de l’étrange et du fantastique, 1998.
- “Qu’est-ce la littérature ?” in « Littérature contemporaine en bibliothèque », Cercle de la librairie, 2001.
- “Le fantastique paysan” in « Seignolle », Actes du Colloque de Cerisy, Hesse, 2001
- “De mythes, de légendes"… » revue « Grands Reportages », 2003

Folklore, contes, superstitions populaires
- « Croyances et superstitions des pays de France », éditions du Chêne, 2003
- « Contes et légendes de nos provinces », Reader’s Digest, 2003
- « Sur la trace des fées », Glénat, 2004
- « Fées et lutins : les êtres de la nature, » Le grand légendaire de France, t1, Omnibus, 2005
- « Revenants et fantômes : le monde de l’au-delà », Le grand légendaire de France, t2, Omnibus, 2006 (sortie septembre)
- « Le Grand livre des contes populaires de France », France-Loisirs, 2006 - Omnibus, 2007
- « Démons et sorciers : le monde du diable », Le grand légendaire de France, t3, Omnibus, 2007
- « Les Contes de Perrault dans tous leurs états », avec Annie Colognat, Omnibus 2007

Ouvrages pour la jeunesse
Romans et nouvelles (Syros)
- « La ferme du diable et autres récits fantastiques », 1999
- « La Malédiction des pendus », 2000
- « Le Mystère du Puits-qui-parle », 2000
- « Histoires sorcières de Claude Seignolle », 2000 (rééd.)
- « La Vengeance du meneur de rats », 2001
- « Le Maudit-aux-Oies », 2002

Ouvrages de folklore pour les enfants illustrés par Max Cabane (Syros)
- « Petit lexique des sorcières », 2000
- « Petit lexique du fantastique », 2000
- « Petit lexique des fantômes », 2000
- « Petit lexique des vampires », 2000
- « Petit lexique des superstitions », 2001
- « Petit lexique des superstitions de Noël », 2001

Bandes dessinées : scenarii
- « Réveillon sur l’Olympe » (dessin de Max Cabanes) pour l’album collectif « Demain l’an 3000 », chez Albin Michel, 2000
- « Papa » (dessin de Max Cabanes) pour l’album collectif d’« Hommage à Roba » chez Dargaud, 2000
- « Le retour des veilleurs, Les miroirs du temps », t1, (dessin de Pierre Wininger), Glénat, 2003, collection « La Loge Noire »
- « La maison Winchester, » album de BD dessiné par Max Cabanes pour les éditions Glénat, collection « La Loge Noire », 2004
- « Rennes-le-Château », série en 5 tomes (sortie tome 1 et 2 en 2008)


Stéphane Pons
10 février 2008


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Un remarquable travail sur l’imaginaire populaire à s’offrir d’urgence (coffret 3 volumes, Omnibus).



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Et l’on doit beaucoup à Marie-Charlotte Delmas, passionnée et spécialiste du sujet.



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